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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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comme de vrais amis, parlant de Papa, de la connaissance des autres et de toutes sortes de sujets, je ne sais plus quoi moi-même.
    Je ne l’ai quitté qu’à cinq heures et quart, parce que Bep arrivait.
    Le soir il a dit encore une chose que j’ai trouvée belle, nous parlions d’une star de cinéma dont je lui avais donné la photo qui est accrochée dans sa chambre depuis au moins un an et demi. Il l’aimait beaucoup et je lui ai proposé de lui donner d’autres photos de stars. « Non, répondit-il, je préfère en rester là, celle-ci me suffit, je la regarde tous les jours et elle est devenue mon amie ! »
    Maintenant je comprends beaucoup mieux pourquoi il serre toujours Muschi contre lui. Il a naturellement besoin de tendresse lui aussi. Encore une chose qu’il a dite et que j’ai oublié de noter. Il a dit : « Non, je ne connais pas la peur, sauf quand j’ai quelque chose qui ne va pas, mais je commence déjà à m’en défaire. »
    Ce sentiment d’infériorité, chez Peter, va vraiment très loin. Par exemple, il croit toujours qu’il est très bête, et nous, très intelligents. Quand je l’aide en français, il me remercie, plutôt mille fois qu’une. Un jour, je vais tout de même lui dire carrément : « Arrête tes bêtises, toi tu connais l’anglais et la géographie beaucoup mieux ! »
     
    Bien à toi,
    Anne
     
     
     
    JEUDI 17 FÉVRIER 1944
     
    Chère Kitty,
     
    Ce matin, j’étais en haut et j’avais promis à Madame de lui lire quelques petites histoires. J’ai commencé par le rêve d’Éva, qui l’a bien amusée, puis j’ai lu quelques anecdotes de l’Annexe, qui les ont fait éclater de rire. Peter a écouté aussi en partie (je veux dire, seulement les anecdotes) et m’a demandé de venir une fois le retrouver pour lui en lire plus. J’ai pensé pouvoir tenter ma chance, je suis allée chercher mon journal et lui ai fait lire le passage entre Cady et Hans sur Dieu. Je suis incapable de dire quel genre d’impression cela lui a fait, il a dit quelque chose que je ne me rappelle plus, pas sur la qualité, mais sur la pensée elle-même. Je lui ai dit que je voulais seulement montrer que je ne me contentais pas d’écrire des choses drôles. Il a hoché la tête, puis a quitté la pièce. Je me demande s’il va m’en reparler.
     
    Bien à toi,
    Anne M. Frank
     
     
     
    VENDREDI 18 FÉVRIER 1944
     
    Très chère Kitty,
     
    Chaque fois que je vais là-haut, à n’importe quel moment, c’est toujours dans le but de le voir. Ma vie ici s’est donc beaucoup améliorée, en fait, parce qu’elle a retrouvé un but et que je peux prendre plaisir à quelque chose.
    Au moins, l’objet de mon amitié est toujours sous le même toit et je n’ai pas à craindre de rivales (à part Margot). Ne va surtout pas penser que je suis amoureuse, car ce n’est pas vrai, mais j’ai constamment le sentiment qu’entre Peter et moi peut se développer quelque chose de beau, quelque chose qui est l’amitié et qui donne confiance. Dès que je le peux, je vais le rejoindre, et ce n’est plus comme avant, où il ne savait pas trop quelle contenance prendre avec moi, au contraire, je suis déjà presque sortie qu’il me parle encore. Maman n’aime pas que j’aille là-haut, elle dit toujours que j’ennuie Peter et que je devrais le laisser tranquille. Elle ne comprend donc pas qu’en plus, j’ai de l’intuition ?
    Toujours, lorsque j’entre dans la petite chambre, elle me lance un drôle de regard. Quand je redescends de là-haut, elle me demande où j’ai été. C’est triste à dire, mais à la fin je vais me mettre à la détester !
     
    Bien à toi,
    Anne M. Frank
     
     
     
    SAMEDI 19 FÉVRIER 1944
     
    Chère Kitty,
     
    Nous revoilà samedi et cela veut tout dire. La matinée a été calme, les boulettes de viande m’ont occupée près d’une heure, ce qui m’a permis de rester là-haut, mais « lui », je ne lui ai parlé qu’un instant.
    A deux heures et demie, quand ils furent tous montés, soit pour lire, soit pour dormir, j’ai pris la couverture cl me suis retirée en bas et installée au bureau pour lire ou pour écrire. Je n’ai pas tenu longtemps, alors j’ai craqué, j’ai laissé ma tête retomber sur mon bras et j’ai éclaté en sanglots. Les larmes coulaient et je me sentais profondément malheureuse. Oh, si seulement « il » était venu me consoler.
    Il était déjà quatre heures lorsque je suis remontée en haut, à

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