Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
Elle devait être là depuis une
éternité.
Elle
tenta de se lever, en vain. Elle était attachée. Des cordes rugueuses
entaillaient la chair tendre de ses poignets et de ses chevilles. Elle se
débattit, mais les cordes s’enfoncèrent davantage dans sa peau, la mordant
cruellement. Des larmes coulèrent sur ses joues. Vaincue par la souffrance,
elle renonça à se défaire de ses liens et demeura immobile.
Une
odeur de terre mouillée, fade et écœurante, lui agaçait les narines. Lentement,
très lentement, ses paupières se soulevèrent. La douleur explosa alors dans son
crâne, mais elle tint bon. Elle voulait voir où elle était.
D’abord,
elle ne distingua rien d’autre qu’un rideau noir. Peut-être lui avait-on bandé
les yeux ? Un frisson d’angoisse lui griffa la nuque. Non. Déjà, ils
s’habituaient à l’obscurité, et elle aperçut des points lumineux au-dessus
d’elle. Des étoiles. Elle se trouvait à l’extérieur… mais où ?
Avec
précaution, elle pivota la tête à gauche, puis à droite, et cet effort lui
arracha un gémissement. Sa tête était entourée de bois. Elle pointa le pied,
qui heurta du bois là encore. Elle était couchée dans une longue caisse sans
couvercle. Qu’est-ce que cela signifiait ?
Et soudain, elle
comprit.
Son cœur s’affola.
Un cercueil.
Elle était dans un
cercueil.
Sous
l’effet du choc, son cerveau embrumé retrouva d’un coup toute sa lucidité. La
respiration saccadée, elle jeta des regards éperdus autour d’elle. Se
pouvait-il qu’elle fût dans un cimetière ? Un silence sépulcral recouvrait
les alentours, à peine troublé par les hululements lointains d’une chouette.
Elle était seule… Vulnérable.
Subitement,
une haute silhouette se dressa au-dessus d’elle, et elle dut mobiliser toute sa
volonté pour ne pas hurler de frayeur. Elle ne devait surtout pas céder à la
panique.
L’homme
la fixa longuement, sans un mot. Elle ne pouvait distinguer ses traits, mais sa
silhouette lui paraissait familière, très familière. Lorsqu’il parla, ses
soupçons furent confirmés, et sa peur se mêla alors d’incrédulité.
– Nous
allons pouvoir discuter maintenant, déclara-t-il avec calme.
Parfaitement
maîtrisée, sa voix ne dénotait aucune émotion particulière. On eût dit qu’il
assistait à un dîner mondain.
Elle
comprenait à présent. Ce verre de vin au goût amer qu’il lui avait offert au dîner
devait contenir un narcotique quelconque. Mais pourquoi ? Cela n’avait
strictement aucun sens…
– Que… que se
passe-t-il ?
Les
mots franchissaient difficilement le seuil de ses lèvres gercées, et sa voix
tremblait. Elle s’en voulut de cet accès de faiblesse.
– Que
signifie cette plaisanterie ? s’enquit-elle d’un ton plus ferme.
Détachez-moi immédiatement !
– N’y
comptez pas, répliqua l’homme très bas. Nous sommes ici pour réaliser votre
pire cauchemar…
Elle
le vit sourire dans la pénombre, et un nouveau frisson la parcourut. L’homme le
remarqua.
– Vous
êtes moins sereine que d’habitude, fit-il observer avec une ironie féroce. Où
est passé votre sang-froid coutumier ?
Piquée
au vif, elle essaya de relever la tête pour l’affronter du regard.
– Vous
êtes devenu fou, siffla-t-elle, et durant quelques secondes sa colère fut plus
forte que sa crainte. Comment osez-vous me traiter ainsi, moi votre…
Elle
ne put achever sa phrase. L’homme avait bondi vers elle et refermé ses mains
autour de son cou. Ses doigts s’incrustèrent dans sa peau, lui coupant la
respiration. Elle suffoqua, les poings crispés, son corps mince secoué de
convulsions. Elle tentait de reprendre son souffle, chacune de ses pensées
tendue vers cet objectif, mais l’homme serrait trop fort. Elle se vit mourir,
mais contre toute attente son agresseur lâcha soudain prise et recula.
Épouvantée,
elle aspira de longues bouffées d’air frais. Jamais elle ne l’aurait cru
capable d’une telle brutalité.
– Je
pourrais vous étrangler, gronda l’homme, mais ce serait une mort trop douce
pour vous.
– Pourquoi… haleta-t-elle,
pourquoi ?
– Je
sais tout. Il est inutile de jouer plus longtemps votre comédie.
Elle
serra les dents, tandis qu’une main glaciale lui écrasait le cœur. C’était
impossible. Comment aurait-il pu…
– De
quoi parlez-vous, enfin ? Quoi que vous croyiez savoir, ce ne peut être
que le fruit d’un terrible
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