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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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propre tente, de le réchauffer de toutes les façons
possibles, et de le nourrir – de force si nécessaire. Entre-temps, Roxane était
accourue aux côtés d’Alexandre, qu’elle examinait d’un air incrédule tandis que
Leptine tentait de lui faire avaler un peu de bouillon en trempant un linge
dans la gamelle et en le glissant dans sa bouche.
    « Que s’est-il passé ?
demanda Alexandre dès qu’il aperçut son médecin.
    — Des milliers de choses, mon
roi, répondit Philippe. Mais tu es encore vivant, et je nourris l’espoir que tu
le resteras. Tu ne peux pas savoir combien je suis heureux, ajouta-t-il d’une
voix tremblante. Tu ne peux pas savoir… Mais maintenant tais-toi, ne fais pas
d’effort, tu es très faible. Tu as échappé par miracle à la mort, grâce à
Calanos, je crois.
    — Péritas…, parvint encore à
murmurer le souverain.
    — Péritas n’est plus, mon roi.
Léonnatos m’a raconté qu’il est mort pour te sauver la vie. Et maintenant, ne
rends pas son sacrifice inutile : essaie de te nourrir et repose-toi, je
t’en prie, repose-toi. »
    Alexandre but encore un peu de
bouillon, puis il s’effondra en fermant les yeux. Des larmes coulaient de ses
paupières closes, dévalant ses joues pour mourir sur son oreiller.
     

57
    Le roi resta entre la vie et la mort pendant de nombreux jours, et les
efforts que Philippe et Leptine déployaient pour le maintenir en vie semblaient
parfois inutiles. Si son corps avait surmonté le pire, ses conditions
demeuraient toutefois si graves que Philippe se demandait s’il était vraiment
hors de danger, ou si Thanatos, un moment repoussé par l’héroisme de Calanos,
ne tentait pas une nouvelle fois de s’emparer de celui qu’il avait déjà cru en
son pouvoir. Seul le sage indien continuait d’affirmer : « J’ai fait
un pacte, il guérira. » Mais quand on l’interrogeait au sujet de ce
mystérieux pacte, il s’abstenait de répondre.
    Un mois s’écoula avant qu’Alexandre
ne fût en mesure de s’adosser à sa tête de lit, et vingt jours supplémentaires
avant qu’il puisse manger un potage avec l’aide de Leptine, qui le nourrissait
à la cuiller sous l’œil vigilant de Roxane. Il parlait peu et à grand-peine,
mais il priait de temps en temps Eumène de lui lire des vers d’Homère. Depuis
que le roi avait été blessé, le secrétaire général avait pris les rênes du
pouvoir avec l’approbation et l’assistance des compagnons. Parfois, Roxane lui
chantait d’une voix douce des chansons traditionnelles de ses montagnes
natales, s’accompagnant à un instrument à cordes aux accents simples et
évocateurs.
    Au bout de deux mois, Philippe
permit au roi de se lever et de se déplacer sous sa tente avec l’aide de
Cratère et de Léonnatos. Mais il était facile de voir que le moindre effort lui
coûtait une immense fatigue. Une fois recouché, Alexandre retombait dans le
sommeil.
    Un jour qu’il était entré dans le
pavillon royal en compagnie de Cratère et d’Héphestion, et qu’il regardait
Leptine administrer une décoction à Alexandre, Léonnatos se gratta la tête et
proposa : Et si nous lui donnions son « gobelet de Nestor » ?
    Philippe lui lança un regard de
suffisance et lui répondit : « Tu ne sais pas ce que tu racontes. Du
miel, de la farine, du vin et du fromage, tu as envie de le tuer ?
    — Tu as peut-être raison,
répliqua Léonnatos piqué au vif, mais sais-tu ce que les soldats
murmurent ? Ils disent que le roi est mort et que nous le leur cachons
pour éviter de semer la panique dans les rangs.
    — Comment peuvent-ils penser
une telle idiotie ? s’exclama Philippe. Tout le monde sait qu’il est
vivant.
    — Tu te trompes, intervint
Héphestion. Nous sommes les seuls à le savoir. J’ai interdit aux gardes de le
voir dans cet état. Le moral des soldats s’en ressentirait autant que s’il
était vraiment mort.
    — Exactement, l’approuva
Eumène. Le fait est que nos hommes ne l’ont pas vu depuis des mois. En revanche,
nos mouvements ne leur échappent pas : nous allons et venons de sa tente
aux nôtres, nous tenons des réunions, on m’a même vu appliquer le sceau du roi
sur des documents envoyés aux satrapies.
    — Oui, c’est bien ce qui me
semble, confirma Cratère. Certains détachements songent même à se réunir pour
convoquer l’assemblée générale de l’armée macédonienne. Savez-vous ce que cela
signifie ? »
    Eumène acquiesça.

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