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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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jouait souvent avec mon fils. La nourrice de mon petit Hugues et celle de son nourrisson étaient fréquemment ensemble, tantôt ici, tantôt là, pour prendre soin d’eux et les amuser.
    — Et le père de ses enfants ?
    — Peut-être l’as-tu rencontré ? Un garde impérial, alaman d’origine, nommé Liutfrid. Elle l’avait épousé à l’âge de dix-sept ans. Il est mort il y a un peu plus de deux années : il s’est noyé dans la Moselle.
    — Depuis combien de temps était-elle à ton service ?
    — Je la connaissais déjà… je veux dire avant d’avoir été distinguée à la cour par notre seigneur. Je lui ai offert de suivre ma fortune… Effroyable fortune, hélas…
    Childebrand laissa à Régina le temps de se reprendre, avant de poursuivre :
    — Je me vois obligé maintenant de te demander ce qui s’est passé pendant cette nuit détestable. Comment as-tu été alertée ?
    — Hugues m’a réveillée, un peu avant minuit, en pleurant et criant, et aussi en gesticulant comme si quelque chose l’avait effrayé. Blanche, sa nourrice, était auprès de lui. Nous avons appelé Rikhilde. Personne n’a répondu. Alors, inquiètes, nous sommes entrées dans sa chambre et là…
    Régina arrêta son récit pour essuyer les larmes qui coulaient à nouveau sur son visage.
    — J’ai peu de choses encore à te demander, dit le comte. D’abord ceci, qui est de première importance : comment se fait-il que ni toi ni Blanche n’ayez rien entendu ? Les agresseurs devaient être au moins quatre. Forcer l’entrée d’un logis, assassiner une femme et ses enfants, de manière atroce, assommer une servante, rien de cela ne peut être perpétré sans bruit. En outre les bandits ont dû passer de la chambre de Rikhilde aux appartements de l’empereur en traversant le couloir, poignarder le garde qui s’y trouvait, s’emparer des coffres et repartir, sans nul doute, par où ils étaient venus. Et tout cela sans alerter personne ?
    — Et pourtant c’est ainsi, seigneur. Je ne me l’explique pas davantage que toi, d’autant que tout cela s’est déroulé non loin des logements du chambellan, du sénéchal et de leurs domestiques. Pas plus que moi ils n’ont entendu de bruits suspects…
    — Quatre agresseurs au moins, répéta Childebrand songeur, toute cette agitation… dans un complet silence ?…
    Il se leva pour prendre congé.
    — Ah ! un dernier point, dit-il. Confirmes-tu que la porte permettant d’accéder à la chambre de Rikhilde était fermée ?
    — Elle l’était. Dehors il pleuvait, avec des bourrasques de vent. Dans cette chambre, pas un souffle d’air…
    — Cette porte avait-elle été forcée ?
    — Tu dois bien penser que sur le moment…
    — Certes ! Mais, par la suite !
    — Le comte Hainrik affirme qu’elle ne l’a pas été. Il pense que Rikhilde a pu être assaillie alors qu’elle était dans la cour ; peut-être avait-elle entendu quelque chose de suspect…
    — Avec le temps qu’il faisait ? Nous verrons tout cela. Avec ton accord, je compte demander à la nourrice de tes enfants quelques précisions sur cette soirée tragique. Celle qui servait Rikhilde n’est pas en état de témoigner, m’a-t-on dit. Je tiens à t’assurer que les indications que tu m’as fournies sont particulièrement précieuses. Et je te félicite pour ton courage.
    Regina, qui s’était levée à son tour, s’inclina devant le missus dominicus avec un triste sourire.
    — Que le Tout-Puissant t’assiste, dit-elle, dans ta noble tâche !
    Quand le comte Childebrand, flanqué de Doremus et de l’impressionnant Sauvat, fit irruption dans le poste de garde, les miliciens qui s’y trouvaient, les uns plaisantant et buvant, les autres jouant aux dés, d’autres encore somnolant, parurent frappés de stupeur. En un instant tous étaient debout dans la position réglementaire du respect. Le comte passa devant eux, comme pour une inspection, avec un visage de marbre, jeta un coup d’œil sur les flacons et les gobelets, sur les dés et les cornets qui étaient restés sur les tables, enfin sur l’ensemble de la salle, notamment sur les armes posées çà et là.
    — Qui était de patrouille aux premières heures de la nuit, c’est-à-dire au moment où étaient perpétrés ce vol et ces meurtres ? dit-il d’une voix glaciale.
    Deux hommes se présentèrent devant lui en tremblant.
    — Casque, broigne ( 9 ) et glaive court ! Ordonna-t-il. Qu’est-ce que vous attendez ?
    Les

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