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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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la ville au premier assaut. Mais il était seul :
aucun guerrier ne lui avait emboîté le pas. S’en rendant compte, Léonnatos
s’élança derrière lui en criant : « Non, Alexandre !
Arrête-toi ! Attends ! » Mais le vacarme de la bataille était
tel que le roi ne l’entendit pas. Il sauta de l’autre côté.
    Léonnatos vola à son secours, à la
tête de ses hommes. Mais les ennemis, qui avaient assisté à la scène,
essayèrent de lui faire barrage pour permettre à leurs compagnons, de l’autre
côté, de tuer le souverain macédonien.
    C’est alors qu’Alexandre comprit la
situation. Se voyant seul et encerclé, il se mit à reculer vers un énorme
figuier en se défendant désespérément contre une nuée d’adversaires. Pendant ce
temps, Léonnatos se frayait un chemin à coups de hache, précipitant les ennemis
au bas de la rampe et hurlant : « Alexandre, résiste ! Résiste,
nous arrivons ! », le cœur rempli d’angoisse à l’idée que le roi
pouvait être écrasé à chaque instant. Soudain, il entendit un aboiement dans
son dos. Sans même se retourner, il s’écria : « Péritas ! Va,
Péritas ! Va ! Cours vers Alexandre ! »
    Le molosse gravit la rampe comme une
furie. Au moment où il atteignait le sommet, son maître s’effondrait, victime d’un
javelot, même s’il luttait encore avec l’énergie qui lui restait et se
protégeait derrière son bouclier. En un instant Péritas bondit du haut des murs
et s’abattit comme la foudre au milieu des ennemis. Il mordit la main d’un
adversaire et la brisa dans un craquement d’os, il en égorgea un autre, en
éventra un troisième. Il se battait comme un lion en grognant, en montrant ses
crocs ensanglantés, les yeux aussi enflammés que ceux d’une bête sauvage.
    Alexandre en profitait pour reculer
en rampant sur le sol. C’est alors que Léonnatos, enfin parvenu au sommet avec
ses hommes, se jeta sur l’ennemi dans des cris de possédé. D’un coup de hache
il découpa en deux un adversaire, de la tête à l’aine. Terrorisés par cette
incroyable puissance, les autres reculèrent. En quelques instants, des
centaines d’attaquants et « d'écuyers » macédoniens franchirent
l’enceinte et se répandirent à l’intérieur de la ville, qui se remplit bientôt
de cris désespérés, de hurlements féroces, du vacarme des armes qui se
heurtaient dans la mêlée furieuse.
    Léonnatos s’agenouilla devant le roi
et lui dégrafa sa cuirasse. Mais il vit ses yeux se remplir soudain de larmes
et de désespoir. « Péritas, s’écria Alexandre. Non ! Que t’ont-ils
fait, Péritas ! »
    Couvert de sang et de sueur, le molosse
se traînait péniblement vers son maître en geignant, un javelot planté dans le
côté.
    « Appelez Philippe !
hurlait Léonnatos. Le roi est blessé, le roi est blessé ! »
    Péritas réussit à atteindre la main
d’Alexandre et à la lécher une dernière fois, puis il s’effondra, inanimé.
    « Péritas, non ! »,
gémissait le roi en sanglotant et en serrant sur sa poitrine l’ami qui était
tombé pour lui sauver la vie.
    Perdiccas survint alors, épuisé et
ensanglanté. « Je n’arrive pas à trouver Philippe. Dans le désordre de la
bataille, personne n’a pensé à lui donner un cheval.
    — Que faisons-nous ?
s’écria Léonnatos, la voix brisée par l’angoisse.
    — Nous ne pouvons pas le
transporter dans cet état. Il faut extraire la pointe. Tiens-le : il va
souffrir horriblement. »
    Léonnatos replia les bras
d’Alexandre derrière son dos et les maintint fermement tandis que Perdiccas
déchirait le chiton du roi pour dénuder la blessure. Puis, posant la main sur
la poitrine d’Alexandre, il essaya, de l’autre, d’arracher la pointe du javelot.
En vain : elle était encastrée entre la clavicule et l’omoplate.
    « Il faut que je prenne appui
sur l’omoplate avec la pointe de l’épée, dit-il. Crie, Alexandre, crie aussi
fort que tu le peux, je n’ai rien pour atténuer la douleur ! »
    Il dégaina son épée et la glissa
dans la blessure. Tandis qu’Alexandre hurlait, Perdiccas chercha l’omoplate de
la pointe de son arme. L’ayant trouvée, il prit appui dessus, ce qui lui permit
de dégager le javelot, qui libéra un flot de sang. Le roi s’évanouit dans un dernier
cri.
    « Un tison, Léonnatos,
vite ! Nous devons cautériser la plaie, sinon il mourra
d’hémorragie. »
    Léonnatos partit en courant. Il
revint

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