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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mauvais, le regardait comme une proie couvée.
    « 
Mort Dieu ! murmura Pardaillan, il est fort
heureux pour moi que les yeux de ce Leclerc ne soient pas des
pistolets ; sans quoi, pauvre de moi ! je tomberais
foudroyé. »
    Mais les événements les plus futiles en apparence avaient
toujours, aux yeux de Pardaillan, une signification dont il
s’efforçait de dégager la cause séance tenante.
    « Au fait, se dit-il, pourquoi Bussi-Leclerc a-t-il quitté
la fenêtre où il se prélassait pour venir ici ? Ce n’est pas,
je pense, dans l’unique intention de me contempler. Viendrait-il me
demander cette revanche après laquelle il court infructueusement
depuis si longtemps ? Ma foi ! devant toute la cour
d’Espagne réunie, il ne me déplairait pas de lui infliger une
dernière défaite. Après ce coup-là, mon Bussi-Leclerc mourra de
rage et j’en serai délivré. »
    Ayant ainsi monologué, de ce coup d’œil sûr et prompt qui
n’était qu’à lui, il scruta le visage de Bussi-Leclerc, et du
spadassin son coup d’œil rejaillit sur ceux qui l’entouraient et
alors il tressaillit.
    « Je me disais aussi, murmura-t-il avec un sourire
narquois, ce brave Bussi-Leclerc vient à la tête d’une compagnie
d’hommes d’armes… C’est ce qui lui donne cette assurance
imprévue. »
    Presque aussitôt il eut un léger froncement de sourcils et il
ajouta en lui-même :
    « Comment Bussi-Leclerc se trouve-t-il à la tête d’une
compagnie de soldats espagnol ? Est-ce que par hasard il
viendrait m’arrêter ? »
    En même temps, d’un geste machinal, il assurait son ceinturon,
dégageait sa rapière, se tenait prêt à tout événement.
    Comme on le voit, il avait été long à s’apercevoir qu’il était
en cause autant et plus que le Torero. Maintenant son esprit
travaillait et il s’attendait à tout.
    À cet instant, un tonnerre de vivats et d’acclamations éclata,
saluant la victoire du Torero.
    Le taureau venait en effet de se laisser leurrer une dernière
fois par la cape prestigieuse et, croyant atteindre celui qui
depuis si longtemps se jouait de lui avec une audace rare, il était
allé s’enfermer lui-même dans le box ménagé à cet effet, et la
porte, se refermant derrière lui, lui interdisait de revenir dans
la piste.
    Le Torero se tourna vers la foule qui le saluait d’acclamations
délirantes, la salua de son épée et se dirigea vers l’endroit où il
avait, dès le début de la course, aperçu la Giralda, avec
l’intention de lui faire publiquement hommage de son trophée.
    Au même instant, la barrière, près de Pardaillan, tombait sous
une poussée violente et les cinquante et quelques gentilshommes et
faux ouvriers, qui n’attendaient que cet instant, envahirent la
piste, entourèrent de toutes parts le Torero, comme s’ils étaient
poussés par l’enthousiasme de sa victoire, mais en réalité pour lui
faire un rempart de leurs corps.
    À ce moment aussi les soldats, massés dans le couloir
circulaire, quittaient leur retraite, se portaient sur la piste et
se massaient en colonnes profondes, la mèche de leurs arquebuses
allumée, prêt à faire feu devant les rangs serrés du populaire
surpris de cette manœuvre imprévue.
    En même temps, un officier à la tête de vingt soldats, se
dirigeait à la rencontre du Torero.
    Mais celui-ci était débordé par ceux qui avaient jeté bas la
barrière et qui, malgré sa résistance acharnée, car il ne
comprenait pas encore ce qui lui arrivait, l’entraînait dans la
direction opposée à celle où il voulait aller.
    En sorte que l’officier qui pensait se trouver en face d’un
homme seul, qu’il avait mission d’arrêter, l’officier qui avait
trouvé quelque peu ridicule qu’on l’obligeât à prendre vingt hommes
avec lui, commença de comprendre que sa mission n’était pas aussi
aisée qu’il l’avait cru tout d’abord et se trouva ridicule
maintenant d’être obligé de courir après un groupe compact, deux
fois plus nombreux que ses hommes, et qui lui tournait le dos avec
les allures décidées de gens qui ne paraissent pas disposés à se
laisser faire.
    Voyant que celui qu’il avait mission d’arrêter allait lui
glisser entre les doigts, l’officier, pâle de fureur, ne sachant à
quel expédient se résoudre pour mener à bien sa mission, persuadé
que tout le monde devait avoir, comme lui, le respect de l’autorité
dont il était le représentant, l’officier se mit à crier d’une

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