Les amants de Brignais
dernières remarques. Elles sont importantes :
1. – Un élément évidemment défavorable à l’encontre de l’hypothèse d’une progression de l’ost royal par la vallée venant de Francheville, est la nature marécageuse du terrain dégagé où les 12 000 combattants de Bourbon devaient obligatoirement se déployer pour utiliser l’ordre en lignes de « batailles » en usage à l’époque.
Cet état marécageux est mis en évidence par les noms de lieux encore en usage au XIX e siècle et certainement fixés dès le début du Moyen Age : les Saignes, les Aiguiers. Mais il n’est sans doute pas inutile de procéder à un examen de la climatique ancienne.
Les études modernes ont établi qu’après une période relativement tiède suivit, dès le XVI e siècle finissant, une autre période de net refroidissement moyen, avec régression du niveau des mers, avance des glaciers dans les vallées, pluviosité abondante, circonstances qui sont à l’origine des famines endémiques au cours de la Guerre de Cent Ans.
Il nous paraît alors très probable que, malgré les noms décourageants de la plaine devant Brignais, en >début d’avril 1362, les froids de l’hiver perduraient Encore et que les terrains de la plaine des Aiguiers n’étaient pas encore imprégnés des eaux du printemps.
Ainsi, la plaine au débouché de la vallée venant de Francheville, devant Brignais, se trouvait être un excellent champ de manœuvres pour une bataille rangée, ce qu’elle fut d’ailleurs, aucun texte ne suggérant un autre emplacement et, de plus, aucune allusion à un possible embourbement ne fut évoqué à aucun moment, malgré la facile excuse que cela aurait pu offrir pour expliquer l’échec sanglant. Il n’est qu’à se souvenir de la relation de la défaite française à la bataille de Courtrai, en 1302, où le « responsable » de la défaite fut officiellement une malheureuse zone marécageuse dans laquelle les barons français, lourdement montés, se seraient envasés.
2. – Si l’hypothèse affirmant que l’armée de Bourbon aurait établi un campement avant l’attaque sur Brignais était exacte, il serait nécessaire d’imaginer l’endroit où ces 12 000 hommes, accompagnés de charrois, etc., auraient pu se placer.
Dans le cas d’une progression passant par Saint-Genis-Laval, ce campement n’aurait pu se situer que sur un étroit espace de terrain relativement plat, moins de 1 500 mètres au sud du bourg, donc juste devant la barrière formée par les mamelons du Bois-Goyet et du Mont-Rond dont il est séparé par un creux assez important. Il est évident qu’une telle position de campement est extrêmement avantageuse, car couverte au sud par le creux ci-dessus, à l’est par des zones dégagées suivies d’une pente aisée à surveiller. Quant au nord-ouest, il s’agit des abrupts de la chaîne des Barolles où quelques postes de surveillance pouvaient donner une alerte improbable. En effet, Francheville, aussi bien que Saint-Genis-Laval étant au roi, les routiers ne se seraient jamais risqués à s’introduire entre les mâchoires d’une telle tenaille. De plus, l’intervention des éléments de flanc du Petit-Meschin venant de l’ouest, aurait été terriblement hasardeuse et l’effet de surprise impossible, car cette troupe aurait dû, d’abord, traverser la vallée de Francheville, escalader les pentes de la chaîne des Barolles, avant que de se trouver au bord des abrupts, puis les descendre rapidement, dans le plus grand désordre et épuisée.
Il semble évident que l’éventuel campement n’a pu être installé que dans la large vallée de Francheville, à distance raisonnable de Brignais. Le flanc est se trouve relativement peu exposé, dans ce cas ; en revanche, le flanc ouest est à portée des multiples débouchés de vallons – vallons qui permettent d’effectuer, à couvert, tous les transferts de troupes nécessaires, ainsi que l’intervention directe du Petit-Meschin.
LES VAINCUS
Que le comte de la Marche ait péri, qui pourrait vraiment s’apitoyer ? Il appartenait à cette caste de chevaliers impudents et imprudents qui ne tirèrent aucun enseignement des défaites passées. Nul routier ne s’intéressa à ce vaincu, puisqu’il allait mourir et ne pourrait être rançonné. Il fut abandonné à quelques réchappés dont on ignore tout sinon qu’ils le ramenèrent à Lyon ainsi que son fils.
Le comte de Tancarville, qui semble
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