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L'empereur des rois

L'empereur des rois

Titel: L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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encombrent le tablier du pont. Ils repartent à la charge, sont à nouveau repoussés.
    Il faut prendre Landshut.
    Il voit s’approcher le général Mouton, un aide de camp qui apporte un message de Davout.
    Il faut toujours un chef à une attaque. Mouton est valeureux. Celui qui m’a dit : « Je ne suis pas fait pour les honneurs des palais et ils ne sont pas faits pour moi », celui-là peut emporter Landshut .
    Napoléon se tourne vers lui.
    — Vous arrivez fort à propos ! Placez-vous à la tête de cette colonne et enlevez la ville de Landshut.
    Mouton met pied à terre, sort son sabre et court vers le pont.
    Je n’oublierai pas cet homme-là ! Ce sont les soldats de cette trempe qui font ma force. Je leur dois tout. Et je leur dois d’exposer ma vie à leurs côtés .
     
    Il s’est installé dans la résidence royale à Landshut. Par la fenêtre, tout en dictant, il voit les troupes qui traversent la ville. Elles marchent vers Eckmühl.
    « Je suis décidé, écrit-il à Davout, à exterminer l’armée du prince Charles aujourd’hui ou au plus tard demain. »
    Le signal de l’attaque sera donné par Davout, qui fera tirer une salve de dix coups de canon.
    Tout à coup, la fatigue le saisit. Il s’assied. Il n’entend plus rien. Lorsqu’il se réveille, à peine une heure plus tard, il voit d’abord le jour qui se lève, clair. Il a mal à la gorge. Roustam lui verse une tasse de lait et de miel. Puis il part à cheval. Il fait frais. Il n’aime pas cette chaussée embourbée qui longe la vallée de l’Isar et sur laquelle les troupes piétinent.
    Eckmühl est au nord. Il veut voir le champ de bataille. Le terrain est accidenté, couvert de monticules et de bouquets de bois, mais dans la direction du Danube, au-delà d’Eckmühl, il découvre une immense plaine au fond de laquelle, sur le fleuve, s’élève Ratisbonne, dont les Autrichiens ont délogé la petite garnison française.
    À 13 h 50, il entend les dix coups de canon de Davout. La bataille débute.
    Il est en avant, entouré de ses maréchaux.
    Quand le crépuscule commence à tomber et que la nuit s’étend, il regarde ce jaillissement d’étincelles que provoquent les sabres lourds frappant sur les milliers de casques et d’armures. Il n’entend pas les cris des combattants, couverts par les chocs sourds des armes qui tapent à coups redoublés.
    Il est surpris de la résistance de la cavalerie autrichienne. La bataille est perdue, mais elle continue de se battre, protégeant la retraite des fantassins vers Ratisbonne.
    Lannes s’approche. Il faut poursuivre l’ennemi, propose-t-il, lancer toute l’armée afin d’en finir avec l’archiduc Charles, et emporter du même élan la ville de Ratisbonne. Napoléon est prêt à donner l’ordre de continuer l’assaut, la marche. Il a si souvent dit que la poursuite est tout, qu’on doit détruire l’ennemi, que, en écoutant Lannes, il lui semble entendre ses propres paroles. Il hésite pourtant. C’est un combat de nuit qui s’engagerait, dit Davout. Les hommes sont exténués. Ratisbonne est à trois lieues encore.
    Il est comme les soldats, il sent la fatigue l’écraser. Voilà des jours qu’il ne dort plus. Il hésite encore, puis il donne l’ordre de bivouaquer.
    Il voit l’étonnement de Lannes, le soulagement des autres officiers.
    — Nous avons remporté la victoire, dit-il.
    Il s’éloigne de quelques pas. Il entend maintenant les cris des blessés et des mourants qui montent de tout le champ de bataille.
    Pour la première fois, il n’a pas ordonné de profiter de la déroute de l’ennemi pour le poursuivre.
    Il n’a pas pu.
     
    À l’aube du dimanche 23, il regarde défiler l’artillerie qui dans un brouillard épais se dirige vers Ratisbonne. Il faut que la ville tombe. Il place lui-même les canons afin de faire abattre de vieilles maisons qui, adossées aux remparts, peuvent en s’écroulant combler les fossés qui entourent la ville. Il s’approche à pied des canons, et tout à coup il ressent une violente douleur dans la jambe droite. Il est déséquilibré, cherche l’appui de Lannes. Une balle l’a atteint à l’orteil droit.
    — Ce ne peut être qu’un Tyrolien, ces gens sont très adroits, dit-il.
    Il s’assied sur un tambour pendant qu’on le panse.
    Cette blessure est-elle un signe ? Il regarde. Elle est sans gravité même si la douleur est intense.
    Il tourne la tête. Il voit des soldats qui accourent. On crie

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