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L'empereur des rois

L'empereur des rois

Titel: L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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regarde autour de lui. Les officiers de son état-major sont assis à même le sol.
    Leur attitude dit l’accablement et l’épuisement.
    Il appelle Méneval. Qu’on trouve Bacler d’Albe, qu’on déroule les cartes. Il dicte, en attendant, quelques lignes pour Joseph.
    « J’ai passé la Guadarrama avec une partie de la Garde et par un temps assez désagréable. Ma Garde couchera ce soir à Villacastín. Le maréchal Ney est à Medina. Les Anglais paraissent être à Valladolid, probablement avec une avant-garde, et être en position à Zamora, Benavente, avec le reste de leur armée… Le temps est assez froid. »
    Foutu métier, dont Joseph ne comprendra jamais ce qu’il exige d’un homme, fût-il Empereur !
    La pluie qui tombe maintenant est glacée, et, quand le temps se radoucit, les averses torrentielles transforment les chemins en bourbiers.
    Il voit enfin les rives du Douro. Il remonte les colonnes de fantassins. Il observe ces hommes qui marchent courbés, noyés sous les rafales. Il sent la pluie qui traverse sa redingote, coule de son chapeau dont le bord s’affaisse, imbibé d’eau. Pas un soldat ne lève la tête vers lui, pas une acclamation.
    Il pourrait se laisser aller, donner l’ordre de faire halte pour attendre la fin des pluies.
    Il demande qu’on presse la marche. Il voit les fantassins contraints de se déshabiller pour franchir les torrents dont l’eau est glacée.
    On passe à Tordesillas, à Medina. Où sont les Anglais ?
    Il va en avant. Il n’écoute pas ses aides de camp qui lui répètent que les troupes ne suivent pas. Il galope à travers champs, sous la pluie.
    Parfois il se retourne et aperçoit, sous les rafales, l’escadron de chasseurs de la Garde qui le suit, à plusieurs dizaines de mètres. Il doit être le meilleur, puisqu’il est l’Empereur.
    À Valderas, il attend les bras croisés sous la pluie l’arrivée du maréchal Ney. Au bout d’une heure, il voit s’avancer Ney, confus. L’Empereur a été notre avant-garde, dit le maréchal.
    Napoléon le fixe.
    — Ce qu’il importe de savoir, dit-il, c’est si l’ennemi prend sa retraite sur la route de Benavente ou sur celle d’Astorga.
    Sous la pluie, il donne des consignes. Il faut que les chasseurs de la Garde commandée par Lefebvre-Desnouettes se lancent en avant afin de reconnaître la position des troupes anglaises.
    Il attend. Ce temps est aussi mauvais que celui de la Pologne. Il pense au cimetière d’Eylau. Il sent à nouveau l’inquiétude monter en lui, comme un pressentiment.
    Il décide de marcher sur Benavente parce qu’il ne peut supporter cette inaction. Un aide de camp couvert de boue s’approche, chevauche à sa hauteur. Lefebvre-Desnouettes a été fait prisonnier, crie-t-il. Les chasseurs de la Garde ont dû se replier après avoir été surpris par la cavalerie anglaise.
    Napoléon donne des éperons. Il entre le premier dans Benavente.
    Il se jette sur le lit de la chambre d’une maison enfumée. Il a froid. Il est crotté, couvert de boue. Tout à coup il se souvient qu’on est aujourd’hui le samedi 31 décembre 1808.
    Déjà ! Dans l’année qui commence, il aura quarante ans. Et les Anglais qui demeurent insaisissables ! Et l’armée qui vacille d’épuisement. Et l’Autriche dont il ne sait plus rien, car voilà plusieurs jours qu’il ne reçoit pas de dépêches de Paris.
    Il se lève. Il dicte quelques lignes pour Joseph.
    Foutu métier .
    Les Anglais ont eu de la chance, explique-t-il. « Ils doivent de la reconnaissance aux obstacles qu’a opposés la montagne de Guadarrama, et aux infâmes boues que nous avons rencontrées. »
    À peine a-t-il terminé qu’on apporte des dépêches. Le maréchal Bessières confirme que les Anglais se sont échappés, qu’ils marchent vers la Galice, sans doute pour embarquer à La Corogne. Il faut donc se lancer à leur poursuite, vers Astorga.
    Avant de partir, il écrit à Joséphine.
    « Mon amie, je suis à la poursuite des Anglais depuis quelques jours ; mais ils fuient épouvantés. Ils ont lâchement abandonné les débris de l’armée espagnole de La Romana pour ne pas retarder leur retraite d’une demi-journée. Plus de cent chariots de bagages sont déjà pris. Le temps est bien mauvais.
    « Lefebvre a été pris ; il m’a fait une échaffourée avec trois cents chasseurs ; ces crânes ont passé une rivière à la nage et ont été se jeter au milieu de la cavalerie anglaise ; ils en ont

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