Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
vous ! En amour comme à la guerre, qui tarde trop perd la bataille ! répliqua le comte d'un ton faussement martial qui fit sourire le vieil homme.
    — Tu as raison, et ce n'est pas moi qui vais te contredire, tu le sais !
    C'était justement par sa rapidité d'exécution que Hugues de Rabutin avait conquis le titre de grand prieur de France qui lui rapportait cent mille livres de rente par an. À la mort de son prédécesseur, M. de La Porte – un oncle de Richelieu –, Hugues de Rabutin, commandeur des hospitaliers, avait précipité l'élection et été élu, alors même que le chevalier de Guise – appuyé par Gaston d'Orléans – était le candidat de la Cour.
    La régente Anne avait été prise de court par ce choix, mais n'avait osé défier les dignitaires hospitaliers, d'autant que le nouveau grand prieur n'était pas d'un caractère facile et ne se serait pas laissé facilement évincer.
    — Te sens-tu capable d'aller un peu marcher dans l'enclos ? s'enquit Hugues de Rabutin.
    — Bien sûr, mon oncle ! Je suis assis depuis ce matin dans cette infernale voiture !
    — Alors allons-y ! Va prévenir mon valet de chambre qu'il me porte mes bottes et mon manteau. Je te rejoindrai dans le vestibule.
    *
    Roger de Bussy s'exécuta. Après avoir parlé au valet, il retrouva Saint-Félis et l'intendant dans l'entrée de l'hôtel. Ce dernier expliquait à l'ordonnance où logerait l'escorte. Les bagages du comte de Bussy-Rabutin étaient déjà là et le valet de chambre attendait qu'un domestique les monte dans l'appartement de son maître ; en vérité une petite chambre bien mal chauffée.
    Bussy donna quelques informations à Saint-Félis, dont c'était la première venue au Temple, et le prévint qu'il ressortait avec son oncle. Il terminait ces explications quand le grand prieur arriva couvert d'une épaisse pelisse et accompagné d'un laquais qui portait son chapeau.
    L'oncle et le neveu sortirent seuls. Le grand prieur reprit alors sa conversation, tandis qu'ils se dirigeaient vers l'arrière de l'hôtel.
    — Tu sais que les revenus de l'Ordre ont beaucoup augmenté depuis que j'en suis le prieur, Roger, et que ma crainte était que le Mazarin, qui est perpétuellement à la recherche d'argent, ne soit tenté de nous en larronner une partie, comme le roi d'Espagne l'a fait avec le grand prieuré de Castille.
    — Je m'en souviens, mon oncle, et comme je te l'avais promis, j'en ai parlé à Mgr de Condé afin qu'il intervienne en votre faveur.
    Roger de Rabutin s'en souvenait d'autant plus qu'il s'agissait d'une discussion remontant à la fin de l'hiver dernier. Son oncle lui avait promis quatorze mille livres de rente s'il parvenait à convaincre le Prince d'empêcher que l'on ponctionne les revenus de l'Ordre.
    — Condé a fait ce qu'il a pu, Roger, je te le certifie. Hélas, nous surestimions son influence auprès du Mazarin qui est parvenu à nous piller quand même une partie de nos bénéfices. Pourtant, avec l'appui du Prince et de ses amis, j'ai réussi à démembrer une partie de nos terres qui resteront à l'abri du rapace sicilien. Il est donc juste que tu profites de ce que j'ai pu sauver ! C'est pourquoi j'ai décidé de te remercier par le cadeau que tu vas découvrir, conclut-il dans un petit rire grinçant.
    Ils avaient traversé la cour de l'Intendance et, par une poterne sous un bâtiment où logeaient des religieux, pénétrèrent dans le cloître qui entourait l'église et servait de parvis. En vérité, c'était un cloître incomplet qui n'avait que deux galeries à arcades en arcs brisés surmontées de charniers pour les os du cimetière.
    Le sol gelé se révélant glissant, Roger tenait son oncle par le bras. Ils passèrent devant la rotonde, la nef circulaire de la vieille église des templiers, construite suivant le modèle de celle du Saint-Sépulcre, puis continuèrent sur un petit chemin, sorte de ruelle bordée de boutiques, avant de déboucher sur un groupe de maisons serrées dans l'ombre du grand donjon. Il y avait là des échoppes, dont celle d'un épicier qui, ayant trouvé la recette d'une tisane purgative, connaissait depuis un prodigieux succès.
    Le grand prieur s'arrêta devant l'une des maisons contre laquelle se dressaient des échafaudages. C'était une vieille bâtisse de pierre à un étage, un peu de guingois, avec une porte voûtée en ogive et une minuscule fenêtre en façade. Au-dessus de la porte était creusée une croix

Weitere Kostenlose Bücher