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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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regarder l'oratoire et le larron n'avait pu que s'émerveiller devant la beauté des lieux. C'était une véritable église à l'intérieur de l'église. Construit contre le mur du transept nord, trois treillis de chêne aux sculptures compliquées pourvus de petites ouvertures latérales le séparaient de la nef sur trois côtés. La façade de la chapelle rejoignait le toit du transept ; elle était percée de deux petites fenêtres ovales au-dessus d'une étroite porte en bois, fermée et verrouillée. Frère Simon, le sacristain, lui avait permis de jeter un coup d'œil, à travers la grille, sur la relique sacrée dans son vase suspendu à une chaîne d'argent.
    — La légende prétend, avait murmuré frère Simon, que c'est le Lacrima Christi, un magnifique rubis formé quand Notre-Seigneur a été flagellé par les Romains : des larmes de sang sont tombées au sol, et se sont, par miracle, figées en cette pierre étincelante.
    Laus Tibi, bouche bée, s'était contenté de hocher la tête.
    Oh, pouvoir s'en emparer ! Le rubis avait la taille d'un gros œuf de pigeon. Les bons frères l'avaient placé dans un réceptacle rouge sang et doré qui, lui, pendait au bout d'une longue chaîne d'argent. Elle descendait du toit concave de la chapelle au beau milieu de l'espace compris entre la porte de celle-ci et l'autel installé contre le mur du fond. Le récipient, en forme de C, n'avait que trois côtés afin qu'on puisse bien voir la relique. Une boucle de métal, en haut, servait à le fixer au solide crochet d'argent au bout de la chaîne.
    — Pourquoi se trouve-t-il là ? avait questionné Laus Tibi à voix basse.
    — Il appartient à Sir Walter Maltravers.
    Tout en mâchonnant ses gencives, le volubile sacristain, prenant en pitié le pauvre félon qui avait cherché asile en cette église, avait fourni force explications. Quand frère Simon l'avait aperçu, si pitoyable à l'entrée du jubé, il l'avait invité à s'avancer. L'autre franciscain ne s'était pas montré aussi amical : il était allé s'agenouiller sur son prie-Dieu et avait caché son visage osseux dans ses mains comme pour ne plus voir Laus Tibi.
    — Connaissez-vous Sir Walter Maltravers ? avait chuchoté le sacristain.
    Le fugitif avait répondu par un signe de dénégation.
    — C'est le propriétaire d'Ingoldby Hall, au sud de Cantorbéry. C'est un seigneur très riche, un proche ami du roi. Dans sa jeunesse, Sir Walter faisait partie de la garde personnelle de l'empereur à Constantinople, avait- il ajouté.

    Laus Tibi avait plissé les yeux et acquiescé comme s'il comprenait, bien qu'il ignorât tout de l'empereur et de cette cité au nom si long.
    — Le Lacrima Christi ? avait-il insisté d'un voix rauque.
    Comment est-il là ?
    — Oh, l'impératrice Hélène, avait continué frère Simon, la mère du grand Constantin, l'a découvert en Palestine et l'a rapporté dans la ville de son fils. Mais quand les Turcs ont pris Constantinople, il y a environ quarante ans, Sir Walter a dû fuir et, plutôt que de laisser une si précieuse relique aux mains des Infidèles, il l'a emportée avec lui.
    — Mais que fait-elle céans ? avait répété Laus Tibi.
    — Sir Walter a acquis Ingoldby Hall il y a trois ans, à l'époque où la guerre entre les Lancastre et les York a pris fin. Le prieur Barnabas a ouï parler du Lacrima Christi et a demandé à Sir Walter de le confier au prieuré afin de l'exposer à la vénération publique.
    « Oui, avait pensé Laus Tibi, et d'escroquer ainsi les pèlerins plus encore que je ne le fais ! »
    — Est-il en sécurité ?
    — Regardez donc autour de vous.
    La sèche repartie de frère Simon disait assez qu'il regrettait quelque peu d'avoir proposé au larron de voir le trésor. Le joyau était tentant, mais bien gardé. La chapelle était protégée par ses hauts treillis de chêne épais et ciré et son toit dépourvu d'ouverture. On ne pouvait y accéder que par la lourde porte de chêne, close par des verrous et une serrure. Un voleur aux abois pouvait tenter de s'introduire juste au-dessus de l'autel, par le vitrail, qui représentait saint Michel précipitant Satan dans les flammes de l'Enfer, mais la fenêtre était pourvue de plombures renforcées, et qui oserait briser une verrière si splendide ? Le bruit alerterait le prieuré et, si le malandrin pouvait bien entrer, il lui serait plus difficile de sortir. De robustes frères lais, armés de solides gourdins, faisaient des rondes dans le

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