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L'empereur des rois

L'empereur des rois

Titel: L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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défilent à Madrid en grande tenue.
    — Je la tiens enfin, cette Espagne désirée.
    Il visite Madrid. Mais il n’éprouve aucune attirance pour cette ville qui lui semble froide, hostile malgré l’ordre revenu.
    Il préfère demeurer au château de Chamartín. Il y reçoit les maréchaux, les Espagnols qui se rallient. Il leur parle de la liberté, des décrets qu’il vient de prendre. Il les sent réticents, comme s’ils ne comprenaient pas qu’il veut ouvrir l’Espagne aux idées nouvelles.
    — Vous avez été égarés par des hommes perfides, leur dit-il, qui vous ont engagés dans une lutte insensée.
    Il leur rappelle les mesures qu’il a édictées.
    — Les entraves qui pesaient sur le peuple, je les ai brisées ; une Constitution libérale vous donne, au lieu d’une monarchie absolue, une monarchie tempérée et constitutionnelle.
    Il a, devant leur silence, un mouvement d’humeur.
    — Il dépend de vous que cette Constitution soit votre loi. Si tous mes efforts sont inutiles, il ne me restera qu’à vous traiter en province conquise et à placer mon frère sur un autre trône.
    Il ouvre les mains au-dessus du brasero.
    — Je mettrai alors la couronne d’Espagne sur ma tête, et je saurai la faire respecter aux méchants.
    Il va vers eux.
    — Dieu m’a donné la force et la volonté nécessaires pour surmonter tous les obstacles, dit-il.
    Il s’éloigne, tout à coup pensif.
    Et si un jour Dieu, ou le destin, m’abandonnait ?
    Il se tourne vers les Espagnols.
    Il lui resterait, il en est sûr, la force et la volonté.

21.
    Il jette la lettre de Joseph sur la table où sont déployées les cartes, dans cette pièce du château de Chamartín qu’il utilise comme cabinet de travail. Le brasero placé près de la table rougeoie. Napoléon reprend la lettre. Tout l’irrite, dès les premières lignes de son frère.
    « Sire, écrit Joseph, la honte couvre mon front de ne pas avoir été consulté avant la promulgation des décrets du 4 décembre, après la prise de Madrid.
    « Je supplie Votre Majesté de recevoir ma renonciation à tous les droits qu’elle m’avait donnés au trône d’Espagne. Je préférerai toujours l’honneur et la probité au pouvoir acheté si chèrement. »
    Napoléon serre la lettre dans son poing.
    Qu’a-t-il acheté, Joseph ? Il n’a pas versé son sang ! Il n’a même pas été capable de donner un ordre efficace ! Et quel général lui obéirait, quel grognard le respecterait ? Il restera sur le trône d’Espagne autant qu’il le faudra. D’ailleurs, il n’abdiquera pas ! Trop attaché à son titre !
    Napoléon fait quelques pas, retourne vers la table. Il place sa main à plat sur la carte d’Espagne qui s’y trouve déployée.
    Celui qui décide, celui qu’on respecte, est celui qui se bat .
    Il se penche. Il faut d’abord chasser l’Anglais, le prendre en tenaille. Moore cherchera à rembarquer ses troupes dans un port de Galice, ou à Lisbonne. Et il faut le détruire avant. Et, pour cela, Napoléon doit reprendre l’armée en main.
    Il convoque Berthier.
    — Qu’on fusille les pillards, lance-t-il aussitôt.
    Il montre à Berthier une supplique qui l’invite à gracier deux voltigeurs surpris avec des objets de culte dérobés à une église de Madrid. Ce sont de bons soldats, affirme leur colonel, qui méritent qu’on les gracie.
    — Non. Le pillage anéantit tout, dit Napoléon en marchant dans la pièce, même l’armée qui l’exerce. Les paysans désertent, cela a le double inconvénient d’en faire des ennemis irréconciliables qui se vengent sur le soldat isolé et qui vont grossir les rangs ennemis à mesure que nous les détruisons, cela prive de tous renseignements, si nécessaires pour faire la guerre, et de tout moyen de subsistance.
    — Qu’on les fusille, répète-t-il, les dents serrées.
    C’est le prix de la discipline.
    Il entraîne Berthier vers la carte. Lannes, montre-t-il, assiège Saragosse. Gouvion-Saint-Cyr vient de battre les Espagnols du général Reding à Molinas del Rey.
    — Nous sommes maîtres de la Catalogne, des Asturies, de la Nouvelle et de la Vieille-Castille.
    Mais il faut écraser Moore et ses Anglais, donc se lancer à leur poursuite et ne leur laisser aucun répit.
    — Il sera difficile qu’ils échappent, et ils paieront cher l’entreprise qu’ils ont osé former sur le Continent.
    Il va jusqu’à la fenêtre. Le temps est d’un bleu limpide. Il veut passer

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