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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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difficultés, car ils sont là des milliers
d’admirateurs résolus à l’entraver de leur mieux. Notre sire le
roi, qui prévoit tout, a pris des mesures en conséquence. Si vous
voulez m’en croire, demoiselle, vous ne resterez pas un instant de
plus ici. Il va pleuvoir des horions dont beaucoup seront
mortels.
    De tout ceci, la Giralda n’avait retenu qu’une chose : on
voulait arrêter le Torero.
    – Arrêter César ! s’écria-t-elle. Pourquoi ? Quel
crime a-t-il commis ?
    Et n’écoutant que son cœur amoureux, sans réfléchir, elle avait
voulu s’élancer, courir au secours de l’aimé, lui faire un rempart
de son corps, partager son sort quel qu’il fût.
    Mais tous ceux qui l’environnaient, y compris les deux soldats
en sentinelle à cet endroit, étaient placés là uniquement à son
intention à elle.
    Tous ces hommes étaient les acolytes de Centurion, renforcés
pour la circonstance. Leur besogne leur avait été clairement
expliquée et ils savaient par conséquent ce qu’ils avaient à dire
et à faire pour la mener bien.
    La Giralda ne put même pas faire un pas. D’une part les deux
soldats se jetèrent en même temps devant elle pour lui barrer le
chemin ; d’autre part, le même cavalier empressé la saisit au
poignet d’une main robuste et l’immobilisa sans peine. En même
temps, pour expliquer et excuser la cruauté de son geste, le
cavalier disait, sur un ton qu’il s’efforçait de rendre
courtois :
    – Ne bougez pas, demoiselle. Vous vous perdriez
inutilement.
    – Laissez-moi ! cria la Giralda en se débattant.
    Et prise d’une inspiration soudaine, elle se mit à crier de
toutes ses forces :
    – À moi ! On violente la Giralda… la fiancée du
Torero !
    Cet appel ne faisait pas l’affaire des sacripants qui avaient
mission de l’enlever. La Giralda, criant son nom, aussi populaire
que celui du Torero, la Giralda, se réclamant de son titre de
fiancée en semblable occurrence, avait des chances d’ameuter la
foule contre les hommes de Centurion, qui n’étaient pas précisément
en odeur de sainteté aux yeux du populaire.
    Le galant chevalier, qui était le sergent de Centurion et comme
tel commandait en son absence, comprit le danger. Il eut à son tour
une inspiration, et la lâchant aussitôt, il dit en faisant des
grâces qu’il croyait irrésistibles :
    – Loin de moi la pensée de violenter l’incomparable
Giralda, la perle de l’Andalousie. Mais, señorita, aussi vrai que
je suis gentilhomme et que don Gaspa Barrigon est mon nom, vous
iriez au devant d’une mort aussi certaine qu’inutile en courant par
là. Voyez plutôt vous-même. Montez sur cet escabeau. Voyez-vous les
partisans du Torero qui l’enlèvent au nez et à la barbe des soldats
chargés de l’arrêter ? Voyez l’officier qui s’arrache la
moustache de désespoir !
    – Sauvé ! s’écria la Giralda, qui avait obéi
machinalement à don Gaspar Barrigon, puisque tel était son nom.
    Et sautant lestement à terre, elle ajouta :
    – Il faut que je le rejoigne à l’instant.
    – Venez, señorita, s’empressa de dire Barrigon ; sans
moi vous ne passerez jamais à travers cette multitude. Et
croyez-moi, ne perdons pas une seconde. Dans un instant un ouragan
de balles va s’abattre ici, et je puis vous assurer qu’il fera
chaud.
    La Giralda eut un geste d’impatience à l’adresse de l’importun.
Mais voyant ses efforts se briser devant l’impassibilité des
compagnons qui l’entouraient et qui ne bougeaient – pour cause –
elle eut un geste de déception douloureuse.
    – Suivez-moi, demoiselle, insista don Gaspar. Je vous jure
que vous n’avez rien à craindre de moi. Je suis un admirateur
passionné du Torero et suis trop heureux de prêter l’appui de mon
bras à celle qu’il aime.
    Il paraissait sincère devant les bourrades qu’il ne ménageait
pas à ses hommes ; ceux-ci se hâtaient de lui livrer passage.
La jeune fille n’en chercha pas plus long. Elle suivit celui qui
lui permettait de se rapprocher de son fiancé.
    Quelques instants plus tard, elle était hors de la foule, dans
une des petites rues qui bordaient la place. Sans songer à
remercier celui qui lui avait frayé son chemin et dont l’aspect
rébarbatif ne lui disait rien, elle voulut s’élancer.
    Alors, elle se vit entourée d’une vingtaine d’estafiers qui,
loin de lui faire place, se serrèrent autour d’elle. Alors elle
voulut crier, appeler à l’aide ; mais

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