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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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modeste satellite, le petit ruisseau qui mouillait les douves de la Bastille, ce qui rendrait le fossé moins dangereux en cas de chute si la corde se révélait trop courte. En outre, les invalides de garde aux créneaux seraient certainement peu enclins à risquer leurs membres rhumatisants en dehors de leurs guérites…
    La corde commencée reposait sous le matelas de Gilles. Lui et Pongo avaient soigneusement refait leurs lits afin que l’idée ne vînt pas au geôlier – d’ailleurs reconnaissant car cela lui évitait de remonter – de s’en occuper. Pour plus de sûreté, en outre, le chevalier avait décidé qu’on resterait couchés durant tout le laps de temps qui s’étendrait entre le repas du milieu du jour et celui du soir, attitude sage qui présentait au surplus l’avantage de permettre un repos anticipé pouvant se révéler salutaire.
    Car la nuit promettait d’être rude et, la dernière bouchée du savoureux gâteau au chocolat dont se composait le dessert avalée, les deux prisonniers allèrent tranquillement se coucher et, avec un bel ensemble, s’endormirent du sommeil des justes. Tous deux possédaient en effet la précieuse faculté de s’endormir à volonté ce qui, en l’occurrence, présentait le double avantage d’effacer l’énervement de l’attente et de ménager des forces dont ils allaient avoir le plus grand besoin…
    Ils se réveillèrent peu avant le souper, y firent honneur en gens qui ignorent encore comment ils déjeuneront le lendemain puis quand le geôlier eut desservi et qu’ils furent bien certains de ne plus être dérangés, les deux hommes se mirent à l’ouvrage. À l’aide du couteau remis par le roi et qu’ils affûtaient de temps en temps sur une pierre de la voûte ils découpèrent en lanières les draps encore intacts, les couvertures et même la toile des matelas.
    C’était un travail rude car les tissus étaient grossiers, très résistants et d’autant plus difficiles à découper puis à tordre et à tresser afin d’obtenir un support suffisamment solide pour un corps humain. Pour plus de longueur, on ajouta les cravates que possédait Gilles.
    Habile, depuis l’enfance, au tressage de lianes, d’herbes, de racines même et de toutes les matières fibreuses poussant à l’état sauvage dans la nature, Pongo travaillait vite et efficacement et Gilles, pour sa part, avait suffisamment fréquenté les pêcheurs dans son enfance, puis les marins durant les préparatifs et la traversée du convoi commandé par le chevalier de Ternay, pour ne rien ignorer des finesses et ressources des nœuds marins.
    Le résultat, après plusieurs heures d’efforts, se présenta sous l’aspect bizarre mais, à tout prendre réconfortant, d’un long filin bosselé, de la grosseur d’un doigt, qu’ils s’efforcèrent de mesurer approximativement en l’étalant à terre sur le diamètre de la prison.
    — Ce sera peut-être un peu juste, murmura Tournemine en conclusion, mais quand nous serons au bout, nous ne devrions pas être bien loin du bas des tours. Espérons que la pluie a mis suffisamment d’eau dans le fossé pour nous éviter de nous rompre les os…
    Les reins endoloris pour être demeuré trop longtemps accroupi, il se redressa sur ses genoux et s’étira. Ce faisant, son regard accrocha, sur la pente de la voûte, une inscription que révélait la flamme de la chandelle posée à terre.
    « Le 20 novembre 1613, Dussault a été amené en cette chambre. Il en sortira quand il plaira à Dieu… »
    Ces quelques mots résignés, gravés dans la pierre par une main depuis longtemps desséchée, lui firent éprouver une désagréable sensation. La piété, trop sévère pour n’être pas un peu étroite, de ses jeunes années lui fit se demander s’il plaisait réellement à Dieu que cette évasion réussît, et si Judith n’allait pas en payer les conséquences… Mais Pongo avait suivi la direction de son regard et lu, lui aussi, la vieille inscription. Il eut un bref sourire, haussa les épaules.
    — Toi me dire toujours roi être représentant Seigneur-Dieu sur terre…
    Gilles lui rendit son sourire, chassant résolument la pensée déprimante.
    — Tu as raison : « Si veut le roi, Dieu le veut aussi… » À présent, il nous faut attendre qu’il soit deux heures. Il doit nous rester une dizaine de minutes…
    Ils les employèrent à repousser de côté le tas de paille et de balle d’avoine qu’ils avaient retirées

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