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Le train de la mort

Le train de la mort

Titel: Le train de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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1944
    TRAIN DE LA MORT
     
PARTANTS DE COMPIÈGNE : 2 166
    MORTS PENDANT LE VOYAGE : 536
    IMMATRICULÉS À L’ARRIVÉE : 1 630
     
    Le soir du 5 juillet 1944, les rescapés du Train de la Mort confrontèrent leurs « estimations » des pertes du voyage.., Cela n’était guère facile car la plupart des déportés ignoraient l’identité des autres « voyageurs » de leur wagon. Le bruit courait, entretenu par la rumeur, les responsables de blocks, les personnalités du camp, qu’il y avait «  plus de mille morts ».
    Le lendemain, ce nombre tombait à 870 (nous étions 2 500 au départ, nous sommes 1 630 vivants à l’appel : donc 870 sont morts pendant le voyage). Mais personne n’avait tenu en main la liste de départ, sauf l’abbé Fabing, et l’abbé Fabing (il me l’a confirmé) n’avait pas eu le temps de compter, le commandant de Dachau étant pressé de récupérer cette liste (unique et précieuse ; on se souvient du parapluie tenu pendant une partie de l’appel par un S.S., au-dessus de la tête de l’abbé Fabing).
    Dans les jours qui suivirent, le nombre des morts remonta à 984, sans que l’on sache exactement par quels cheminements ou recoupements, des déportés arrivaient à ce total. Et puis Eugen Pfeiffer qui avait participé au déchargement des cadavres (mais ne les avait pas comptés) confirma « 984 », puis un déporté, Auguste Thillot affirma : « J’étais le premier à gauche dans la colonne au moment où elle franchissait la porte du camp, je parle allemand, j’ai entendu notre chef de convoi dire : « Je vous amène 1 630 cochons de Français qui puent comme la peste, 984 heureusement sont morts pendant le trajet ». On le crut. Il devait d’ailleurs répéter cette phrase au procès de Metz et personne (même pas la défense de Dietrich) ne lui apporta la contradiction… ce qui était pourtant facile : Dietrich était resté sur le quai et ce sont des S.S. de Dachau qui ont pris « livraison » des arrivants ; quant à l’appel qui devait fixer le nombre des présents et non celui des absents, commencé le 5, il fut interrompu et ne se termina que le 6. Cependant, à Metz comme à Dachau, on crut Thillot.
    Le camp de Dachau se contenta de cette « vérité de 984 » (bien que des déportés comme Michelet, Roche ou Lassus trouvent ce total trop élevé).
    Au procès de Nuremberg, en 1945-46, le Ministère français des Déportés et Prisonniers, dans son document F 274 se limitait à : « Plus de 600 morts » (Tome XXXVII du Tribunal Militaire International, pages 126 et 127). Il se basait, pour établir ce total, sur une première compilation des Archives du camp de Compiègne, comparée au Registre matriculaire de Dachau que l’on venait de retrouver (les 1 630 déportés enregistrés le 6 juillet 1944 ont reçu les numéros allant de 76 418 à 78 047). Les « Chargés de Mission » qui préparaient les documents d’accusation français, avaient en réalité constaté sur leurs listes de Compiègne qu’« en aucun cas le train du 2 juillet n’aurait pu emporter plus de 2 200 déportés ». Il suffisait pour obtenir ce résultat d’une seule soustraction entre un appel du 3 juillet (lendemain du départ) et un appel des deux derniers jours de juin. Donc : 2 200 moins 1 630 donne 570. Ce résultat, approximatif mais logique, nous le verrons, n’était pas très éloigné de la vérité. Le « plus de 600 morts » de l’Acte d’accusation officiel n’était qu’une légère exagération pour couvrir la marge d’erreur toujours présente dans ce genre de problèmes.
    Le procès de Metz, ignora en 1950, ces premières recherches pourtant imprimées dans des Actes Officiels et accepta la « vérité » de 984 morts. Cependant, au cours de ce procès, deux bilans furent cités : 450 morts à Novéant lorsque Dietrich prit le commandement du train ; 483 à l’arrivée de Sarrebourg. Ces nombres furent confirmés par plusieurs témoins et figurent dans les rapports d’enquête des inspecteurs chargés d’interroger les cheminots des gares. Bien que révélé par Dietrich, le « total » de Novéant semble vraisemblable. Ce qui l’est moins, c’est que toujours d’après Dietrich, pour le reste du parcours il n’y aurait eu qu’un mort supplémentaire. À Sarrebourg, nous l’avons vu dans le chapitre consacré aux incidents de cette gare, le commissaire Franz Mulherr est catégorique : 481 morts (plus

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