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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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terreur.
    Que se passait-il ?… Pourquoi des bruits de révolte populaire venaient-ils coïncider avec cette fête de fiançailles ?
    Léonore et Roland, assis l’un près de l’autre, dans la grande salle aux plafonds enrichis de fresques inestimables, semblaient dégager un rayonnement de bonheur.
    Dandolo, le noble Dandolo, descendant de ce doge qui le premier écrivit une histoire de Venise, se tenait près de sa fille, et dans ses regards, à lui, éclatait la même sourde inquiétude qui agitait les masses des invités.
    Roland, la main tendue à tout nouvel arrivant, balbutiait des remerciements par quoi son bonheur cherchait à se faire jour à travers l’angoisse de félicité qui étreignait sa gorge.
    « Soyez heureux, Roland Candiano… dit un invité.
    – Cher Altieri, merci ! oh ! merci… je vous aime, vous êtes un véritable ami…
    – Moi aussi, je vous aime… soyez heureux !
    – Et vous, mon cher Bembo ! Vous voilà donc aussi ! Ah ! nous ferons encore des barcarolles et des ballades, savez-vous bien ? Vous maniez si bien les vers !
    – Monseigneur, dit Bembo courbé en deux, vous êtes trop bon… »
    Et Bembo se perdit dans la foule. A ce moment, des gardes armés se postèrent soudain devant toutes les portes. Un silence d’épouvante s’appesantit sur la vaste salle de fête. Un homme précédé de deux hérauts s’avança et, d’une voix haute et grave, prononça :
    « Moi, Foscari, grand inquisiteur d’Etat, je déclare qu’il y a ici un traître, rebelle et conspirateur, que je viens arrêter pour le salut de la république !… »
    Le doge Candiano le regardait venir, et ses mains tremblantes, ses lèvres blanches révélaient la furieuse colère qui grondait en lui.
    « Un pareil scandale ici ! En un pareil soir ! Dans la salle des doges ! Quel que soit l’accusé, il est ici mon hôte, entendez-vous, seigneur Foscari ! Et par les clous de la croix sanglante, il ne sera jamais dit qu’un Candiano aura failli à l’hospitalité ! »
    Foscari redressa sa taille imposante :
    « Seigneur duc, je vous requiers et vous somme de dire si vous entendez résister ici, dans la salle des doges, à la loi que les doges font serment de protéger. »
    Candiano jeta autour de lui un regard éperdu.
    Il vit ses deux mille invités muets, courbés, immobilisés.
    Le doge eut la sensation aiguë de son impuissance…
    « Le nom de l’accusé ?… demanda-t-il d’une voix étranglée.
    – Roland Candiano ! » répondit le grand inquisiteur.
    Un double cri, déchirant, désespéré, retentit, et deux femmes, d’un mouvement instinctif, se jetèrent au-devant de Roland qui, les yeux pleins d’éclairs, marchait sur Foscari… Silvia et Léonore, la mère et l’amante, enlacèrent le jeune homme de leurs bras, et toutes deux eurent ce farouche mouvement de la tête qui signifiait :
    « Venez donc l’arracher de là, si vous osez !… »
    En même temps, le doge Candiano jetait une clameur rauque :
    « Mon fils !… vous dites que mon fils conspire et trahit !…
    – La dénonciation est formelle !
    – Infamie et mensonge !… »
    Et tandis qu’un tumulte fait de violentes et menaçantes exclamations secouait l’assemblée, le doge tira sa lourde épée.
    A ce moment même, Altieri rejoignait Roland Candiano, et rapidement, les yeux baissés, le front blême, lui murmurait ces mots :
    « Les ennemis de votre père ont organisé cette scène pour le pousser au désespoir et le perdre… Rendez-vous, Roland ! Je réponds de votre vie !…
Dans une heure, tout sera arrangé ! »
    Ces paroles frappèrent Sylvia et Léonore comme Roland. L’influence d’Altieri dans le Conseil des Dix était aussi sûre que son amitié pour le fils du doge. Les deux femmes eurent un mouvement dont Roland profita pour se dégager de leur étreinte.
    Il saisit la main d’Altieri :
    « Ami fidèle !… votre clairvoyance sauve mon père… c’est entre nous, désormais, une fraternité jusqu’à la mort ! »
    Et Roland s’élança vers le doge Candiano qu’il rejoignit à l’instant où celui-ci levait son épée pour en appeler à ses invités, dont cinq ou six à peine avaient des regards de sympathie pour lui…
    « Mon père ! » cria le jeune homme.
    Candiano, hagard, se retourna, vit son fils, et sa fureur se fondit en désespoir. Il ouvrit ses bras en sanglotant.
    Roland, cependant, parlait bas à l’oreille de son père.
    Tout à

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