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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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cinq heures je suis allée chercher des pommes de terre, le cœur plein d’espoir d’une nouvelle rencontre, mais j’étais encore dans la salle de bains, en train de me crêper les cheveux, lorsqu’il est descendu voir Moffi.
    Je voulais aider Madame et je suis allée m’installer là-haut avec mon livre, mais soudain, j’ai senti les larmes monter de nouveau et je me suis hâtée de redescendre aux toilettes, en prenant au passage le petit miroir à main. Et me voilà donc, longtemps après avoir fini, assise tout habillée sur les toilettes tandis que mes larmes laissaient des taches sombres sur le rouge de mon tablier, et que je ressentais une profonde tristesse.
    Je pensais à peu près : « Oh, de cette façon je ne toucherai jamais Peter, peut-être qu’il ne me trouve pas gentille du tout et qu’il n’a absolument aucun besoin de se confier ! Peut-être qu’il ne pense plus jamais à moi que superficiellement. Oh, je vais devoir continuer seule, sans confident et sans Peter ! Et peut-être bientôt, sans espoir, sans consolation et sans attente d’aucune sorte. Oh, si je pouvais blottir ma tête contre son épaule et ne pas me sentir aussi désespérément seule et abandonnée ! Qui sait, il ne s’intéresse peut-être pas du tout à moi et regarde les autres avec la même douceur, je me suis probablement imaginé que c’était pour moi. Oh Peter, si seulement tu pouvais m’entendre ou me voir, mais moi je ne pourrais pas supporter la vérité, qui est peut-être si décevante ! »
    Un moment après, j’avais retrouvé l’espoir et j’étais pleine d’attente, alors que les larmes continuaient à couler en moi.
     
    Bien à toi,
    Anne M. Frank
     
     
     
    DIMANCHE 20 FEVRIER 1444
     
    Ce qui chez d’autres gens se passe la semaine a lieu à l’Annexe le dimanche. Quand d’autres gens mettent leurs beaux habits et se promènent au soleil, nous, ici, nous sommes occupés à frotter, à balayer et à laver.
    Huit heures  : en dépit des faiseurs de grasse matinée, Dussel, lui, se lève à huit heures. Va dans la salle de bains, puis en bas, remonte, et suit alors dans la salle de bains une grande toilette qui dure une heure entière.
    Neuf heures et demie  : on allume les poêles, on ôte le camouflage, et Van Daan va dans la salle de bains. L’une des épreuves du dimanche matin est que, de mon lit, j’ai vue en plein sur le dos de Dussel quand il fait sa prière. Chacun s’étonnera si je dis qu’un Dussel en train de prier est un spectacle affreux. Non qu’il se mette à pleurer ou à faire du sentiment, oh non, mais il a l’habitude de se balancer pendant un quart d’heure, je dis bien un quart d’heure, en se penchant alternativement sur les talons et la pointe des pieds. En arrière, en avant, en arrière, en avant, ça n’en finit pas et si je ne ferme pas les yeux, j’en ai presque le tournis.
    Dix heures et quart  : Van Daan siffle un petit coup : la salle de bains est libre. Chez nous, les premiers visages ensommeillés émergent des oreillers. Puis tout va vite, vite, vite. Tour à tour, Margot et moi allons aider à la lessive. Comme il fait plutôt froid en bas, un pantalon long et un fichu ne sont pas de trop. Entre-temps, Papa s’affaire dans la salle de bains : à onze heures, Margot s’y rend à son tour (ou moi), et tout le monde est propre.
    Onze heures et demie  : petit déjeuner. Je ne vais pas m’attarder sur ce sujet, car on parle déjà bien assez de nourriture sans moi.
    Midi et quart  : tout le monde s’en va de son côté. Papa, en salopette, est bientôt à genoux par terre et brosse le tapis avec tant d’énergie que la pièce est enveloppée dans un gros nuage de poussière. Le sieur Dussel fait les lits (en se trompant naturellement) et, ce faisant, sifflote toujours le même concerto pour violon de Beethoven. On entend Maman traîner les pieds au grenier où elle étend le linge. M. Van Daan met son chapeau et disparaît vers des régions inférieures, suivi de Peter et de Muschi, Madame enfile un grand tablier au pan tombant, une veste de laine noire et des caoutchoucs sur ses chaussures, se noue une grosse écharpe de laine rouge sur la tête, prend un ballot de linge sale sous le bras et, après un dernier petit salut de lavandière savamment étudié, descend à la lessive. Margot et moi faisons la vaisselle et rangeons la pièce pendant ce temps.
     
     
     
    MERCREDI 23 FÉVRIER 1944
     
    Très chère Kitty,
     
    Depuis

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