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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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qui courent. Nous sommes obligés de nous servir d’un savon vert gluant parce que nous n’avons plus de shampooing, et en plus Mans n’arrive plus à se démêler les cheveux correctement, car le peigne familial n’a plus que dix dents.
     
    Bien à toi,
    Anne
     
     
     
    DIMANCHE 2 MAI 1943
     
    Chère Kitty,
     
    En pensant de temps à autre à nos conditions de vie ici, l’en arrive le plus souvent à la conclusion que, par rapport aux autres juifs qui ne se cachent pas, nous sommes ici dans une sorte de paradis, mais que plus tard, quand tout sera redevenu normal, j’aurai du mal à imaginer que nous, qui à la maison fumes toujours si proprets, étions, on peut le dire, tombés si bas. « Tombés », dans le sens du mot qui se rapporte aux bonnes manières. Par exemple, depuis que nous sommes ici, nous avons sur notre table une toile cirée qui, à force d’être utilisée, n’est généralement pas des plus propres. Souvent, j’essaie bien de lui redonner un peu de lustre, mais avec un torchon, plus trous que torchon, et qui a été neuf longtemps avant que nous nous cachions, on n’est pas beaucoup plus avancé, même en frottant de toutes ses forces. Les Van Daan dorment depuis le début de l’hiver sur un drap de flanelle que l’on ne peut pas laver ici, parce que la poudre de savon avec ticket est beaucoup trop rare et en plus très mauvaise, Papa porte un pantalon effiloché et sa cravate présente aussi des signes d’usure. Et aujourd’hui, la gaine de Maman a craqué de vieillesse et on ne peut plus la réparer, tandis que Margot se promène avec un soutien-gorge trop petit de deux tailles !
    Maman et Margot ont passé tout l’hiver avec trois tricots à elles deux et les miens sont si petits qu’ils ne m’arrivent même pas au nombril ! Bien sûr, ce sont des choses sur lesquelles on peut passer, mais pourtant, je me demande parfois avec horreur comment nous allons faire, nous qui vivons et nous débrouillons avec des objets usés, depuis ma culotte jusqu’au blaireau de Papa, pour retrouver plus tard notre position d’avant-guerre.
     
     
     
    DIMANCHE 2 MAI 1943
     
    Les sentiments sur la guerre à l’Annexe :
    M. Van Daan. Cet honorable personnage a, de notre avis à tous, une grande clairvoyance politique. Mais nous prédit tout de même qu’il nous faudra séjourner ici jusqu’à fin 43. C’est bien long, mais encore supportable. Mais qui nous donne l’assurance que cette guerre, qui ne cause que dommages et chagrin, sera terminée à ce moment-là ? Et qui peut nous donner l’assurance qu’entre-temps, il ne nous sera rien arrivé, à nous et aux complices de notre clandestinité ? Personne, bien sûr ! Et c’est pourquoi nous vivons chaque jour dans une grande tension. Tension due à l’attente et à l’espoir mais aussi à la peur, lorsque l’on entend du bruit dans la maison ou dehors, quand il y a beaucoup de tirs ou que le journal publie de nouvelles « notifications », car il peut arriver chaque jour que plusieurs de nos complices soient obligés de se cacher eux-mêmes avec nous. « Clandestinité » est devenu un mot tout à fait courant. Combien de gens n’entrent-ils pas dans la clandestinité ! Ils ne représentent naturellement qu’un petit pourcentage et pourtant, plus tard, nous serons sûrement étonnés du nombre de personnes de bonne volonté aux Pays-Bas, des juifs et aussi des chrétiens en fuite, avec ou sans argent. Et c’est incroyable aussi, le nombre de gens dont on entend dire qu’ils ont une fausse carte d’identité.
    Mme Van Daan. Quand cette belle dame (comme elle seule aime à le croire) a appris qu’il était moins difficile qu’autrefois de se procurer une fausse carte d’identité, elle a proposé immédiatement d’en faire faire pour nous tous.comme si c’était une broutille et que l’argent pousse sur le dos de Papa et de M. Van Daan.
    Quand Mme Van Daan sort les pires énormités, Putti saute souvent au plafond. Mais ça se comprend parce qu’un jour Kerli (1) dit : « Plus tard, je vais me faire baptiser » et le lendemain, c’est : « J’ai toujours voulu aller à Jérusalem, car je ne me sens bien qu’en compagnie de juifs ! »
    Pim est un grand optimiste, mais il a toujours de bonnes raisons à donner.
    M. Dussel, lui, invente tout à sa fantaisie, et quand quelqu’un veut contredire son altesse, il se fait mal recevoir. Je crois que M. Albert Dussel a l’habitude de se faire écouter

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