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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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lie du Nord !
    Il le savait, c’était là un moyen de faire bouger les hommes.
Les Danes nous traitaient de femmelettes sans courage, et personne dans nos
rangs ne répondait, mais quelques-uns commencèrent. Dans le Ciel s’élevèrent
alors le fracas des armes et la clameur des insultes.
    Souffle-de-Serpent était accrochée dans mon dos. Dans la
mêlée, il est plus facile de dégainer par-dessus l’épaule qu’à la hanche, et le
premier coup peut être une méchante taille assenée de haut. Je tenais
Dard-de-Guêpe dans la main droite. Sa lame courte et épaisse était idéale pour
l’estoc, et dans la cohue une telle lame est parfois plus redoutable qu’une
longue épée. À mon bras gauche, soutenu par deux poignées de cuir, mon bouclier
bordé de fer était muni d’une bosse ronde grosse comme une tête et faisant une
arme tout aussi redoutable. Sur ma droite, Steapa portait une longue épée à
épaisse lame : elle semblait pourtant toute petite dans sa poigne énorme. Pyrlig,
armé d’une courte lance de chasse à large et épaisse lame, répétait la même
phrase : «  Ein tad, yr hywn wyt yn y nefoedd, sancteiddier dy enw. » J’appris plus tard que c’était la prière que Jésus enseigna à ses disciples. De
son côté, Steapa répétait en marmonnant : « Bâtards, Dieu me garde, bâtards. »
J’eus soudain la bouche sèche et mon estomac se noua.
    — En avant ! En avant ! s’écria Osric.
    Nous voyions les visages de nos ennemis, à présent. Des
barbes hirsutes et des dents jaunes, des joues balafrées et vérolées, des nez
cassés. À cause de ma visière, je ne pouvais voir que droit devant moi. Mon
heaume était doublé de cuir. Je suais. Des flèches volèrent depuis les lignes
danes. Ils n’avaient guère d’archers et leurs traits étaient peu nombreux. Nous
levâmes néanmoins nos boucliers pour nous protéger le visage. Aucune flèche n’atterrit
près de moi, mais nous étions en retrait de la ligne afin de surveiller les
murailles vertes du fort où se tenaient des soldats. J’y aperçus la bannière à
l’aigle de Ragnar et me demandai ce qui adviendrait si je me retrouvais face à
lui. Toutes ces haches, épées et lances cherchaient à transpercer nos âmes, et
la pluie tambourinait sur les casques et les boucliers.
    Nous nous immobilisâmes de nouveau. Le mur de boucliers d’Osric
et le skjaldborg de Svein n’étaient plus séparés que de vingt pas. Nous
pouvions désormais voir le visage de celui que nous allions tuer ou qui nous
tuerait. Les deux armées hurlaient et crachaient leur fureur et leurs insultes,
tandis que les lances se dressaient.
    — Restez groupés ! cria une voix.
    — Boucliers serrés !
    — Dieu est avec nous ! clama Beocca.
    — En avant !
    Deux autres pas, hésitants.
    — Bâtards, Dieu me garde, bâtards ! répéta Steapa.
    — Maintenant ! hurla Osric. En avant, tuez-les !
Allez ! Allez !
    Et les hommes de Wiltunscir allèrent. Ils laissèrent
échapper un grand cri de guerre, autant pour se donner courage que pour
effrayer l’ennemi. Soudain, après cette longue attente, le mur de boucliers s’avança
d’un pas rapide dans les cris, les lances jaillirent de part et d’autre et dans
un bruit de tonnerre, les boucliers se cognèrent. Sous le choc, toute notre
ligne fut ébranlée, tous les hommes vacillèrent. J’entendis les premiers
hurlements, le fracas du métal et du bois, les grognements des hommes. Je vis
un flot de Danes surgir des remparts et nous charger, prêts à déchiqueter notre
flanc, mais c’était pour cela qu’Alfred nous avait placés à la gauche des
hommes d’Osric.
    — Boucliers ! rugit Leofric.
    Je hissai le mien, encadré par ceux de Steapa et de Pyrlig, puis
je m’arc-boutai pour amortir l’impact. Tête baissée, le corps protégé par le
bois, les jambes bien plantées, Dard-de-Guêpe prêt. Derrière nous et à droite, les
hommes d’Osric luttaient. Je sentais l’odeur du sang et de la merde, l’odeur de
la bataille. La pluie me fouettait le visage. Les Danes se précipitaient sur
nous, en désordre, décidés à remporter la bataille dans une charge enragée. Ils
étaient des centaines et nos fantassins décochèrent leurs lances.
    — Maintenant ! criai-je.
    Nous avançâmes d’un pas pour résister à l’assaut et j’eus le
bras droit écrasé sur la poitrine sous le choc des boucliers. Un Dane abattit
sa hache sur le bouclier d’Eadric ; je ripostai d’un

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