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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Sache seulement que tu n’es pas la fille du comte de Lux, mais seulement une enfant qu’il a recueillie et dont on ne connaît ni le père ni la mère. C’est là le secret que tu avais confié à Jeanne d’Albret et qui te faisait trembler devant lui. Me comprends-tu ?
    – Oui, madame, dit faiblement Alice.
    – Donc, à partir de ce jour, tu es heureuse. Plus de contrainte. Plus rien qui te gêne puisque je suis seule à savoir…
    – Et la reine de Navarre ! murmura sourdement Alice.
    – Ne t’en inquiète plus ! répondit Catherine d’une voix étrange. Donc, tu vas l’épouser, et vous partirez loin, où vous voudrez, et tu seras heureuse à jamais… tout cela à condition que tu m’obéisses jusqu’au bout… A la moindre hésitation de ta part, je te brise… et je le tue !
    – J’obéirai, madame, dit Alice. J’irai jusqu’au bout, pourvu qu’il soit sauvé.
    La reine hocha la tête d’un air de satisfaction.
    – Va, ma fille, dit-elle. Et rappelle-toi que je veux son bonheur et le tien… Surtout, n’oublie pas les recommandations que je viens de te faire.
    Alice demeura immobile.
    Il semblait qu’elle fût agitée par un combat intérieur. Elle tenait les yeux baissés, occupée en apparence à arranger le chaton d’une de ses bagues. Elle était très pâle et un frisson nerveux la secouait par instants.
    – Eh bien, Alice ? fit la reine. A quoi songez-vous donc ?
    – Pardon, madame, dit-elle en tressaillant, je… non…
    Catherine saisit la main de la jeune femme et la regardant jusqu’au fond des yeux :
    – Voyons, tu as quelque chose à me dire ?
    – Non… je songeais…
    – Ecoute, gronda la reine, es-tu bien sûre que tu n’as pas entendu la conversation que je viens d’avoir.
    – Je vous le jure, madame !
    La reine connaissait Alice : les moindres notations de sa voix lui étaient familières. A l’accent de la jeune femme, elle comprit sa sincérité. Du reste, Alice se remettait maintenant. Et comme Catherine rassurée lui faisait signe qu’elle pouvait se retirer, la jeune femme, revenue de ce trouble passager qui avait semblé la paralyser, fit la révérence et sortit.
    Par des couloirs et des escaliers retirés, l’espionne évita les salles de fête, gagna une porte du Louvre, sortit et rentra dans sa petite maison de la rue de la Hache.
    Là, elle s’assit, le coude sur une table, la tête dans les deux mains, et elle réfléchit :
    – Et pourtant, il est son fils !… Le sait-elle ? Dois-je le lui dire, à lui ?… Dois-je le lui dire, à elle ?… Ah ! heureusement que je me suis retenue à temps, tout à l’heure, lorsque ce mot a failli m’échapper… Je n’ai pas écouté, j’ai eu tort… Qu’ont-ils pu se dire ?… Voyons, je ne me trompe pas, ma mémoire est fidèle… Là-bas, à Saint-Germain, lorsque la reine de Navarre m’a chassée, elle a bien eu une entrevue avec Déodat… j’ai bien entendu, je ne me suis pas trompée… ses paroles sont encore dans mes oreilles… il a dit : « Pourquoi ne suis-je pas mort le jour où j’ai appris que ma mère était l’implacable Médicis ! » Dois-je lui dire que je sais cela ?… Et Catherine sait-elle que Déodat est son fils ?… Si je lui dis… Ah ! qui sait s’il ne se ferait pas un revirement dans ce cœur !…
    Elle songea longuement, tournant et retournant le problème sous toutes ces faces.
    – Je ne dirai rien !… telle fut sa conclusion… si je révèle à Catherine que le comte est son fils, elle le ferait peut-être tuer !
    q

Chapitre 7 PREMIER COUP DE FOUDRE
    N ous suivrons maintenant le comte de Marillac qui, après avoir quitté Catherine de Médicis, était rentré dans les salons où se déployait la fête des fiançailles. Comme nous l’avons dit, le jeune homme était radieux. Jamais joie aussi complète et aussi profonde n’avait inondé ce cœur, non, pas même le jour où il avait reçu le premier aveu d’Alice.
    Ainsi, toute la douleur accumulée dans son âme se fondait sous les paroles de Catherine ; toutes les rancœurs se dissipaient ; il retrouvait une mère douloureuse dans cette reine qui, si longtemps, avait été à ses yeux l’implacable ennemie.
    Et il cherchait tout naturellement Jeanne d’Albret pour lui dire, à elle la première, combien il était heureux – sans dire le motif de ce bonheur imprévu, puisqu’il avait juré de se taire. Ensuite, s’il n’était pas trop tard, il irait chez Alice, et il préparait

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