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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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qui appartenait, comme tous les Thorenc, à cette milice du Christ, écrit :
    « Notre ordre est comme un grand fleuve que viennent grossir les rivières que sont nos commanderies, présentes des bords de la Baltique à la Terre sainte. Nos armes sont aussi bien le glaive que la pièce d’or. Philippe Auguste employa
l’un et l’autre. Une bourse remplie peut davantage qu’une arbalète.
    « Le roi de France en usa ainsi avec les bourgeois des villes qui ralliaient le roi de France parce qu’il offrait et promettait beaucoup. Et qu’on pouvait, d’un coup de dents, vérifier la valeur d’une pièce de monnaie royale.
    « Le roi répète, poursuit Henri de Thorenc, qu’il faut toujours se souvenir que, pour trente deniers, le Judas livra le Christ. Il n’est pas surpris que, contre des pièces sonnantes et trébuchantes, les bourgeois de Rouen lui offrent les clés de leur ville, acceptent d’abattre eux-mêmes leurs murailles et de raser leur château. Il achète aussi le ralliement du sénéchal, du connétable, du capitaine chargé de la défense de la ville.
    « Et en même temps qu’il ouvre sa bourse, il menace, s’adressant aux châtelains et aux bourgeois de Normandie, mais aussi à ceux de toutes les possessions de Jean sans Terre :
    « “Puisque le roi d’Angleterre vous a abandonnés, c’est moi, roi de France, votre Haut Seigneur, qui reprend légalement possession du fief. Je vous prie donc, à l’amiable, de me recevoir comme votre suzerain et me rendre hommage, puisque vous n’avez pas d’autre maître. Vous y trouverez grand profit. Si vous vous avisiez de résister, vous trouveriez en moi un ennemi décidé à vous faire pendre ou écorcher vif.” »
    23.
    Quel homme hésiterait à choisir entre les deniers et le supplice, entre l’or et la potence ?
    Et Philippe Auguste, d’une voix railleuse, selon les dires d’Henri de Thorenc, d’ajouter :
    « Qui voudrait périr écorché pour le seul profit de Jean sans Terre ? »
    Les barons d’Angleterre, les chevaliers, même les plus fidèles aux Plantagenêts, refusent de partir à la reconquête de la Normandie, de la Bretagne, du Poitou, de l’Anjou, de la Touraine et de l’Aquitaine.
    Ils possèdent des terres en France, ils ne veulent pas les perdre et risquer de mourir en tentant d’en chasser Philippe Auguste.
    Un espion rapporte à la cour de France qu’un baron anglais, Guillaume le Maréchal, est prêt à faire hommage au roi de France.
    Philippe Auguste l’accepte, traitant l’Anglais avec bienveillance.
    Le roi Jean s’emporte. « Il se met à rançonner les Anglais sous prétexte qu’ils ne veulent pas le suivre pour l’aider à recouvrer son héritage perdu, volé », écrit un clerc proche de l’archevêque de Cantorbéry.
    Jean sans Terre interpelle Guillaume le Maréchal :
    « Je sais que vous vous êtes fait l’homme lige du roi de France contre moi et à mon désavantage ! »
    Mais aucun baron ne le soutient.
    « C’est assez ! s’écrie Jean sans Terre. Par les dents de Dieu, je vois bien qu’aucun de mes barons n’est plus avec moi ! »

    « Qui voudrait mourir pour Jean sans Terre ? » va répétant Philippe Auguste.
    Il reçoit bourgeois et chevaliers.
    Il accorde aux premiers de nouveaux privilèges, confirme les chartes, prodigue les privilèges aux villes et aux couvents. Henri de Thorenc, qui parcourt l’Aquitaine à ses côtés, recueille les propos des chevaliers et seigneurs qui lui ont ouvert leurs châteaux : « Le roi Jean est un homme sans honte ! disent-ils. Il devrait cependant bien rougir, s’il se souvient de ses ancêtres. Toute l’Aquitaine regrette le roi Richard, qui ne craignait pas, pour se défendre, de prodiguer or et argent. Mais le roi Jean n’en a cure. Il n’aime que le jeu de la chasse, les braques, les lévriers, les autours. Il s’est enfui en Angleterre au mépris de l’honneur, et se laisse déshériter tout vif ! »

    Philippe Auguste écoute et Henri de Thorenc s’étonne d’entendre le roi murmurer :
    – Ce sont des félons ! Il faut garder la main serrée sur le glaive. Ils abandonnent Jean sans Terre. Ils peuvent renier l’hommage qu’ils m’ont prêté. Qui peut faire confiance à Judas ?
    Philippe n’est donc pas surpris quand il apprend qu’un certain nombre de barons ont rejoint Jean sans Terre qui vient de débarquer avec une troupe de chevaliers à La Rochelle, et qu’il entreprend la reconquête du

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