Les amants de Brignais
qu’elle est, elle nous montre l’esprit des populations dirigé dans cette voie. « Enfin, ajoute M. l’abbé Chambeyron, dans les labours et les fon çages de ladite plaine, on a trouvé à diverses époques ides débris d’armures et d’équipements, piques, pertuisanes, cuirs, boucles et autres ferrailles. Je n’ai jamais ouï dire que rien de pareil se soit montré sur la rive droite. »
Que le Petit-Meschin ait été l’auteur de l’attaque-surprise au petit jour, nul ne saurait en disconvenir. Cependant il apparaît comme évident que les Justes ont été par trop inconscients.
POUR EN FINIR AVEC LES CONTRADICTIONS
Frédéric Scuvée, admirablement informé sur le Moyen Age et plus précisément sur les guerres de cette époque, avait bien voulu s’intéresser à cette bataille tout aussi importante que celles de Crécy. Poitiers, Azincourt, « championnes », pour ainsi dire, des déconfitures françaises. Voici ce que nous écrivit ce grand archéologue disparu en 1993 :
À mon avis, l’examen de la carte éclaircit considérablement le problème.
Il me paraît évident que l’ost royal n’a pas emprunté la vieille route passant par Saint-Genis-Laval, mais bien celle qui vient du nord à partir de Lyon ; celle-ci existait certainement depuis l’Antiquité car nettement plus importante, au point de vue communications à longue portée, que l’autre.
Il eût été absolument aberrant de passer par Saint-Genis-Laval pour une armée estimée, avec l’exagération habituelle, à 12 000 hommes, étant donné la nature infecte du relief, l’étroitesse des passages, le tout terriblement favorable à certaines embuscades ; l’autre route venant du nord et de Lyon est nettement plus dégagée et permet la manœuvre d’un groupement cavalerie-infanterie normal.
Voyons d’abord la longueur d’un convoi de 12 000 hommes en terrain dégagé, où tout le monde ou à peu près doit passer en file double, triple et même quadruple (double quant à la cavalerie) : environ 4 kilomètres. Et ainsi étiré en relief accidenté (Balme, baroille = creux, grottes, ravins, etc.) !
Je veux bien que Bourbon (il l’a démontré peu après) n’était pas très malin ni expérimenté, mais le dernier des imbéciles ne tombe pas dans un tel panneau. Bourbon n’était d’ailleurs pas seul à décider.
De plus, ce vieux chemin aboutit à quoi ? À une barrière qui commande peut-être la plaine des Basses-Barolles et du Mont-Rond, mais pas plus. Cette barrière, naturellement bien connue des Lyonnais, est formée par la colline du Bois-Goyet et celle du Mont-Rond, suivie des balmes de Mont-Rond, donc des creux ou vallons.
Les textes sont, d’autre part, assez clairs : une charge de cavalerie fut repoussée. Comment donc effectuer une charge de cavalerie dans un bois ? Plus encore, vers une montée au pied d’une colline.
Item, au nord-ouest dudit monticule du Bois-Goyet, nous avons une ferme (?) appelée « le Court », soit Curtis ou Cortil, preuve évidente d’une exploitation agricole déjà présente à la fin de l’époque gallo-romaine et qui, sans doute, existait encore aux XIV e -XV e siècles, puisque mentionnée. Cette ferme commandait, quant à elle, le passage. Or, pas un mot à ce sujet dans les textes. Le premier effort de l’ost royal aurait été, évidemment, d’occuper ce point fort. Or, rien sur ce sujet.
Item la prise en force du passage du Bois-Goyet n’aurait à peu près rien donné comme avantage tactique, car ces hauteurs sont prolongées longuement par des contreforts dans la plaine des Basses-Barolles, contreforts obligeant l’ost à se scinder en bataillons étroits et exigeant ainsi un « ordre profond » absolu-ment impensable à une époque telle que celle qui nous intéresse, en raison de l’impossibilité de passer, en ordre, de l’ordre profond en « ligne » formellement nécessaire. Et que faire de la cavalerie ?
En revanche, venant du nord, la largeur de la vallée permet, absolument, d’utiliser toute la supériorité du nombre et, surtout, de la manœuvre.
Les 12 000 hommes peuvent se déployer aisément et envelopper l’ennemi par les ailes.
Le seul point fort qui peut briser toute l’avance est un mamelon, le Tertre, situé en plein milieu du front, exactement où doit s’appliquer l’effort du bloc principal de la cavalerie lourde. D’ailleurs, cette cavalerie lourde a foncé directement sur ledit tertre et a
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