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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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vers l'azur éclatant. Il cligna les yeux, les reporta sur le visage tendu de Nicolas, soupira et, posant la main sur l'épaule du jeune homme, se mit à parler à voix basse.
    — Nicolas, vous êtes bien jeune, je me répète. Pour dire le vrai, je crains que Louise Lardin ne soit une femme dangereuse dont il faudra, vous aussi, vous méfier.
    — Est-ce une réponse ?
    — La réponse est que je lui ai cédé une fois.
    — Lardin le savait ?
    — Je l'ignore, mais Descart nous a surpris.
    — Il y a longtemps ?
    — Un an à peu près.
    — Pourquoi Descart n'en parle-t-il pas ?
    — Parce qu'il est lui-même dans la même situation. Qu'il m'accuse et cette accusation pourra être retournée contre lui.
    — Qui le sait, pour Descart ?
    — Interrogez Catherine, elle sait tout. Et si Catherine le sait, Marie l'apprendra très vite, elle ne lui cache rien.
    Nicolas tendit la main à Semacgus avec un sourire lumineux.
    — Nous sommes toujours amis, n'est-ce pas ?
    — Bien sûr, Nicolas. Personne ne souhaite plus que moi que vous aboutissiez et n'oubliez pas, par Dieu, le pauvre Saint-Louis.

    Nicolas revint rue Neuve-Saint-Augustin, grave de ce qu'il venait d'apprendre, mais le cœur léger d'avoir retrouvé l'amitié de Semacgus. Il songea gaiement que M. de Sartine serait privé d'informations et qu'il ne lui ferait rapport que lorsqu'il aurait aliment plus substantiel à lui mettre sous les yeux. Il luiconservait toujours une petite rancune de leur dernière rencontre.
    Bourdeau l'attendait, l'air affairé et mystérieux. Un rapport du guet l'avait intrigué. Une certaine Émilie, marchande de soupe, avait été arrêtée le samedi 3 février vers six heures du matin par une ronde de la garde des barrières. Interrogée au commissariat du Temple, les détails qu'elle avait donnés étaient si extravagants qu'on avait supposé l'histoire inventée et qu'on ne les avait relevés que pour la forme. La vieille femme avait été relâchée. Bourdeau avait fait son enquête. Elle était connue de la police pour de menus délits et comme ancienne fille galante tombée, avec l'âge, dans la crapule, puis dans la misère. Bourdeau avait sauté dans une voiture, retrouvé la vieille Émilie et venait de l'interroger au Châtelet où elle était retenue. Il tendit son rapport à Nicolas.

    Du mardi 7 février 1761

    Par devant nous, Pierre Bourdeau, inspecteur de police au Châtelet, est comparue Jeanne Huppin, dite « la vieille Émilie », marchande de soupe et ravaudeuse en chambre, demeurant en meublé, rue du Faubourg-du-Temple, près de la Courtille.
    Interrogée, a dict, en ces mots : « Hélas, mon Dieu, où en suis-je réduite, ce sont mes péchés qui ont fait tout cela. »
    Enquis si elle s'était portée au lieu-dit La Villette, au Grand Équarrissage de Montfaucon pour y dérober viande pourrissante qu'on a trouvée sur elle et cela de manière illicite et contrairement aux ordonnances.
    A répondu à ce que nous lui demandions, s'être bien rendue à Montfaucon pour y recueillir quelque aliment.
    Interrogée si cette viande n'était pas destinée à son commerce de soupe.
    A répondu qu'elle avait l'intention d'en user pour elle-même et que misère et besoin créant nécessité l'y avaient contrainte.
    A dict qu'elle voulait faire révélation à condition qu'on lui promette d'en tenir compte et cela non pour excuser son geste mais pour faire acte de bonne chrétienne qu'elle était et décharger sa conscience d'un lourd secret.
    A dict qu'étant occupée à couper, avec un grand tranchoir, un morceau de bête morte, elle avait entendu un cheval hennissant et deux hommes approcher. Qu'elle s'était dissimulée par peur et crainte d'être surprise par ce qu'elle prenait pour une ronde du guet qui surveille quelquefois ces lieux. A vu lesdits hommes, s'éclairant d'un falot, vider deux tonnelets d'une matière qui lui parut sanglante, le tout accompagné de vêtements. A ajouté qu'elle avait entendu comme un craquement et vu quelque chose brûler.
    Interrogée pour savoir si elle avait distingué ce qui avait brûlé.
    A répondu qu'elle avait trop peur et que son épouvante lui avait ôté le sens. Le froid l'ayant ranimée, elle s'était enfuie sans rien vouloir examiner de crainte d'attirer sur elle une bande de chiens errants qui s'étaient rassemblés. Elle franchissait la barrière de la ville, quand la garde l'avait arrêtée et interrogée.

    Bourdeau proposait de se porter rapidement à Montfaucon,

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