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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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petits aryens entre l’été 1944 et le printemps 1945 ? Le second foyer, Franken II , fait partie d’un ensemble hospitalier. Sur les lieux, on trouve trois bâtiments identiques. Plus personne ne sait lequel accueillit les enfants.
    Le château de Wégimont, à Soumagne, près de Liège, a retrouvé sa fonction d’avant-guerre. C’est un lieu de loisirs et de tourisme familial, avec camping, piscine, parc et aires de jeux. Je m’y suis rendu en février 2011. Je me suis garé devant le château au crépuscule. Dans la cour intérieure de l’énorme bâtisse de briques ocre, quatre lampes étaient disposées autour de la fontaine centrale et diffusaient une lumière verte. La lune se détachait au-dessus du toit mansardé. Une atmosphère irréelle… J’ai sursauté lorsque des voix enfantines ont résonné sous le porche d’entrée. Un groupe d’une dizaine de gosses, âgés de cinq à six ans, rentrait d’une promenade, accompagné par deux monitrices. Le château de Wégimont assure l’hébergement des vacanciers, des randonneurs et, de temps à autre, des groupes scolaires des environs… Sur place, nulle mention visible de ce que fut la maternité SS Ardennen , entre mars 1943 et le 1 er  septembre 1944. J’ai demandé à voir un responsable, pour savoir s’il subsistait des traces de cet épisode. Une jeune femme m’a reçu très aimablement. Elle avait appris l’existence du Lebensborn dans une brochure historique vendue au château. Dans ce petit ouvrage illustré de 32 pages, issu de la collection Carnets du patrimoine de la province de Liège, deux pages sont consacrées au château sous l’Occupation nazie. Voilà tout.
    C’est pourtant bien là que 40 à 50 enfants sont nés d’un père SS, allemand, flamand ou wallon et de femmes majoritairement belges. C’est pourtant bien au pied de cet escalier monumental, baigné d’un étrange halo vert, que ces bambins furent « baptisés » par le Sturmbannführer-SS Walter Lang, spécialiste des questions raciales, ou par le Hauptmannführer-SS Pletsch, blessé durant la Grande guerre.
    Il faisait totalement nuit quand j’ai quitté Wégimont. Le matin même, j’avais fait une halte à 380 kilomètres de Soumagne. À Lamorlaye.
    Là, en lisière de la forêt de Chantilly, l’histoire de l’ancienne nursery SS Westwald est passée par pertes et profits. Seule l’Association Lamorlaye mémoire accueil et sa secrétaire, Lucienne Jean, continuent de rassembler les informations disponibles sur le Lebensborn en général, et sur le manoir de Bois-Larris en particulier. Une fois tous les quinze ans, un article, un documentaire, évoque brièvement l’étrange pouponnière perdue dans la forêt. La municipalité, elle, semble se désintéresser totalement du sujet. Quant au domaine, abritant le centre de réadaptation pour enfants de la Croix-Rouge, il n’est plus accessible au public. Ici non plus, rien ne vient rappeler les 185 jours durant lesquels la SS transforma la propriété de la famille Menier en couveuse de la race nordique. Un détail, pourtant, laisse songeur. Un ornement architectural bien en vue, que je n’avais pas remarqué lors de ma première visite. Sur la façade de briques du manoir, à environ un mètre cinquante de hauteur, à droite de la porte principale, un bas-relief de plâtre blanc se découpe dans un cartouche. La scène représente saint Georges à cheval, terrassant le dragon. Sur cette allégorie où la Foi et le Bien triomphent du Mal, le chevalier a les traits d’un très jeune homme, au visage grave. On devine que, à l’instar des représentations médiévales de saint Georges, sa chevelure est blonde. La bête, transpercée d’une lance, agonise en se tordant sur le sol. À côté d’elle, une tête de mort, semblable au signe de la Totenkopf .
    Les pires démons sont intérieurs. Survivre, grandir, se construire, devenir des femmes et des hommes : les enfants du Lebensborn ont triomphé du mal qui les a engendrés. Ils ont rendu un visage à leurs parents. Erwin, Gisèle, Walter, Christiane et tous les autres ont trouvé en eux une pulsion de vie insondable. Nous ne pourrons jamais comprendre exactement ce qu’ils ont enduré.
    Les enfants destinés à incarner la « race des seigneurs » ne furent que quelques milliers. Quelques dizaines seulement, en France et en Belgique. Dans la gigantesque cohorte des victimes du Troisième Reich, ils comptent aujourd’hui parmi les derniers à

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