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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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portée par le roi, par ses vassaux, Geoffroy de Sergines et Jean de Beaumont, lorsque nous avions, en 1249, débarqué sur la terre d’Égypte.
    L’armée royale repartait donc en croisade.
    Le 15 mars 1270, Louis se rendit pieds nus, au milieu d’une grande affluence de peuple, du palais de la Cité à Notre-Dame.
    J’étais agenouillé derrière lui, dans la grande nef, et nous entendîmes la messe.
    Puis le roi se rendit au château de Vincennes où il fit ses adieux à la reine Marguerite.

    Alors commença la chevauchée du roi, de ses trois fils, Philippe, Jean et Pierre, et de ses chevaliers vers Aigues-Mortes. C’était le chemin que nous avions déjà emprunté et je retrouvai les oeuvres de pierre, les voûtes en ogives, les clochers clamant la piété et la foi à Sens, Vézelay, Cluny.
    C’était, chaque fois, messe et communion en l’honneur de Dieu. Mais quand nous arrivâmes à Aigues-Mortes où avaient déjà conflué des milliers d’hommes en armes, les bateaux manquaient.
    Et nous apprîmes que le pape Clément IV étant mort, le conclave des cardinaux n’avait pas encore choisi son successeur. L’Église était sans souverain au moment où commençait la croisade.
    J’y vis un mauvais présage.
    Comme le fut aussi la prolongation de notre attente à Aigues-Mortes.

    L’armée de la croisade comptait une dizaine de milliers d’hommes d’armes.
    Ils s’étaient répandus dans la ville et ses environs. Les Catalans et les Provençaux se battaient contre les Français. Chaque jour on relevait une dizaine de morts.
    Était-ce cela l’esprit de croisade, cette fraternité censée unir tous les chrétiens ?
    Il fallut punir, pendre ceux qui poussaient à la guerre entre croisés des différentes nations.
    Le 1 er  juillet 1270, le roi Louis IX de France embarqua sur la nef Montjoie .
    J’étais près de lui, à la proue, quand, le 2 juillet, on hissa enfin les voiles.
    64.
    Le roi est mort à Carthage, en terre infidèle de Tunisie, le lundi 25 août 1270 vers trois heures.
    La mort était notre compagne depuis que nous avions quitté Aigues-Mortes et vu disparaître les côtes du royaume. La tempête dispersa aussitôt notre flotte, et quand nous nous amarrâmes dans le port de Cagliari, en Sardaigne, nous avions déjà perdu une dizaine d’hommes et dûmes débarquer et abandonner une centaine de malades.

    Le roi avait fait célébrer quatre messes durant notre traversée d’Aigues-Mortes à Cagliari : en l’honneur de la Vierge, des Anges, du Saint-Esprit et des Morts.
    Je l’ai observé lors de cette dernière messe : il avait le visage d’un homme résolu que rien ne fera reculer, mais qui sait qu’il marche à la mort.
    J’ai d’ailleurs su ce qu’il avait confié peu après à ses trois fils, paroles saintes, mais musique funèbre :
    « Vous voyez, leur avait-il dit, comme, déjà vieux, j’entreprends pour la seconde fois le voyage outre-mer, comment je laisse votre mère, avancée en âge, et mon royaume, que nous tenons en paix et tranquillité et tout comblé d’honneur et de prospérité.

    « Voyez-vous comment, pour la cause du Christ et de l’Église, je n’épargne pas ma vieillesse et comment j’ai résisté aux prières de votre mère de ne pas partir.
    « Au nom du Christ, je renonce à tout : richesses et honneurs pour m’exposer à tout, corps et âme.
    « Je vous emmène avec moi, vous, mes chers enfants, ainsi que votre soeur aînée, et j’aurais emmené mon quatrième fils s’il avait été plus avancé en âge… »
    Il s’est alors tourné vers Philippe, l’héritier du trône :
    « J’ai voulu que vous entendiez ces choses afin qu’après ma mort, et lorsque vous serez monté sur le trône, vous n’épargniez rien – ni femme, ni enfants, ni même votre royaume – pour le Christ, pour l’Église et pour la foi catholique.
    « J’ai voulu vous donner, à vous et à vos frères, ce dernier exemple, et si les circonstances le demandent jamais, j’espère que vous le suivrez. »

    J’ai pensé que c’était là paroles d’un saint homme qui marche sans trembler au martyre.
    Son destin était écrit et je n’ai pas contesté, comme tant de barons, la décision de Louis de débarquer en Tunisie, ce royaume infidèle dont on disait que l’émir voulait se convertir alors que dans le même temps il fournissait des guerriers à l’Égypte afin qu’elle s’opposât aux chrétiens.
    Nous nous dirigeâmes donc vers

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