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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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souliers dont les boucles avaient disparu. Nicolas décida de joindre ces objets à tout ce qu'ils avaient trouvé et de procéder plus tard à leur examen minutieux. Il chargea à nouveau Bourdeaude trouver quelque chose qui permette d'emporter leur macabre moisson. Celui-ci revint assez vite avec une vieille malle en osier achetée à un équarrisseur qui en usait pour garder son tablier de travail et ses instruments. Elle fut aussitôt remplie, les os soigneusement enveloppés dans les vêtements.
    Cependant, Nicolas paraissait chercher autre chose et furetait, accroupi, le nez au sol. Soudain, il demanda à Bourdeau de lui donner un morceau de papier, et se mit à estamper de petits cratères qui marquaient un peu partout le sol et s'étaient imprimés dans la glaise avant qu'elle ne soit recouverte de neige et durcie par le gel. Nicolas ne fit aucune remarque particulière. Il ne souhaitait pas transmettre le fruit de sa réflexion, même à Bourdeau. Il ne s'agissait pas de méfiance, mais il ne lui déplaisait pas d'envelopper de quelque mystère la subordination dans laquelle les événements avaient placé l'inspecteur. Il s'en voulut un peu de cette précaution qu'il jugea pourtant préférable aussi longtemps que lui-même restait dans le vague et ne s'était pas encore expliqué certaines de ses observations.
    À un regard interrogateur de son compagnon, il répondit par un coup de menton et par une mimique sceptique. Ils emportèrent la malle. Ils avaient oublié la vieille Émilie qui les considérait, l'air hébété, et reculait devant leur cortège. Nicolas, au passage, la prit par un bras et la ramena à la voiture. Elle pleurait silencieusement et les larmes, délayant ses fards, transformaient si atrocement son visage que Nicolas sortit son mouchoir et lui essuya, avec une infinie douceur, les traînées noires et rouges qui coulaient le long de ses joues.
    Le retour fut morne. Nicolas, restait silencieux, plongé dans ses pensées. La nuit tombait quand ilsfranchirent la barrière. Nicolas ordonna brutalement au cocher de s'engager dans une ruelle perpendiculaire et d'éteindre le falot. Il n'eut que le temps de sauter à terre pour apercevoir un cavalier qui passait au galop dans la rue principale; c'était le même homme qui les observait au Grand Équarrissage.
    Au Châtelet, Nicolas fit mettre en sûreté, à la Basse-Geôle, la malle contenant les restes présumés du commissaire. Il entendait aussi conserver sous la main la vieille Émilie pour l'interroger lui-même à nouveau et il lui fit donner une cellule à pistole 10 , qu'il paya avec recommandation d'y servir un repas chaud. Il se retira ensuite dans le bureau de permanence pour y rédiger un rapport succinct à l'intention de M. de Sartine, relatant sa visite à Descart et le transport à Montfaucon, en omettant sa conversation avec Semacgus. Il concluait, sous réserve des vérifications qu'il se proposait de poursuivre, sur la possibilité que les restes découverts fussent bien ceux de Guillaume Lardin.

V
    THANATOS
    Mais voici pour notre victime le chant sans lyre qui sèche les mortels d'effroi.
    Eschyle
    Nicolas était rentré tard rue des Blancs-Manteaux. La maison était silencieuse et il espérait que Catherine, comme elle était accoutumée de le faire, lui avait laissé quelque fricot dans un plat qu'elle maintenait sur le potager éteint qui conservait longtemps sa chaleur. Il trouva en effet son couvert mis sur la table avec du pain et une bouteille de cidre. Il aperçut un ragoût d'un légume étrange — une racine que Catherine avait découverte lors de ses campagnes en Italie et en Allemagne et dont elle cultivait un carré dans le jardin derrière la maison. Ces « pommes de terre 11 » en civet embaumaient l'office. Il s'attabla, se versa à boire et emplit son assiette. L'eau lui venait à la bouche à la vue des légumes noyés dans une sauce brillante que rehaussaient les pelures de persil et de ciboulette. Catherine lui avait donné la recette de ceplat succulent. Il fallait choisir des pommes de terre de bonne taille, puis procéder avec une extrême lenteur, laisser le temps transformer les divers éléments et surtout ne manifester aucune impatience si on voulait aboutir aux résultats espérés. Tout d'abord elle « belait » ses grosses, comme elle disait, avec soin et en favorisant les arrondis sans angles. Ensuite, il convenait de tailler des carrés de lard gras qu'on laissait fondre insensiblement

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