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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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une triste nouvelle, reprit Hugues.
    Toujours pas de réponse. Mauger reposa son bol vide à côté de lui.
    — Votre père, le sire Ranulphe de l’Épine, est mort.
    Le garçon se mit à se balancer d’avant en arrière.
    — Quelqu’un l’a assassiné, poursuivit Hugues.
    Le balancement s’accéléra.
    Hugues se pencha, lui murmurant à l’oreille :
    — Et je sais qui c’est...

LE PLAID DE L’ÉPÉE

58
    Une fois tout le monde installé dans la salle des plaids, le silence retomba. Il y avait là, assis autour de la longue table dressée pour l’occasion, Hugues, Tancrède, Randi, Mauger, le maître d’armes Jehan, frère Baptiste, le capitaine d’armes et, encadrant Aubré, deux sergents.
    Serlon, très pâle, était assis en bout de table, calé par des coussins, ses lévriers à ses pieds. Il n’avait pas prononcé un mot, ne répondant pas même aux saluts de ses filles.
    Drapée dans sa cape blanche, Sigrid, debout près de la cheminée, dominait l’assemblée de sa haute taille. Elle avait revêtu sous son bliaud une fine cotte de mailles et portait toujours épée et poignard au côté.
    — Nous pouvons commencer, déclara-t-elle au bout d’un moment. Je vous ai demandé à tous de venir pour que la lumière soit faite sur ce qui s’est passé dans ce château depuis la mort de ma tante, Muriel de l’Épine. Dieu ait son âme.
    Seuls le silence et quelques mouvements lui répondirent. Elle reprit en se tournant vers Hugues :
    — Je crois, messire de Tarse, que vous avez demandé à prendre la parole le premier ?
    — Si vous m’y autorisez, damoiselle.
    — Mon père vous accordait toute sa confiance et visiblement il le fait encore. Je pense que vous saurez présenter les événements qui se sont succédé ici avec le détachement et la clairvoyance qui s’imposent. Allez-y !
    Hugues se leva, posant ses paumes à plat sur la table, et ses yeux parcoururent l’assemblée. La plupart, y compris Aubré dont les mains étaient toujours enchaînées, gardaient une attitude impassible, seul Mauger dodelinait de la tête. Mal à l’aise, Randi se tenait raide et droite à ses côtés. Quant à frère Baptiste, il dissimulait l’agitation de ses mains dans ses larges manches.
    — Pour savoir ce qui se passe ici, aujourd’hui, il nous faudra exhumer le passé. Et tout d’abord, celui de frère Aubré, ici présent.
    Et, en quelques mots, l’Oriental rappela, pour ceux qui ne la connaissait pas, l’histoire du moine blanc.
    — Nous avons donc devant nous le cousin de Serlon de Pirou, Robert. L’aîné de la lignée des Pirou. Je ne retiendrai que le sentiment d’injustice qui habite frère Aubré aujourd’hui.
    — C’est bien dit ! tonna le moine blanc.
    — Il a fallu la mort de Muriel, reprit l’Oriental sans se troubler, pour qu’enfin les portes du château s’ouvrent à nouveau devant lui. Puisqu’à ce jour, jamais Serlon n’a voulu accorder audience à son parent.
    — C’est vrai ! s’exclama Aubré.
    — Taisez-vous, mon cousin ! Ou je vous envoie dans nos cachots ! ordonna Sigrid. Sire Hugues, ne nous donnez-vous pas là matière à comprendre la haine que ce moine nourrit envers nous, et surtout envers mon père, Serlon de Pirou ?
    — Nous y reviendrons, damoiselle, fit l’Oriental en s’inclinant. Car cette affaire est comme un écheveau emmêlé. Si nous tirons le mauvais fil, nous ne ferons que davantage de noeuds. Je ne vais donc pas, pour l’instant, continuer l’histoire de frère Aubré mais bien plutôt reprendre celle de Muriel de l’Épine. Qui est à l’origine de tout.
    Le regard de Mauger, jusqu’à présent dans le vague, se fixa sur Hugues qui, en quelques mots, expliqua la culpabilité de Ranulphe dans l’assassinat de sa femme.
    — Nous avons vu comment Ranulphe a pu empoisonner son épouse grâce aux talents de son ancienne nourrice. Nous avons vu aussi combien cet homme qui, jusqu’au bout, a montré son amour pour elle, en était terriblement jaloux.
    — Mais s’il l’aimait, pourquoi l’a-t-il tuée, alors ? demanda Randi.
    — Nous allons y venir, et pour cela j’ai besoin de vous lire la lettre reçue ce matin du sire d’Aubigny. Les termes de celle qu’a reçue Serlon de Pirou sont sans doute à peu près les mêmes.
    Serlon fit un hochement de tête pour acquiescer. Le messager lui avait remis la lettre avant qu’il ne se rende à la salle des plaids.
    — Écoutez donc, reprit Hugues :

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