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L'empereur des rois

L'empereur des rois

Titel: L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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de rose ». « Sois calme et heureuse », murmure-t-il.
    Cette tendresse, voilà ce qu’il recherchait. Mais Louis ! Napoléon reprend la plume. « Il vous aurait fallu une femme comme j’en connais à Paris, écrit-il. Elle vous aurait joué sous jambe et vous aurait tenu à ses genoux. Ce n’est pas ma faute, je l’ai souvent dit à votre femme. »
     
    Il est attaché à Hortense, au fils aîné de ce ménage qui porte son nom, Napoléon-Charles, qui est, s’il n’a pas de fils – mais il aura un fils, il le veut, il sait qu’il peut avoir un fils –, son héritier.
    Il se souvient des premiers pas de l’enfant à la Malmaison. Il est heureux d’apprendre, le 12 mai, que Napoléon-Charles, après avoir été longuement malade, est guéri.
    « Je conçois toute la peine que cela a dû faire à sa mère ; mais la rougeole est une maladie à laquelle tout le monde est sujet, écrit-il à Joséphine. J’espère qu’il a été vacciné, et qu’il sera quitte au moins de la petite vérole. »
    Il se promène dans le jardin après la parade de midi.
    La vie. Il veut avoir un fils. C’est une exigence de tout son être, et aussi sa volonté politique.
    Il rentre. Il regarde longuement Marie Walewska. Une femme comme elle pourrait être la mère de son fils, mais il faudrait qu’elle soit à la hauteur impériale. Voilà ce qu’il veut, ce qu’il doit chercher maintenant. Si la guerre se conclut comme il l’entend, alors il pourra peut-être nouer un mariage avec une princesse russe. Pourquoi pas ?
    Il rêve.
     
    Et tout à coup, le 14 mai, cette lettre inattendue qui annonce la mort de Napoléon-Charles, victime du croup.
    Napoléon se tasse. Tant de morts autour de lui. Et maintenant cet enfant. Cette mort si injuste.
    Mais qu’est-ce qu’une vie ? Il écrit à Hortense, lui dit que « la vie est semée de tant d’écueils et peut être la source de tant de maux, que la mort n’est pas le plus grand de tous ».
    Mais la douleur est là qui le creuse.
    « Je conçois tout le chagrin que doit te causer la mort de ce pauvre Napoléon ; tu peux comprendre la peine que j’éprouve, écrit-il à Joséphine. Je voudrais être près de toi, pour que tu fusses modérée et sage dans ta douleur. Tu as eu le bonheur de ne jamais perdre d’enfants ; mais c’est une des conditions et des peines attachées à notre misère humaine. Que j’apprenne que tu as été raisonnable et que tu te portes bien ! Voudrais-tu accroître ma peine ?
    « Adieu, mon amie.
    « Napoléon »
    Misère humaine.
    Il galope dans la forêt. Il répète : « Ce pauvre petit Napoléon. » Que peut-on faire ? Il dit : « C’était son destin. » Il l’écrit, puis se rebelle.
    « Depuis vingt ans, il s’est manifesté une maladie appelée croup, qui enlève beaucoup d’enfants dans le nord de l’Europe, écrit-il au ministre de l’Intérieur. Nous désirons que vous proposiez un prix de 12 000 francs qui sera donné au médecin auteur du meilleur mémoire sur cette maladie et la manière de la traiter. »
    Que peut-on faire d’autre ? Se lamenter contre la cruauté du destin ? À quoi bon ? Mais ni Hortense, ni Joséphine, ni Louis ne sont raisonnables.
    « N’altérez pas votre santé, prenez des distractions », leur dit-il. Ignorent-ils donc ce qu’est la vie ? Ce qu’est le destin ?
    Et les vivants ? Qu’en font-ils, ceux qui pleurent les morts sans fin ?
    « Hortense n’est pas raisonnable et ne mérite pas qu’on l’aime puisqu’elle n’aimait que ses enfants, écrit-il à Joséphine. Tâche de te calmer ! À tout mal sans remède, il faut trouver des consolations ! »
     
    Il ne modifie pas un seul instant l’ordre de ses journées. Chaque jour, il passe à midi les troupes en revue. Il administre l’Empire. Il dicte. Il ordonne. Il étudie les cartes.
    Quand il apprend, le 5 juin, que les troupes de Bennigsen ont attaqué celles du maréchal Ney, il tressaille. Enfin ! Il interroge les aides de camp que Ney lui envoie. « Est-ce une attaque sérieuse ou n’est-ce qu’une escarmouche ? »
    Il sent pourtant que l’appât a joué son rôle. Bennigsen s’avance. Et Napoléon donne à Ney l’ordre de se retirer. Que Bennigsen tombe dans le piège. On l’attaquera sur les flancs. Et, cette fois-ci, il n’en réchappera pas.
     
    Le samedi 6 juin 1807 à 20 heures, Napoléon monte dans une calèche. Il quitte Finckenstein pour Saalfeld.
    Il passe au

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