L'épopée des Gaulois
l’on peut ainsi mettre en lumière à la lecture attentive des ouvrages les plus divers des Grecs et des Latins.
Il importe d’ailleurs de ne jamais se livrer à une sélection par genre. Tout ce qui nous est parvenu de l’Antiquité classique doit être passé au crible si l’on veut rechercher à travers des informations isolées les grandes lignes d’une tradition orale qui a laissé cependant des traces, ne fût-ce qu’en choquant ceux qui la transcrivaient, parfois sans trop bien la comprendre, parfois en l’interprétant abusivement à la mode gréco-latine, parfois même en commettant des erreurs qui, à l’analyse, se révèlent de véritables contresens. Il est donc indispensable de soumettre toutes les informations recueillies à une critique rigoureuse en comparant les moindres bribes découvertes chez un auteur à d’autres bribes remarquées chez d’autres, voire à des résultats de fouilles archéologiques, certaines trouvailles venant souvent confirmer ou infirmer les assertions des historiens.
Si l’on remonte dans le temps, on parvient évidemment à Hérodote, celui qui est considéré comme le « Père de l’Histoire ». C’est le plus ancien. Il est né vers 484 avant notre ère à Halicarnasse, et il est mort en 425. Son œuvre est une compilation de faits ou d’observations qui n’ont jamais été vérifiées, mais qui sont livrées telles quelles. Malheureusement, on ne trouve chez lui que fort peu d’allusions aux Celtes qu’il confond avec les Scythes ou avec des peuples incontestablement germaniques, sans parler de tout ce qu’il peut raconter de fables à propos des mystérieux Hyperboréens et des non moins mythiques Cimmériens qui vivent dans des pays obscurs et dont certains celtomanes ont voulu absolument faire les ancêtres des Cimbres, et même des « Cambriens », autrement dit des Gallois, dont le nom celtique est Cymri , provenant d’un ancien combroges , « gens du même pays ».
Il est un autre historien et géographe grec beaucoup moins connu qui donne certains renseignements utiles sur les anciens Gaulois, qu’il nomme d’ailleurs les Celtes, et qui paraissent être établis sur le Danube. Il s’agit d’un certain Hécatée, né à Milet vers 550 avant notre ère et mort vers 475. Il fit de grands voyages à travers l’Asie, l’Égypte et l’Europe, consigna d’abondantes observations et s’efforça, dans ses écrits, d’émanciper l’Histoire proprement dite de la poésie et des mythes. Mais on se demande si ce personnage n’est pas confondu avec un autre Hécatée, dit d’Abdère ou de Théos, historien grec du IV e siècle avant J.-C., qui vécut à la cour de Ptolémée en Égypte, auteur d’ouvrages à demi historiques, notamment sur les fameux Hyperboréens, et dans lesquels puisera largement plus tard Diodore de Sicile.
Il y a aussi des voyageurs qui ont laissé des témoignages sur ce qu’ils avaient vu aux confins du monde, tel qu’on l’imaginait. C’est le cas de Pythéas, navigateur massaliote, c’est-à-dire phocéen de Marseille, qui explora longuement les côtes de l’Espagne, de la Gaule atlantique et des îles Britanniques. Vraisemblablement, son périple le conduisit jusqu’à la mystérieuse île de Thulé, située dans l’Atlantique Nord, qui est en fait l’Islande, mais dont la légende a fait le centre d’un royaume mythique et quelque peu paradisiaque, légende qui a provoqué d’ailleurs beaucoup de théories racistes aberrantes sur les origines de la civilisation blanche nordique. Sa Description de l’Océan , aujourd’hui perdue, est abondamment citée par de nombreux auteurs postérieurs, et on lui doit les premières réflexions sur le rôle de la lune dans le phénomène des marées.
Deux autres voyageurs grecs, qui furent aussi ce qu’on appelle des historiographes, ont laissé de multiples témoignages sur les Celtes. L’un est un personnage un peu mystérieux, Artémidore le Géographe, né à Éphèse en Asie Mineure, qui vivait aux alentours de l’an 100 avant J.-C., soi-disant auteur d’un Périple , ou Description de la Terre , dont il reste des fragments. Mais il a été confondu avec un autre Artémidore, lui aussi né à Éphèse au II e siècle de notre ère, qui écrivit un traité, Sur l’interprétation des songes , dans lequel il relate les faits et coutumes des anciens peuples de l’Europe, lequel ouvrage fut traduit en français et publié à Rouen en 1664 par un
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