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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de toutes ses oreilles, de tout son être, pourrait-on dire, écouta.
    Cinq minutes s’écoulèrent, cinq minutes au bout desquelles Bel-Argent se détacha de la porte.
    Il était pâle. Il tremblait.
    Il s’avança vers l’homme noir et lui dit :
    – Je suis inquiet pour le cheval de mon maître. Je vais voir aux écuries. C’est que le seigneur de Loraydan tient plus à cette rosse qu’à moi-même, diable !
    – Il fait bien, ricana l’homme. Et tu es bien osé, toi, d’appeler rosse le cheval de M. le comte de Loraydan. Va, maraud, et tiens ta langue !
    Bel-Argent courba la tête et s’en alla. Il retraversa l’antichambre toujours pleine de monde, il redescendit le grand escalier… bientôt il fut dehors, bientôt il arriva à la taverne de l’Hydre où il retrouva Lurot et Pancrace.
    – À boire ! dit-il d’une voix rauque. Dieu me damne ! Je crois que je vais m’affaiblir !…
     
    Loraydan, comme on a vu, était arrivé droit à M. de Croixmart sans billet d’audience, sans mot de passe, sans interrogatoire préliminaire des huissiers, bref, sans aucun de ces obstacles que devait franchir l’un après l’autre tout visiteur, fût-il prince, qui tentait d’approcher cette redoutable entité qu’était le grand prévôt…
    C’est que depuis la scène du Louvre, Croixmart avait donné des ordres en ce qui concernait Loraydan. Croixmart considérait qu’en cette affaire, le comte représentait le roi.
    Loraydan, donc, entra dans le cabinet, le visage empreint d’une joie terrible.
    – Monsieur le grand prévôt, dit-il, je viens de vous annoncer…
    – Que vous avez trouvé le gîte de sire de Ponthus, dit Croixmart.
    – Oui, comment savez-vous ?
    – À un autre, comte, je dirais que je suis renseigné, de façon à faire croire à l’infaillibilité de mon service d’espionnage. Mais vous êtes ici l’ambassadeur de Sa Majesté, et je ne veux pas vous tromper plus que je ne tromperais le roi ; c’est votre figure qui m’a informé.
    – Ma figure ?
    – Oui. Elle disait, elle criait, elle hurlait la nouvelle… Méfiez-vous de vos yeux, de votre front, de vos lèvres, de tout ce qui parle, comte. Le visage, c’est le traître. Domptez-le.
    – Merci, dit Loraydan. Je ne prendrai pas le masque. Je suis de ces gens de qui l’incoercible loyauté ne peut se résigner à travestir les apparences. Et puis, à quoi bon, vraiment ? Je suis ce que je suis. N’en parlons plus. Pour en revenir à notre affaire, vous me voyez tout fier d’avoir réussi là où ont échoué tous vos limiers de prévôté.
    – Le roi le saura, comte, car j’aime la justice ; dès ce soir, Sa Majesté sera informée de votre zèle. Et maintenant, sachez que je n’avais lancé aucun limier contre Clother de Ponthus.
    – Ho ! Que signifie cela ?
    Croixmart eut un livide sourire. Et il dit :
    – Cela signifie que rien au monde, en une besogne de police, ne peut remplacer ces deux formidables limiers : ou l’amour ou la haine. L’un ou l’autre était en vous. Peut-être les deux. Pour découvrir Ponthus, je comptais sur vous, sur vous seul.
    – Soit, dit Loraydan, pensif. La chose, en tout cas, m’a coûté fort cher.
    – Combien ?
    – Quarante mille livres.
    – Joli denier, fit Croixmart, d’un accent de scepticisme qui, en tout autre moment, eût fait bondir Loraydan.
    – Monsieur le grand prévôt, dit le comte en haussant les épaules, vous suspectez ce dire, mais ceci n’a que peu d’importance. J’en eusse donné cent mille livres.
    – Je vous crois, dit gravement Croixmart.
    Et, prenant une note rapide sur un papier :
    – Ces quarante mille livres vous seront rendues, monsieur le comte. Et vous dites que le gîte de Ponthus ?…
    – Est sis rue Saint-Denis, en face l’auberge de la Devinière, dans le logis d’une espèce nommée dame Dimanche. À vous, monsieur le grand prévôt ! Il faut que ce soir le sire de Ponthus ait pour ciel-de-lit les voûtes des souterrains du Temple. Il faut que dans une heure…
     
    Et ce fut à ce moment que Bel-Argent cessa d’écouter. Dans une heure ! Ce mot le fouetta. Ce mot l’épouvanta. Car il s’était pris à aimer Clother depuis la bataille de l’hôtel d’Arronces où, lui, Bel-Argent, avait sauvé ce gentilhomme.
    Bel-Argent, donc, ne voulut pas en entendre davantage. Il s’en alla… Et il eut tort.
     
    – Dans une heure ? reprit Croixmart. Non vraiment. Pour cerner le logis de la

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