L'épopée des Gaulois

– et qui fut continué par Hirtius – se présente comme un monument à la gloire du proconsul romain, mais il est riche en détails qu’on ne trouverait pas ailleurs. César connaissait personnellement beaucoup de chefs gaulois, amis ou ennemis. Son témoignage est donc de première main, même si les jugements qu’il porte sur les hommes ou sur les événements sont parfois discutables et plus ou moins tendancieux. Et, de toute façon, il entretenait chez tous les peuples de la Gaule un important réseau d’espions qui lui rapportaient fidèlement tout ce qu’ils pouvaient apprendre. Il était donc parfaitement informé des mœurs et coutumes des divers peuples gaulois et de leurs traditions. C’est pourquoi cette œuvre apparemment de propagande électorale constitue une véritable somme sur l’état d’une Gaule encore indépendante.
    La deuxième source essentielle est une Histoire universelle en 44 livres, écrite par un Gaulois romanisé, appartenant au peuple des Voconces (actuel département de la Drôme), du nom de Trogue-Pompée. Il est né vers 40 avant J.-C. et l’on sait que son père a été secrétaire de César. Il peut paraître paradoxal de prétendre que cette Histoire universelle nous apporte d’abondantes informations, car on ne possède plus aucun manuscrit de cette œuvre monumentale. Elle est complètement perdue, mais on la connaît assez bien grâce à un autre historien latin, Justin, qui vivait sous les Antonins. Et Justin écrivit des Histoires philippiques en 14 livres, qui sont, de l’aveu de l’auteur, le résumé de l’ Histoire universelle de Trogue-Pompée.
    C’est, à la même époque, l’œuvre de l’historien grec Diodore de Sicile qui constitue la troisième source d’informations les plus précieuses concernant les divers peuples celtes, tant ceux qui vivaient à l’intérieur des frontières du territoire romain que ceux qui n’étaient pas encore tombés au pouvoir grandissant de Rome. Diodore est né en cette fin du 1 er  siècle avant notre ère à Agyrion, en Sicile, c’est-à-dire dans ce qu’on appelait la « Grande Grèce ». Il vécut donc au temps de Jules César et de l’empereur Auguste. Il fit, en Asie et en Europe, de longs voyages au cours desquels il eut l’occasion de connaître les mœurs et les coutumes des pays qu’il traversait. Après cette période en quelque sorte vagabonde, Diodore devint sédentaire et consacra trente ans de sa vie à écrire une monumentale Bibliothèque historique dont on a conservé de très importants fragments. Il s’agit d’une « histoire universelle » qui tente de remonter jusqu’aux temps les plus reculés de l’humanité – du moins ce qu’on en savait alors – jusqu’à l’an 60 avant J.-C. Diodore de Sicile est incontestablement un historien de grande valeur qui combine consciencieusement les témoignages qu’il a recueillis lui-même sur le terrain et les détails qu’il puise abondamment dans les œuvres de ses prédécesseurs grecs et latins, chez Timagène et Posidonios en particulier, ce qui, malgré les lacunes dues à des manuscrits incomplets, fait de sa Bibliothèque historique un instrument de travail indispensable.
    À partir de là, sans parler de Cicéron dont le De Natura Deorum fait de fréquentes allusions aux croyances des Celtes, et qui a été l’ami du druide gaulois Diviciacos qu’il admirait beaucoup, en dehors de Tite-Live, nourri comme on le sait des traditions légendaires de la Gaule cisalpine, une foule d’auteurs se sont intéressés aux Gaulois. Évidemment, le plus souvent, ils exploitaient les recherches entreprises par les historiens antérieurs et consignées par eux par écrit, mais ils ont eu le mérite de mettre en évidence ce qui leur paraissait le plus étrange et le plus illogique chez des populations voisines par l’espace mais très éloignées par la mentalité et les habitudes ancestrales.
    On peut d’abord citer Plutarque. Cet écrivain grec, né à Chéronée, en Béotie, entre 45 et 50, mort dans la même ville en 125, revêt une grande importance par tous les thèmes qu’il aborde, histoire, morale, philosophie et religion. Il fit de solides études de rhétorique et de sciences à Athènes, dès l’âge de 20 ans, puis il devint prêtre attaché au célèbre oracle d’Apollon à Delphes avant de revenir dans son pays natal. C’est alors qu’il se mit à écrire de très nombreux ouvrages. Le plus connu est évidemment