Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire
quitta le père pour son fils une des tables de la terrasse du
Bertrand. Elle avait alors cinquante-et-un
Nemours , entre la quatrième et la ans, lui en avait vingt. Une année plus tôt,
cinquième colonne en partant de
elle signa pour la première fois un livre de la l’angle qui porte le panneau
série Claudine ( La maison de Claudine ) de
« Galerie de Nemours ».
son propre nom.
N°101 : À droite au niveau du passage
En 1927, elle s’installa dans un appartement
près du panneau « Domaine
au 9, rue de Beaujolais, au nord du jardin du national du palais Royal », à
Palais-Royal. Trois années plus tard, le
gauche de la vitrine de la boutique
plancher céda et elle habita pendant cinq
de souvenirs Noxa .
ans à l’hôtel Claridge sur les Champs-
N°102 : Au milieu du passage, à hauteur
Élysées. Elle était extrêmement productive.
de l’entrée de service (à droite) de
Elle écrivit un autre livre célèbre, Le Blé en la Comédie-Française.
Herbe . Elle vécut avec le Hollandais Maurice Goudeket, lui aussi beaucoup plus jeune
La cour d’honneur derrière le Conseil d’État, qu’elle. Elle ouvrit avec lui un salon de
à droite de la Comédie-Française donc, est
beauté, rue de Miromesnil. L’entreprise fut
un échec. Goudeket, qui était juif, fut arrêté pendant la guerre et interné à Drancy en
attendant d’être déporté. Grâce à ses
relations, Colette le fit libérer et éviter la déportation. En 1945, elle fut la première
femme à être élue membre de l’académie
Goncourt, qui décerne le plus important
prix littéraire de France. Elle fut aussi la
première romancière à recevoir des
funérailles nationales en 1954. Le curé du
quartier avait d’ailleurs refusé d’y prendre
part. Elle était trop pécheresse pour
l’église. Ce qui a évidemment contribué à
sa notoriété. En 1955, Maurice Goudeket
publia ses souvenirs de ses années avec
Colette sous le titre Près de Colette.
La terrasse du Nemours .
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L e M é r i d i e n d e P a r i s
cette manifestation de l’art contemporain
qu’ils considéraient comme une violation
du cadre historique. Le successeur de
Jack Lang voulut s’en débarrasser, mais la
destruction s’annonça trop onéreuse.
D’autant plus que la femme d’un ministre
ami prit la défense de Buren. Les colonnes
purent donc rester, mais continuent à
créer la controverse.
N°103 : Sous la rangée de colonnes
de gauche (clin d’œil adressé à
Buren), la plaquette se situe
contre la fenêtre de la cantine
de la Comédie-Française, après la
deuxième colonne.
Vous avez rejoint la Comédie-Française
Le médaillon 103.
fondée en 1680. Elle s’élève ici, au cœur
la cour où se dressent les colonnes quelque
du Palais-Royal, depuis 1799. On raconte
peu postmodernes de Daniel Buren, initiale-
évidemment beaucoup d’histoires sur une
ment si contestées. L’artiste imagina et
institution aussi respectable que la
installa ces colonnes à la demande du
Comédie-Française, sur les rivalités
ministre de la Culture de l’époque, Jack
acharnées, les tragédiennes adorées, les
Lang, dont le bureau côté est donnait sur
favoris du roi, les conflits politiques, les
la cour. Les voitures qui s’y garaient dans
éternels règlements de compte et les
tous les sens le dérangeaient. Nombreux
petits mensonges qui préservent la
furent ceux qui préféraient les voitures à
légende.
Il était une fois la Comédie-Française
Je ne peux que vous recommander une
soirée à la Comédie-Française : les
acteurs sont généralement excellents, tout
L a Comédie-Française est au théâtre
ce que l’Académie française est à la
langue. On y joue en premier lieu
les classiques du répertoire français
comme les mises en scène ; les traditions
(Molière, Corneille, Racine, Marivaux, De
sont authentiques. Nous sommes conscients
Musset), mais aussi des pièces beaucoup
d’être ici dans un foyer de la culture, peut-
plus récentes. Ces dernières doivent
être même de l’identité française.
cependant avoir connu leur première au
moins dix ans plus tôt et être écrites par des La comédie ou l’art du diable
auteurs français. On peut aussi jouer des
La Comédie-Française à proprement parler
pièces d’auteurs étrangers à une condition :
n’a jamais été la « Maison de Molière », con-
que les heureux élus ne fassent plus partie
trairement
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