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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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chapelain, Robert de Sorbon, à créer un collège destiné à accueillir seize pauvres bacheliers ès arts, afin qu’ils puissent préparer dans des conditions égales à celles des réguliers leur doctorat de théologie.

    Il avait écrit dans sa lettre à son fils Philippe :
    « Cher fils, je t’enseigne à apaiser les luttes entre les hommes, car c’est une chose qui plaît beaucoup à Notre Seigneur. Et saint Martin nous a donné un très grand exemple, car au moment où il savait par Notre Seigneur qu’il devait mourir, il est allé faire la paix entre les clercs de son archevêché, et il lui a semblé, en le faisant, qu’il mettait bonne fin à sa vie… »
    Et le roi de conclure :
    « Cher fils, je te donne toute ma bénédiction qu’un père peut et doit donner à son fils, et je prie Notre Seigneur Jésus-Christ que par Sa grande miséricorde…, après cette mortelle vie, nous puissions venir à Lui pour la Vie éternelle, là où nous puissions Le voir, aimer et louer sans fin. Amen. »

    Il écrivit une lettre « à ma chère et bien-aimée fille Isabelle, reine de Navarre, salut et amitié de père » :
    « Chère fille, parce que je crois que vous retiendrez plus volontiers de moi, parce que vous m’aimez, que vous ne feriez de plusieurs autres, j’ai pensé que je vous ferais quelques enseignements écrits de ma main… »
    C’est la même voix, les mêmes mots que ceux adressés à Philippe :
    « Ayez le coeur pitoyable envers toutes gens que vous saurez qui aient malheur ou de coeur ou de corps, et secourez-les… »
    Mais il ajoute :
    « Obéissez humblement à votre mari… Il me semble qu’il est bon que vous n’ayez pas trop grand surcroît de robes à la fois ni de joyaux… Prenez garde que vous n’alliez pas à l’extrême dans vos atours, et inclinez-vous toujours vers le moins plutôt que vers le plus… »

    Ce roi si bienveillant, si mesuré, j’ai vu son regard flamboyer de colère et ai entendu sa voix fustiger ceux qui
oubliaient la mesure et la modestie, négligeaient leur âme au profit de la chair, ou, pis encore, ne respectaient pas la justice.
    Il s’indigna ainsi d’apprendre que trois jeunes gentilshommes flamands installés à l’abbaye Saint-Nicolas-des-Bois, près de Laon, ayant sans le savoir chassé sur les terres du seigneur Enguerrand de Coucy, avaient été pris et, sans procès, pendus.
    Louis fit aussitôt arrêter le sire de Coucy dans son château, à la grande indignation des barons.
    Le roi refusa l’application de ce privilège qu’était la loi de bataille, ce duel judiciaire entre deux chevaliers armés de pied en cap. C’était un procès et non un tournoi qui devait régler la dispute.
    « La bataille ne nous aide pas à déterminer la justice d’une cause. Il faut l’enquête », dit-il.
    Il maintint enfermé le sire de Coucy et obtint sa condamnation.
    Je sais, la peine était légère : dix mille livres d’amende et serment de passer trois ans en Terre sainte où Enguerrand de Coucy ne se rendit d’ailleurs jamais.
    Mais ne te méprends pas, Hugues, le roi dut affronter en la circonstance la plupart de ses barons, cependant il ne céda pas. Il était impitoyable avec lui-même, ce qui l’autorisait à se montrer aussi sévère envers les autres. Et quand il fustigeait, il se faisait accompagner par son confesseur, Geoffroy de Beaulieu, qui jugerait ensuite si le roi n’avait pas manqué à la charité.

    J’ai vu une femme trembler et pâlir quand le roi s’est adressé à elle.
    Il parlait sans courroux, mais avec rudesse.
    Écoute bien, Hugues de Thorenc, et imagine ce que cette dame ressentit en entendant le souverain :
    « Madame, je voudrais vous rappeler une chose utile pour votre salut. On dit que vous étiez autrefois une belle dame, mais ce temps-là est révolu, comme vous le savez. Vous pouvez donc comprendre que cette beauté-là est vaine et inutile qui passe vite, comme une fleur se fane immédiatement et ne dure pas. Et vous ne pourrez jamais restaurer cette beauté, quels que soient les traitements et les soins que vous employiez. Il vous convient donc d’acquérir cette autre beauté, celle de l’âme, et non pas celle du corps, par laquelle vous pourrez plaire à notre Créateur et compenser pour votre négligence à cet acte dans le passé. »

    Tel était le roi, rendant parfois la justice sous l’un des chênes de son château de Vincennes, innocentant un clerc accusé d’avoir

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