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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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estime, il est déjà à peu près tombé en dessous de zéro. Tout ce qu’il dit sur la politique, l’histoire, la géographie et d’autres sujets est tellement ridicule que j’ose à peine le répéter. Hitler disparaîtra dans l’Histoire. Le port de Rotterdam est plus grand que celui de Hambourg. Les Anglais sont des imbéciles, de ne pas ensevelir en ce moment l’Italie sous les bombes, etc.
    Nous avons eu un troisième bombardement, j’ai serré les dents et je me suis exercée au courage. Mme Van Daan, qui a toujours dit « qu’ils viennent », « mieux vaut une fin effrayante que pas de fin du tout », est maintenant la plus peureuse de nous tous, ce matin elle tremblait comme un roseau et a même éclaté en sanglots. Son mari, avec qui elle vient de faire la paix après une semaine de dispute, l’a consolée ; le spectacle suffisait presque à me rendre sentimentale. Avoir des chats ne présente pas que des avantages, et Muschi vient de le prouver sans équivoque. Toute la maison est infestée de puces, le fléau s’étend de jour en jour.
    M. Kleiman a semé de la poudre jaune dans les moindres recoins, mais les puces s’en moquent. Cela nous rend tous nerveux, on a sans arrêt l’impression que quelque chose vous grattouille le bras, la jambe ou d’autres parties du corps, aussi beaucoup de membres de la maisonnée font des exercices de gymnastique pour se regarder derrière le cou ou la jambe tout en restant debout. Nous voyons maintenant les conséquences du manque d’exercice ; nous sommes beaucoup trop raides pour bien tourner le cou. Il y a longtemps que la vraie gymnastique a disparu de nos occupations.
     
    Bien à toi,
    Anne
     
     
     
    MERCREDI 4 AOÛT 1943
     
    Chère Kitty,
     
    Depuis plus d’un an que nous sommes des Annexiens, tu connais assez bien notre vie, mais je ne peux pas te renseigner sur tout ; la différence avec ce qui se passe à des époques normales et chez des gens normaux est tellement grande. Cependant, pour te permettre de jeter un regard plus précis sur notre vie, je vais désormais te décrire de temps en temps une portion d’une journée ordinaire. Aujourd’hui, je commence par la soirée et la nuit :
    A neuf heures du soir commence à l’Annexe l’agitation du coucher, et c’est vraiment toujours une agitation sans nom. On déplace les chaises, on retourne la literie, on plie des couvertures, rien ne reste à sa place de la journée. Je dors sur le petit divan, qui a moins de 1,50 m de long. Ici, des chaises doivent donc servir de rallonge ; un édredon, des draps, des oreillers, des couvertures, tous tirés du lit de Dussel, où ils résident dans la journée.
    A côté, on entend d’horribles craquements, le lit en accordéon de Margot ; autres couvertures de divan et oreillers, le tout pour rendre un peu plus confortables les lattes de bois. En haut, on croirait entendre le tonnerre, ce n’est que le lit de Madame. Il faut savoir qu’on le pousse vers la fenêtre pour permettre à son altesse à la liseuse rose de recevoir d’agréables picotements dans ses petites narines.
    Neuf heures : après Peter, j’entre dans la salle de bains où a lieu une toilette approfondie, et il n’est pas rare (seulement pendant les mois, les semaines ou les jours de grande chaleur) qu’une petite puce soit entraînée dans l’eau du lavage. Ensuite, se laver les dents, se boucler les cheveux, se faire les ongles, manier de petits cotons imbibés d’eau oxygénée (sert à décolorer les poils noirs de moustache), le tout en une petite demi-heure.
    Neuf heures et demie : peignoir de bain passé à la va-vite, savon dans une main, pot, épingles à cheveux, culotte, bigoudis et cotons dans l’autre, je sors en coup de vent de la salle de bains, avant d’être rappelée le plus souvent à cause des cheveux dont les courbes gracieuses, mais pas très appétissantes pour mon successeur, déparent le lavabo.
    Dix heures : fenêtres calfeutrées, bonne nuit. Dans la maison, un bon quart d’heure durant, craquements de lits et soupirs de ressorts fatigués, puis le silence se fait, si du moins les voisins du dessus ne se disputent pas sur l’oreiller.
    Onze heures et demie : la porte de la salle de bains grince. Un mince rai de lumière tombe dans la chambre. Chaussures qui craquent, un grand manteau, encore plus grand que l’homme qui le porte… Dussel revient de son travail nocturne dans le bureau de Kugler. Dix minutes de traînements de

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