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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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perdrait.
    — Reviens ! Qui que tu sois, reviens ! hurla Tancrède en coupant à travers la lande.
    Mais le cheval noir était plus frais que le sien et surtout moins chargé. Au bout d’un moment de cette poursuite inégale, la monture de Tancrède commença à donner des signes de fatigue, tendant le col et trébuchant.
    Le cavalier noir entrait dans les bois.
    Il entendait au loin les trompes des guetteurs qui avaient dû les repérer.
    — Lâche ! Je t’aurai ! hurla Tancrède en mettant son destrier au pas. Un jour ou l’autre, je t’aurai !

57
    Tancrède avait été directement à l’infirmerie avec le corps en travers de ses épaules. Les gens s’écartaient pour les laisser passer. Le jeune Till, la mine grave, le suivait avec les affaires de Mauger.
    — Vous voilà enfin ! fit Hugues en le faisant entrer et en refermant derrière eux. Où étiez-vous passé ?
    — J’ai vu le cavalier noir, maître. Je l’ai pris en chasse mais ce lâche a disparu dans la forêt. Il m’a échappé.
    — Et vous croyez que je vais vous féliciter pour ça ?
    La voix d’Hugues était sèche.
    — Je... J’ai trouvé Mauger grâce aux indications de la petite Clotilde, à la chapelle au péril des flots.
    — Déposez-le sur cette paillasse près de la cheminée. Il est blessé ?
    — Non, je ne crois pas. Il meurt surtout de faim et de froid. Je lui ai donné un peu de viande séchée et d’eau.
    — Till, mets tout ça sur la table ! ordonna Hugues qui venait d’apercevoir le gamin planté au milieu de la pièce avec son fardeau. Et cours en cuisine me chercher du brouet et une part de galette.
    — Bien, messire, fit le gamin, trop content de partir de ce lieu qui pour lui n’était que souvenirs de breuvages amers, de pommades malodorantes et de plaies à recoudre.
    Hugues s’était penché sur le jeune Mauger, puis il regarda ses affaires, ouvrant le couire, l’étui où l’on range les flèches, détaillant le bois de l’arc, fouillant le manteau.
    — Sigrid a fait emprisonner frère Aubré, annonça-t-il en se relevant.
    — Mais pourquoi ?
    — Elle l’accuse d’être l’agresseur de son père. Asseyez-vous, il faut que nous parlions.
    Et dans un murmure, l’Oriental révéla au jeune homme tout ce qu’il avait appris à la fois sur le moine blanc mais aussi sur les origines de Bjorn.
    — J’ai vu Bjorn, mais personne ne le rattrapera plus.
    — Il est mort ?
    — Non, il s’est fait engager comme pilote à bord du navire à sel. Ils levaient l’ancre alors que je revenais vers le château avec Mauger. J’ai pu lui parler et je lui ai demandé de revenir. Il a refusé.
    — Vu comme Sigrid a traité son cousin Aubré, je crois que Bjorn a eu raison.
    — Mais si c’est Bjorn qui a tué Ranulphe...
    — Si c’est lui, ne vous inquiétez pas, il est plus difficile de sauter d’un navire en mer que de se cacher à terre. Nous le retrouverons.
    Il s’interrompit, réalisant qu’on frappait à la porte.
    C’était Till, suivi de la petite Clotilde. Avant qu’Hugues n’ait pu l’en empêcher, elle avait couru jusqu’à la paillasse où gisait son frère et s’était jetée sur lui.
    — Mauger ! Mauger ! cria-t-elle.
    Le jeune homme gémit. Le soldat blessé aussi.
    — Faites-la taire ! gronda Hugues.
    Tancrède saisit la gamine à bras-le-corps et la souleva de terre. Elle ruait comme un petit animal, et sa voix grimpa dans les aigus.
    — Clotilde, tais-toi, ou je te jette dehors ! Ton frère va bien. Il faut juste qu’il mange et qu’il boive.
    Ses hurlements s’arrêtèrent net, et elle cessa de se débattre.
    — C’est vrai ?
    — Je te le promets. Tu as vu, je t’avais dit que je le trouverais. Je l’ai trouvé.
    — Tu peux me poser, j’dirai plus rien.
    — On va d’abord lui donner à manger et ensuite, quand il ira mieux, tu pourras le voir. Tu vas attendre dans la cellule de Baptiste.
    — J’aurais préféré...
    — C’est moi qui commande ! déclara Tancrède tout en doutant que ce soit jamais le cas avec cette gamine.
    À son grand étonnement, elle hocha la tête :
    — Bon, alors... Je vais dormir un peu sur le lit à Baptiste. Je suis fatiguée. Tu m’appelleras ?
    — Je te le promets.
    Et elle le suivit docilement chez l’aumônier, monta sur la paillasse, s’allongeant avec le pouce dans la bouche. Il lui baisa le front et la recouvrit de l’épaisse couverture de laine. Elle se pelotonna comme un

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