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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Clercs.
    – Ah ! fit Loraydan d’une voix faible.
    – Ne craignez rien, dit Juan Tenorio. Je me sens en train. Je suis sûr de le tuer.
    Loraydan frissonna.
    Lui tuer Ponthus ! Lui arracher sa vengeance !…
    – Seigneur Tenorio, dit-il d’un ton rude, je vous prie par amitié pour moi, de remettre à demain ce beau projet. La vérité, c’est que je vais avoir besoin cette nuit d’un ami sûr, et j’ai pensé à vous.
    – Merci, comte !…
    – Si vous alliez être blessé ?… Tenez, je vous demande de ne pas même sortir de la Devinière avant demain. Me l’accordez-vous ?
    Don Juan étonné considérait Loraydan avec un vague sentiment d’horreur qui lui venait il ne savait d’où ni de quoi. Loraydan vit qu’il hésitait :
    – Votre parole ! gronda-t-il. Votre parole que vous ne sortirez pas de votre chambre tout ce jour et toute la nuit prochaine ! Don Tenorio, je viens de vous faire don de quarante mille livres. Le roi lui-même ne donne pas quarante mille livres sans qu’il y soit contraint par la nécessité de payer un dévouement ou d’éteindre une haine, de récompenser une action ou une inertie. Me comprenez-vous, Juan Tenorio ?
    – Non, dit don Juan avec une gravité suprême. Je ne comprends pas. Et c’est là ce qui me gêne.
    – Qu’importe que vous compreniez ! Tenorio, au nom de l’amitié que vous dites me porter, au nom de l’alliance offensive et défensive que nous avons conclue, je vous prie de m’accorder cela. Tenorio, il y va de mes intérêts les plus chers. Tenorio, il y va de ma vie !…
    Un éclair illumina l’esprit de Juan Tenorio.
    – Cette raison, dit-il avec la même gravité, est forte et péremptoire. Je vais donc vous donner ma parole, ma parole de ne pas me battre aujourd’hui avec Clother de Ponthus. Mais le sire de Ponthus est un charmant esprit qui m’a séduit. Je veux le tuer, c’est vrai, et ce sera pour moi un grand chagrin, mais en combat loyal, au grand jour, face à face. Comte, parole pour parole : donnez-moi d’abord la vôtre que vous ne meurtrirez pas aujourd’hui Clother de Ponthus, ni ne le ferez meurtrir par des gens à vos gages.
    Loraydan s’essuya le front, et sans hésitation :
    – Je vous donne ma parole que je ne tenterai ni de tuer cet homme ni de le faire tuer.
    – En ce cas, je vous donne la mienne de ne pas bouger d’ici jusqu’à demain.
    Et Loraydan, quand il fut dehors :
    – Non, non, je ne tuerai point le Ponthus de malheur. Ce n’est pas à ma très noble épée que peut échoir cette besogne ; il y faut la hache du bourreau !
    Et don Juan :
    – Ce Loraydan médite je ne sais quelle noirceur à quoi Juan Tenorio ne peut s’associer. Puisque je ne dois pas sortir d’ici, dès que cet infâme coquin de Corentin sera rentré, je l’expédierai chez le sire de Ponthus pour le prier de venir me trouver ici lui-même !
    Mais don Juan comptait sans son hôte, et cet hôte, c’était l’énorme fatigue mentale qui tout à coup le terrassa. Allongé sur son lit, il oublia l’étrange visite de Loraydan et la fantastique histoire des quarante mille livres, il oublia tout.
    D’un pesant sommeil, don Juan dormit tout le jour et jusque fort avant dans la nuit.

XVI
 
LE GRAND PRÉVÔT REÇOIT LA VISITE DE BEL-ARGENT
    La veille, Bel-Argent ayant reçu congé de son maître, se rencontra dans la rue avec Jacquemin Corentin qui, de son côté, avait journée libre. Ces deux compères devenus amis sans qu’ils s’en doutassent prirent ensemble le chemin de l’ Âne-Marchand, où ils retrouvèrent l’homme à la cicatrice et l’homme qui n’avait pas froid aux yeux. Il y eut l’interminable partie de dés au cours de laquelle Jacquemin perdit jusqu’à sa dernière maille, en suite de quoi, vers six heures, ils eurent à nouveau faim et soif, si bien que, deux heures après que l’hôte eut fermé portes et fenêtres pour obéir au règlement du couvre-feu, ils roulèrent tout bonnement sous la table et s’endormirent sur le carreau d’aussi bon cœur que dans le meilleur lit.
    Il faisait grand jour et il était environ dix heures du matin quand ils se réveillèrent et s’avouèrent mutuellement qu’ils avaient faim et soif.
    Lurot-qui-n’avait-pas-froid-aux-yeux déclara que d’ailleurs, tant qu’il lui resterait une seule de ces médailles d’or, il aurait faim et soif, sentimentale déclaration qui fut gravement confirmée par Pancrace-à-la-cicatrice.
    Jacquemin

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