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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Catherine. Elles en étaient déjà à échanger leurs secrets et Bourdeau, fut, dès son arrivée, pris à témoin pour juger de la réussite d'une tourte aux volailles d'où s'échappaient, en volutes parfumées, les arômes mêlés de la truffe et de la muscade.
    À nouveau, le lieutenant général ramena l'inspecteur au fil de son propos par un dodelinement menaçant de la perruque. Bref, le docteur Semacgus n'était pas là et Bourdeau, qui souhaitait l'entretenir de la situation de Catherine, l'avait attendu une partie de l'après-midi. Il avait saisi l'occasion pour faire parler l'intéressée, qui ne demandait d'ailleurs que cela.
    À l'en croire, elle aurait quitté son service de toute façon. Mme Lardin, qualifiée par elle d'un certain nombre d'épithètes malsonnantes, n'avait fait que conclure une situation irréparable. Une chose était d'être traitée comme une malpropre — elle qui avait fait Fontenoy avec le maréchal de Saxe —, une autre était d'être témoin des turpitudes d'une femme sans mœurs. Le pire, pour Catherine, était la manière dont la marâtre traitait la douce Marie. L'affectionréciproque de Catherine et de la fille du commissaire avait longtemps retenu la cuisinière de rendre son tablier; et puis, Lardin, si cassant avec les autres, n'était pas si méchant avec elle.
    De fil en aiguille, Bourdeau avait fini par apprendre que, non seulement, Louise Lardin entretenait des relations adultères avec son cousin Descart et Semacgus, mais qu'elle coquelinait aussi avec un godelureau à mine de spadassin qui hantait la maison des Blancs-Manteaux depuis la disparition de Lardin.
    Sur le coup de six heures, Semacgus, l'habit en désordre, était enfin arrivé prononçant des mots sans suite, attitude surprenante chez un homme d'habitude si maître de lui. On avait fini par comprendre que Descart venait d'être assassiné.
    Après l'avoir réconforté, Bourdeau l'avait prié de se reprendre et de narrer les choses par le menu.
    Semacgus, raconta-t-il, avait reçu, par la voie d'un billet plié glissé sous sa porte, une demande d'entrevue de la part de Descart. La démarche lui avait bien semblé inattendue de la part d'un homme avec lequel ses relations étaient tout sauf bonnes. Toutefois, le ton pressant du billet l'avait convaincu que seule une raison grave, touchant peut-être à l'exercice de la médecine, justifiait cette espèce de convocation. L'heure fixée était la demie de cinq heures. Il avait passé la journée à Paris, vaquant à ses occupations, puis avait pris un fiacre au Jardin du Roi pour revenir à Vaugirard, afin d'être à temps à son rendez-vous. Il était arrivé en avance chez Descart, aux environs de cinq heures. Surpris de trouver toutes les portes ouvertes, celle du jardin comme celle de la maison, il en avait franchi le seuil à tâtons, car la nuit était tombée et aucune lumière n'était allumée. À peine sur le balcon qui dominait les escalierset la grande pièce, il avait buté contre ce qui lui parut d'abord un sac posé à terre. Il s'agissait en réalité d'un corps inerte.
    Affolé par le tour que prenait la situation, Semacgus était descendu dans la salle et avait trouvé une chandelle qui, une fois allumée, lui avait permis de reconnaître le cadavre de Descart, poignardé par une lancette à saignée. Il était resté un long moment comme hébété, puis avait décidé de rentrer chez lui afin d'alerter les autorités.
    Bourdeau avait aussitôt fait appeler le guet, laissé Semacgus sous bonne garde et couru chez Descart afin de vérifier la mort du docteur et procéder aux premières constatations.
    La maison était plongée dans la nuit, le bout de chandelle allumé par Semacgus s'étant depuis longtemps éteint. Il avait trouvé à grand-peine de quoi s'éclairer et s'était livré à une observation minutieuse du cadavre, qui gisait sur le flanc, une lancette effectivement plantée dans la région du cœur. Le corps était encore souple. Sur la face empourprée et marbrée de taches noirâtres, se lisait une expression d'intense surprise, accrue par l'ouverture démesurée de la bouche, comme si la victime avait, dans ses derniers instants, voulu crier quelque chose ou désigner quelqu'un.
    Le sol était couvert d'empreintes mouillées de pas. Bourdeau avait procédé à une visite rapide des lieux, sans rien remarquer d'anormal, puis avait fait enlever le cadavre pour le faire porter à la Basse-Geôle, où ces messieurs pourraient

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