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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Corentin était tout honteux de se trouver en pareille compagnie et se bouchait les oreilles. Mais il se donnait pour excuse qu’après tout ces deux malandrins lui avaient sauvé la vie, et puis, il avait soif.
    La ripaille recommença.
    C’était un peu après midi, Jacquemin annonça qu’il était temps, pour lui, de rentrer à la Devinière, et il s’en alla, ruminant avec inquiétude, sur l’accueil que lui ferait don Juan.
    Et c’était le moment où le comte de Loraydan sortait de la Devinière après la scène que nous avons relatée au précédent chapitre.
    Bel-Argent, à son tour, se rappela vaguement, un peu plus tard, qu’il devait quitter Paris avec son maître ; il voulut s’en aller, mais Lurot et Pancrace affirmèrent solennellement qu’ils connaissaient dans la rue Saint-Antoine la taverne de l’Hydre où se buvait un hydromel délectable.
    Le trio, donc, se tenant par le bras et occupant la largeur des chaussées avait gagné la rue Saint-Antoine. Il atteignit la taverne de l’Hydre. Il allait s’y engouffrer…
    Et alors, Bel-Argent, d’une voix rapide :
    – Entrez, mes braves compaings, et attendez-moi céans, je reviens dans peu de temps.
    Lurot et Pancrace haussèrent les épaules, persuadés que Bel-Argent fuyait.
    – C’est un ladre, dit l’un. Il a peur pour sa bourse.
    – C’est un piètre buveur, dit l’autre. Il a peur pour son gosier.
    Et ils entrèrent, tandis que Bel-Argent s’élançait.
    Bel-Argent courait après un gentilhomme qu’il venait d’apercevoir.
    Ce gentilhomme, c’était Amauri de Loraydan.
     
    L’hôtel du grand prévôt Croixmart était situé au bout de la rue Saint-Antoine.
    Presque en vis-à-vis de son grand portail se dressait une formidable silhouette de château fort : la Bastille Saint-Antoine, dont la sombre masse pesait de toute sa tristesse sur ce coin de Paris.
    Loraydan pénétra dans l’hôtel Croixmart.
    Sur ses talons, entra Bel-Argent.
    Il entra !…
    En son for intérieur, il se disait : « Je veux être tout à l’heure étripé si je commets là l’action la plus insensée. Moi chez le grand prévôt ! »
    Il entra tout naturellement, comme si c’eût été chose convenue.
    Si naturellement que les gardes de service au grand portail furent persuadés que Bel-Argent était le valet du comte de Loraydan.
    Loraydan monta l’escalier monumental.
    Bel-Argent monta, sur les pas de Loraydan.
    Il était blême d’épouvante.
    Il allait, comme en rêve, se précisant l’effroyable danger de la situation, et oubliant absolument qu’il n’avait qu’à descendre et s’en aller. Non, il ne redescendit pas…
    Le comte entra dans une immense antichambre où l’on retrouvait les mêmes groupes, les mêmes masques, le même silence que dans l’escalier, – silence fait de murmures confondus.
    Derrière Loraydan, Bel-Argent se glissa parmi ces groupes qui s’écartaient pour le laisser passer, l’enviaient peut-être… car, tout droit, Loraydan passa dans une deuxième antichambre et Bel-Argent passa !
    Bel-Argent se vit dans une vaste pièce déserte, froide et nue, ornée seulement de quelques fauteuils.
    Il vit le comte pousser une porte et disparaître.
    Il s’approcha de cette porte, et là, un homme tout habillé de noir lui dit :
    – Toi, maraud, tu attendras ici ton maître.
    – Oui ! dit Bel-Argent. Mais s’il m’appelle ?
    – Eh bien ! alors, tu ouvriras cette porte, et tu seras dans le cabinet de Mgr de Croixmart. En attendant, ne bouge pas d’ici.
    Bel-Argent se colla contre la porte, effaré, terrifié par ces mots : le cabinet de Mgr de Croixmart !…
    – Que diable fais-je ici ? murmura-t-il. C’est le vin qui m’a poussé !…
    Un coup de sifflet, au loin, quelque part dans l’hôtel, retentit : l’homme qui venait de parler à Bel-Argent s’élança, ouvrit une porte latérale, disparut… quelques secondes plus tard, il rentrait dans l’antichambre. Quelques secondes à peine. Une dizaine de secondes pendant lesquelles Bel-Argent, avec une sorte d’effarement, se répéta :
    « Mais que diable fais-je ici, moi !… C’est le vin, c’est le vin ! »
    Et en même temps, d’un geste rapide, précis, d’une intense prudence et d’une folle hardiesse, un de ces gestes presque réflexes qu’on fait quand il est question de vie ou de mort, il avait, derrière lui, entrouvert la porte à laquelle il s’appuyait…
    Des bruits de voix lui parvinrent…
    Bel-Argent,

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