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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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petite place de la Bastille délimitée par les lanternes allumées à l’entrée du boulevard et des autres rues.
    Sans échanger une parole et d’un commun accord, les deux hommes unissant leurs efforts s’attelèrent à l’un des canons et firent rouler doucement le lourd engin de bronze jusqu’au plus proche créneau afin d’y attacher la corde. Le roi l’avait conseillé et il était impossible de trouver meilleur ancrage.
    Quand il fut certain que la corde tenait bien, Gilles donna à Pongo les clefs qui leur avaient ouvert les portes de leur geôle.
    — Je passe le premier, dit-il. Si la corde ne tient pas, rentre dans la prison et referme les portes sur toi. Tu seras vite libéré car tu n’as rien à te reprocher et le roi d’ailleurs me l’a promis au cas où nous échouerions. Mon ami Winkleried, celui que tu appelles Ours Rouge, s’occupera de toi et te fera repartir en Amérique. Tu lui diras que je l’aimais bien…
    Une brusque émotion le jeta de nouveau dans les bras de l’Indien.
    — Adieu, mon ami… ou bien à tout de suite ce que j’espère fermement, ajouta-t-il avec un sourire.
    Sans attendre de réponse, il empoigna la corde et, tournant le dos au vide, les pieds appuyés à la muraille, commença la périlleuse descente en recommandant son âme au Créateur. Il s’attendait à chaque instant à ce que son support de fortune cassât et le précipitât au pied de la tour.
    Peu à peu, il reprit de l’assurance. Les choses se passaient mieux qu’il ne l’avait craint. La corde tenait bien en dépit des irrégularités qui en rendaient le contact peu agréable mais les prises plus solides. L’interminable muraille glissait lentement sous ses pieds. De temps en temps, il jetait un coup d’œil vers la galerie s’attendant à chaque instant à voir surgir une ronde précédée d’un porte-lanterne. Il savait qu’elles étaient fréquentes mais que, pour des raisons de sécurité, elles n’étaient pas faites à heure fixe. Aucune n’étant passée depuis qu’il s’était approché du bord de la tour, il fallait faire vite. D’autant que l’inconnu, sur sa galerie, devait lui aussi risquer de se faire prendre.
    Tout en descendant, Gilles s’efforçait de ne pas imprimer d’inutiles secousses à son support afin de ne pas l’endommager avant que Pongo, heureusement plus léger que lui, ait pu descendre à son tour. Pour mieux contrôler la longueur de la corde, il avait cessé de descendre en s’appuyant des pieds à la muraille et se contentait de l’étreindre entre ses genoux.
    Tout à coup, après un temps qui lui parut interminable, ses pieds ne touchèrent plus que le vide. Comprenant qu’il était au bout de sa tresse de drap, Gilles leva les yeux, vit la tour dressée au-dessus de lui comme une falaise prête à s’abattre mais un autre regard, en bas cette fois, lui montra un faible miroitement de l’eau. Elle était toute proche.
    « C’est gagné ! » pensa-t-il et, le plus doucement qu’il put, il se laissa glisser. Il entra dans l’eau presque sans éclaboussures, toucha du bout des pieds la pente noyée du fossé et la repoussa d’une détente de ses jarrets pour laisser le champ libre à Pongo. Arrivé au milieu du fossé, il se contenta de se maintenir sur l’eau et ne bougea plus. Là-haut, Pongo qui avait senti la corde devenir molle était déjà en train de commencer sa descente. Ce fut à ce moment-là qu’un bruit de pas fit retentir les planches de la galerie…
    En même temps, la lueur d’une lanterne dessinait brusquement sur la nuit la charpente qui habillait le parapet et, glissant sur l’eau, atteignit Tournemine. Instantanément, il disparut sous la surface. Il avait pu apercevoir deux soldats qui, sans se presser, effectuaient leur ronde habituelle.
    Le cœur battant comme un tambour, il demeura un instant sous l’eau, ravagé d’angoisse à la pensée de Pongo qui avait dû être obligé de demeurer pendu à sa corde, aussi immobile que possible tandis que passaient les deux hommes. En pensant aussi au mystérieux personnage qui devait les attendre, après le coude de la contrescarpe…
    Au bout d’un moment qui lui parut convenable, il refit surface, vit que les gardes avaient passé l’angle et que Pongo, aussi tranquillement que s’il redescendait d’un arbre dans sa forêt natale, progressait calmement le long de la corde que sa teinture de fortune rendait heureusement très peu visible.
    Un moment plus

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