Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
monde, les deux compagnies
d’Altieri agitaient leurs armes.
    « Monseigneur, dit Altieri d’une voix vibrante d’ironie et
de triomphe, nous avons voulu vous éviter la peine de vous rendre
jusqu’au vaisseau amiral. C’est lui qui est venu à vous.
    – Trahison ! trahison ! » hurla Foscari qui,
d’un geste frénétique, tira sa dague.
    *
    * *
    Or, tandis que Foscari, Altieri, tout le clergé de Venise, le
haut patriciat, le conseil, les dignitaires d’État, pendant que
tout ce cortège s’avançait sur les quais, d’étranges mouvements
s’accomplissaient en silence.
    Au fur et à mesure que le cortège avait dépassé un point
important, soit quelque pont, soit quelque carrefour, ce point
était aussitôt occupé par une bande.
    Chacune de ces bandes, qui prenaient ainsi position dans la
ville et semblaient avoir pour objectif de couper toute retraite
vers le palais ducal, se composait d’hommes qu’on ne connaissait
pas dans Venise, et qui, sur un costume qui laissait libres tous
les mouvements, portaient une cuirasse de cuir fauve. Aussi le
peuple les appela-t-il sur-le-champ : les cuirasses
jaunes.
    Ces hommes étaient solidement armés, chacun d’eux ayant, outre
son poignard, une bonne arquebuse et un pistolet.
    Ces bandes étaient de plus en plus fortes à mesure que le point
où elles se plaçaient était plus rapproché du palais ducal. Elles
ne se composaient que de quinze hommes vers le Lido, elles en
comprenaient cinquante au milieu de la ville, et enfin, aux abords
de la place Saint-Marc, il y en avait trois qui se composaient
chacune de cent hommes.
    Sur la place elle-même, cinq cents de ces combattants s’étaient
silencieusement rangés.
    En même temps, une bande forte de trois cents hommes marchait
sur le palais ducal, désarmait en un clin d’œil les quarante
suisses qu’on y avait laissés et occupait aussitôt la salle des
Doges.
    Alors cinq de ces hommes entraient dans la salle du Conseil et
prenaient place sur les sièges.
    Trois autres se rendaient dans la salle des séances du tribunal
secret.
    Tout cela s’était fait avec une rapidité, une audace et un
ensemble qui prouvaient deux choses :
    D’abord, que ces gens étaient décidés à mourir sur place.
    Ensuite, que le mouvement combiné avait été longuement
étudié.
    Ces bandes, c’étaient celles de Roland Candiano.
    Son plan était d’une extrême simplicité :
    Laisser Altieri et Foscari en venir aux mains sur les quais du
Lido, et se détruire ou tout au moins s’affaiblir mutuellement…
    Puis, lorsque le vainqueur, quel qu’il fût, chercherait à
regagner le palais ducal, l’attaquer à son tour, par des assauts de
plus en plus violents, et s’il arrivait jusqu’à la place
Saint-Marc, lui livrer bataille à cet endroit :
    Roland Candiano lui-même, escorté de cinq ou six de ses
compagnons qui le suivaient à distance, se montra dans la ville dès
que Foscari et Altieri eurent atteint le Lido.
    Il avait revêtu le costume qu’il portait jadis avant d’être
arrêté. Aucun déguisement ne masquait sa mâle figure, empreinte
d’une étrange audace qui se voilait de mélancolie.
    Pour toute arme, il avait au côté son épée de parade.
    Roland était sorti d’une maison qui avoisinait le Lido, et se
dirigeait vers le palais ducal.
    Une femme du peuple le reconnut la première.
    Elle le désigna à quelques commères que la curiosité avait
poussées dehors.
    Ces femmes se mirent à le suivre en criant :
    « C’est Roland Candiano ! Il est revenu ! Il
vient nous délivrer ! »
    Alors ce nom se répandit comme une traînée de poudre :
    « Roland Candiano !… Roland le Fort ! »
    Au bout d’un quart d’heure, Roland avait autour de lui une foule
délirante qui lui tendait les mains. Des jeunes filles à qui on
avait raconté l’histoire de ses amours avec Léonore pleuraient.
    De vieux marins, des barcarols qui jadis l’avaient conduit, à
qui il avait donné des poignées de main et des poignées d’or,
sanglotaient et disaient :
    « Venise est sauvée ! Voici Roland le
Fort ! »
    Des milliers de mains se tendaient vers lui. On s’écrasait, on
s’étouffait autour de lui. Et pourtant, le chemin du palais ducal
lui demeurait libre. Des clameurs de joie furieuse montaient de ces
poitrines haletantes.
    Au loin, sur le Lido, les coups de feu éclataient, la bataille
rugissait.
    Et des gens, se précipitant dans les églises qu’ils
rencontraient en chemin, se

Weitere Kostenlose Bücher