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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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péché. Les communautés de femmes cathares accueillent toutes les personnes sur un pied d’égalité. »
    Alix éclata d’un rire franc, qui contrastait avec l’austérité du discours. « Je ne me sens pas le goût pour cette vie de nonne, même cathare. »
    Sa beauté, l’éclat de sa tenue la faisaient paraître comme un soleil auprès du sombre Bonhomme. Pratique, elle voyait dans l’adhésion à la religion cathare un moyen d’échapper aux manigances de son frère. Curieuse, elle avait envie d’en savoir plus sur cette théorie égalitaire, où une même âme passait du corps d’une femme à celui d’un homme.
    « Que dois-je faire pour rejoindre votre religion ? Dois-je abjurer ? Dois-je renoncer à recevoir mon confesseur qui, parfois, me conseille bien ?
    — Point du tout. Il vous faudra assister à mes prêches et recevoir de moi l’imposition des mains. »
    Suivant les instructions d’Hugues de Vassal, elle fit son melhorament 1 . Tombant à genoux, elle s’inclina trois fois jusqu’à toucher le sol de son front, en récitant le Benedicite, puis en prononçant la phrase rituelle : « Bons Chrétiens, donnez-moi la bénédiction de Dieu et la vôtre. Priez Dieu pour nous, afin qu’il nous garde de mauvaise mort et qu’il nous conduise à bonne fin, entre les mains de fidèles chrétiens.
    — Dieu vous bénisse, arrache votre âme à la mauvaise mort et vous conduise à bonne fin », répondit le Parfait.
    Puis ils échangèrent le baiser de paix. Ne pouvant toucher une femme sous peine de pécher gravement, Hugues embrassa le livre sacré, l’Évangile de Jean, qu’Alix toucha à son tour de ses lèvres.

    Bernard se réjouit fort de voir son épouse le rejoindre au sein de la religion des Bons Chrétiens. Ainsi, elle échappait à l’influence pernicieuse de l’Église catholique, toujours prompte à utiliser les femmes pour sa besogne, et il pouvait garder en main l’héritage de son beau-père, qui n’était plus soumis au dictat de Rome. Cette conversion embellissait également leur relation. Il pouvait désormais parler sur un pied d’égalité avec elle, et lui confier tous ses secrets. Il lui parla gravement de ce talisman que son ancêtre avait ramené d’Orient. Elle n’y prêta guère attention, touchant à peine de ses doigts le grossier bijou.
    « Une si petite et médiocre chose peut-elle posséder autant de pouvoirs ?
    — Parfois une simple parole sauve le monde. »
    Peu de temps après, Alix se trouva enceinte ; elle y vit l’approbation de Dieu concernant son choix. Bernard ne cachait pas sa joie d’attendre un héritier.
    « Tu portes le diable dans ton ventre ! » maugréa Bathilde, la vieille Parfaite qui travaillait au château comme chambrière. Alix blêmit et chancela sous le choc de telles paroles.
    « Que dis-tu, maudite femme ! Tu vas porter malheur à mon enfant !
    — Enfanter, c’est enchaîner une âme pure dans un corps voulu par Satan. C’est un crime, le plus grand des péchés, que de mettre au monde un enfant dans cette vallée de larmes. Moi-même, je m’y suis toujours refusée. »
    Alix, après avoir secoué la vieille femme, la précipita au sol et, s’emparant d’un tabouret, la frappa jusqu’au sang. Elle se serait laissée aller aux pires excès sans l’intervention de Bernard qui chassa la chambrière.
    « Laisse-la, c’est une ignorante. Elle ne sait pas qu’il faut offrir des corps aux âmes errantes pour qu’elles achèvent de se purifier sur terre. Tu portes peut-être en toi un futur Parfait. »

    Alix mit au monde une petite fille qu’ils prénommèrent Blanche, pour la placer sous le signe de la pureté des anges. Par précaution, elle reçut le baptême de l’eau des mains de son confesseur catholique, et fut également présentée à Hugues de Vassal.
    S’agissait-il de malédiction, de volonté divine ou de causes naturelles ? Aucun autre enfant ne vint bénir leur union, bien qu’ils missent un soin particulier à pratiquer, aussi souvent qu’ils le pouvaient, l’acte de chair qu’autorisaient les Parfaits et préconisaient les troubadours.
    1 Dans la religion cathare, salut rituel du fidèle envers le Parfait à qui il demande sa bénédiction.

6

    Castelnaud, 1209.
    Lorsqu’en juin 1209 l’immense armée croisée, forte de cent mille hommes, se rassembla à Lyon, avant de fondre sur les terres du comte de Toulouse, Bernard pouvait encore croire que ses fiefs seraient épargnés.
    « Le

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