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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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Skiatook sitôt qu’Amos Burton a débarqué de Dover pour nous avertir que Bob requérait notre présence. Je n’avais pas d’avis tranché sur les banques ; simplement, Bob comptait sur moi, j’ai donc répondu à l’appel. Nous sommes demeurés une semaine à l’abri en gazon, à jouer au monte [8] auprès d’un feu de camp la nuit ou à lézarder au soleil en fumant, avec de larges feuilles d’acajou blanc en guise de couvre-chef. Et quand Bob est enfin arrivé de l’Ouest, mon frère Grat était avec lui, deux cruches d’alcool de maïs sur les genoux.
    Bob a dessanglé sa selle et étalé sa couverture au soleil dans l’herbe tandis que, à l’ombre sous l’avant-toit de l’abri, le reste de nos troupes roulait des cigarettes et faisait tourner l’une des cruches en faïence. Bob a épousseté son chapeau sur son pantalon, récupéré une étrille dans l’une de ses sacoches et m’a dévisagé en plissant les yeux par-dessus la croupe de son cheval.
    « Tu as demandé Julia en mariage ? m’a-t-il interrogé.
    — Non.
    — Alors il va falloir qu’on règle ça.
    — Elle ne m’épousera pas, ai-je répliqué. Ce n’est pas comme pour un mariage arrangé. C’est pareil que Miss Moore : elle a son mot à dire. Je vais lui poser la question, mais elle ne me suivra pas  – pas Julia. De toute façon, ça me décevrait, une fille qui voudrait bien de moi. Honnêtement, c’est vrai. Faudrait qu’elle soit pas bien maligne. Julia va me répondre Non avec un grand N. Et je ne l’en blâme pas le moins du monde. »
    Mon frère a paru trouver tout ça très drôle.
    « À mon avis, mon gars, il va falloir que tu révises un chouïa ton laïus », a-t-il commenté.
    De la poussière flottait de sa monture à chaque coup d’étrillé. La robe de sa jument luisait de sueur à l’emplacement de la couverture de selle.
    « Je suppose qu’Eugenia et toi, vous avez pris du bon temps à Hennessey, ai-je aventuré.
    — Tu l’as dit, a acquiescé Bob. C’était fichtrement romantique. »
    Je suis resté planté là, les pouces dans les passants de ceinture, une cigarette entre les doigts.
    « Les femmes savent y faire, hein ? » ai-je médité.
     
     
    La bande a atteint le Kansas le lendemain au crépuscule et Coffeyville à minuit, pour une petite répétition, un galop d’essai  – et une première prise de contact avec la ville pour Powers et Broadwell. Sitôt sur le territoire de la commune, nous avons ralenti l’allure, dépassé l’auberge Farmer’s Home et longé au pas la Huitième Rue en direction du centre. Les réverbères étaient allumés au coin de chaque pâté de maisons, mais hormis un air de danse endiablé au violon émanant du temple maçonnique au coin de Maple Street et de la Neuvième, tout était noir et silencieux et Bob avait du mal à reconnaître les bâtiments. Il a tiré d’une de ses sacoches une chaussette dans laquelle était rangée une paire de lunettes que je ne l’avais jusqu’alors jamais vu porter et il a calé tour à tour chaque branche derrière une oreille.
    « Je vois jusqu’au Nebraska, avec ça, s’est-il vanté avant d’arrêter son cheval devant le music-hall et de préciser : nous attacherons les bêtes ici. »
    Nous avons suivi Bob à pied et contourné le music-hall par l’ouest, dépassant une courte ruelle qui a depuis été annexée par la chambre de commerce et qui était alors délimitée au sud par le mur de derrière de l’immeuble Luther Perkins  – immeuble dont la façade était plus étroite que l’arrière en raison de la convergence de Walnut et Union Street vers la place et dont la forme trapézoïdale faisait figure dans tout l’État d’audace architecturale aussi déroutante que le Flatiron Building de New York ; construit en 1890, aussi tarabiscoté et absurde qu’une pièce montée, c’était la fierté de la ville et la banque C. M. Condon and Company en occupait le rez-de-chaussée et le premier étage.
    Je me suis assis sous l’avant-toit en fer-blanc pendant que les quatre autres traversaient Union Street et que Bob chuchotait des noms et des instructions à voix si basse qu’on ne l’entendait pas à plus d’un mètre. Une inscription indiquait que la façade de la banque avait été conçue par les frères Mesker, de St Louis, en 1887. Les briques rouges sous mes bottes avaient été fabriquées par la Coffeyville Vitrified Brick and Tile Company, mais n’étaient pas datées.

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