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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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prier.)
Je suis heureux qu’elle soit morte en chrétienne.
    — J’aurais préféré qu’elle vive en païenne ! rétorquai-je.
    Alfred manda de nouveau ses officiers. Il n’y avait nul choix.
Nous devions attaquer le fort. Alfred envisagea un temps d’en faire le siège, mais
ce n’était guère faisable. Nous aurions à nourrir une armée au sommet des
collines et, même si Osric assurait qu’il n’y avait nulle source dans la forteresse,
nous n’en avions aucune aux environs non plus. Les deux armées seraient
assoiffées, et nous n’avions pas assez d’hommes pour empêcher les Danes de
sortir la nuit chercher de l’eau. Si le siège excédait une semaine, les hommes
de la fyrd commenceraient à fuir chez eux pour entretenir leurs champs.
    Nous pressâmes donc Alfred de donner l’assaut. Des murs de boucliers
devaient être lancés contre les remparts, et Alfred savait que tous les hommes
jusqu’au dernier devaient se joindre à l’attaque. Wiglaf et ceux de Sumorsæte
attaqueraient la gauche, ceux d’Alfred le centre et ceux d’Osric, de nouveau
réunis et renforcés des déserteurs de Guthrum, prendraient la droite.
    — Vous savez vous y prendre, dit Alfred sans
enthousiasme, car il savait qu’il nous donnait ordre de préparer le banquet de
la mort. Mettez les meilleurs au centre, qu’ils mènent, et que les autres
poussent derrière et de part et d’autre. Dieu nous a souri jusqu’alors. Il ne
nous désertera point.
    Pourtant, il avait déserté Iseult, la pauvre et fragile
reine de l’ombre et âme perdue. Je me plaçai au premier rang, car je brûlais de
la venger. Steapa, aussi ruisselant de sang que moi, se plaça à mon côté, Leofric
à ma gauche et Pyrlig derrière.
    — Lances et longues épées, nous conseilla le prêtre, et
non point les courtes.
    — Pourquoi ? demanda Leofric.
    — Vous gravissez cette abrupte paroi et ne pourrez que
viser leurs chevilles et les abattre. Ce n’est point mon premier assaut. Il
faut porter loin le coup et se bien protéger.
    — Dieu nous aide, dit Leofric.
    Nous étions remplis de peur, car il n’y a rien de plus
redoutable dans la guerre qu’attaquer une forteresse. Si j’avais eu ma raison, j’aurais
rechigné à le faire, mais j’étais rongé par mon chagrin et ma soif de vengeance.
    — Allons, dis-je. Allons.
    Mais nous ne le pouvions. Les hommes continuaient de
ramasser les piques lancées lors de la bataille, et les archers étaient mis en
avant. Pour l’attaque, un déluge de lances et de flèches devait nous précéder, mais
il fallait le temps de mettre chaque homme en position.
    Puis, mauvais présage pour nos archers, la pluie reprit. Leurs
cordes en seraient affaiblies. Les lourdes gouttes tambourinaient sur nos
casques, et les Danes alignés aux remparts nous huaient en frappant leurs boucliers
de leurs épées. C’était la bataille de Guthrum, à présent. Désormais, ses
hommes allaient livrer la bataille qu’il attendait depuis toujours.
    — En avant ! Au nom de Dieu ! s’écria Alfred.
    Au même instant, un roulement de tonnerre gronda, si fort
que nous en frémîmes tous, et un éclair blanc frappa la forteresse. Peut-être
pensâmes-nous que ce fracas et cette foudre soudaine étaient un message de Dieu,
car l’armée tout entière s’ébranla en hurlant, boucliers serrés. Je vis alors
le fossé déjà débordant, les cordes chantèrent et les lances sifflèrent, et
tandis que les Danes nous criblaient de leurs piques, nous traversâmes.
    Certains renoncèrent, mais une dizaine de groupes se lança
dans l’attaque. Nous étions ce que les Danes appellent les « svinfylkjas », les mufles de sanglier, les guerriers d’élite qui tentent de percer le skjaldborg comme un sanglier tente d’éventrer un chasseur de ses défenses. Mais
cette fois, nous devions aussi traverser un fossé inondé et en escalader la
rive opposée.
    Bouchers sur nos têtes, nous pataugeâmes, puis nous gravîmes
le talus glissant. Quelqu’un me poussa et je réussis à monter à genoux, protégé
par le bouclier de Pyrlig. Un Dane s’acharna de sa hache sur mon bouclier, je
pointai Souffle-de-Serpent, sentis un coup à ma jambe et retombai. J’entendis
Leofric pousser un cri perçant et vis du sang ruisseler dans l’herbe, aussitôt
emporté par la pluie. Nous n’y arriverions jamais. J’avais de la boue dans la
bouche, j’entendais le fracas de l’acier et les cris des hommes. L’herbe du
talus arrachée

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