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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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main-d’œuvre venait de Yutz, localité située en face de la villa impériale sur la rive droite de la Moselle. Des hommes et femmes, à chaque aube, traversaient la rivière soit sur la glace à pied, soit en bac, pour venir travailler à la résidence de Thionville et regagnaient leur bourg à la nuit tombée.
    La disposition de l’aile droite du palais retint longuement l’attention du missus dominicus. Il constata qu’on pouvait pénétrer dans les appartements réservés à l’empereur de multiples façons.
    — En somme, s’écria-t-il, ils sont ouverts à tous les vents !
    — Cependant, grâce à nos patrouilles… tenta d’objecter le comte Hainrik.
    Childebrand le foudroya du regard.
    — Après ce qui s’est passé ici, comment peux-tu encore parler de vigilance ? jeta-t-il en reprenant son inspection.
    De l’autre côté du couloir qui parcourait le bâtiment, et s’ouvrant sur la cour intérieure, se trouvaient donc les locaux destinés au sénéchal puis l’appartement de Régina, précédé par une vaste chambre. C’est là que Rikhilde, première dame d’atour de la favorite, et ses deux enfants avaient été tués. La domesticité de Régina dirigée par Rikhilde était logée à l’étage. Childebrand ne manqua pas d’observer que les portes donnant sur le couloir central pourraient permettre à Charlemagne de rendre visite à sa concubine et à ses deux fils commodément et en toute discrétion. Il s’agissait d’une précaution grâce à laquelle, bien que sa liaison avec Régina eût l’allure d’un mariage, il voulait éviter toute friction avec sa parentèle légitime.
    Childebrand termina sa visite en s’attardant dans les appartements de l’empereur, attentif à la disposition des accès.
    — Où se trouvaient les deux coffres ? demanda-t-il au comte Hainrik.
    Celui-ci désigna un emplacement situé entre le lit et une grande table autour de laquelle étaient disposés des sièges.
    — Et le corps de ce malheureux garde ?
    — Là, près de ce lieu de prière. Il a certainement tenté de résister.
    Le missus dominicus aperçut quelques taches noirâtres sur le sol.
    — Veille à faire nettoyer cela plus soigneusement, ordonna-t-il. Les coffres, étaient-ils lourds ?
    — Des brancards passés dans des anneaux permettaient à deux hommes de transporter chacun d’eux aisément.
    — Ce qui ferait quatre agresseurs, au moins ?
    Childebrand étouffa un juron, puis sortit de la chambre en maugréant. Il regagna le vestibule et dit à ses accompagnateurs, après les avoir regardés tour à tour sans aménité :
    — Félicitations, vraiment ! Seules Négligence, Incurie et Incompétence, si ce n’est pire, peuvent expliquer qu’un forfait scandaleux et des meurtres abominables aient pu être perpétrés en ces lieux. Je vous entendrai tout à l’heure. Vous avez des comptes à rendre… à moi… et par moi à l’empereur lui-même.
    Le missus se tourna alors vers Doremus et Sauvat et leur fit signe de le suivre, laissant ses interlocuteurs pantelants.
    Après la collation qui lui donna l’occasion de s’entretenir avec ses assistants, l’envoyé du souverain convoqua pour une audience, comme il l’avait prévu, le comte Hainrik, le commandant Médéric ainsi que Hunault et Romuald.
    — Selon le rapport qu’on m’a fait avant que je ne parte d’Aix, commença Childebrand, ces événements se sont produits le 26 du mois de mars ( 8 ), soit trois jours seulement après l’arrivée de votre convoi en cette résidence.
    — Oui, pendant la troisième nuit, précisa Hunault.
    — Notre voyage depuis Aix avait été très pénible et avait demandé plus d’une semaine, intervint Hainrik. Le vent, le froid, la neige nous avaient retardés, alors…
    — Je sais. Êtes-vous arrivés de nuit ? coupa le missus dominicus.
    — Oui et avec soulagement. Si nous avions su ce qui nous y attendait…
    — Vous n’étiez donc là que depuis deux jours pleins quand le drame s’est produit.
    — C’est pourquoi, seigneur, nous n’avions pas encore eu le temps de procéder entièrement à notre installation. Il y avait ici fort à faire pour remettre tout en ordre et d’abord pour rassembler les serviteurs, servantes et hommes de peine dont nous avions besoin. Et avec la débâcle de la Moselle…
    — Car ce renfort vient de Yutz ? demanda le missus.
    — Par la force des choses : c’est la seule bourgade a proximité, indiqua Hainrik.
    — Est-il impossible que se soit

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