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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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n’aime pas la Dame Blanche.
    L’AUTEUR. – Je pense moi-même qu’elle ne devait pas faire fortune, mais plutôt à cause de l’exécution que de la conception du personnage. Si j’avais évoqué un esprit follet, à la fois fantasque et intéressant, capricieux et bon ; une sorte de lutin qui n’eût été enchaîné par aucune loi fixe ni aucun motif d’action ; fidèle et passionné, quoique tourmentant et léger…
    LE CAPITAINE. – Pardonnez-moi, monsieur, si je vous interromps ; je crois que vous faites la description d’une jolie femme.
    L’AUTEUR. – Ma foi, je le pense aussi. Il faut que je donne à mes esprits élémentaires un peu de chair et de sang comme aux hommes. Leurs traits sont esquissés en lignes trop déliées pour le goût actuel du public.
    LE CAPITAINE. – On objecte également que votre Nixie {2} aurait dû avoir une noblesse plus soutenue ; les plongeons qu’elle fait faire au prêtre ne sont pas des amusemens de naïade.
    L’AUTEUR. – Ah ! on devrait pardonner quelque chose aux caprices de ce qui n’est après tout qu’un follet de meilleure espèce. Le bain dans lequel Ariel, la création la plus délicate de l’imagination de Shakspeare, fait entrer notre joyeux ami Trinculo, n’était ni à l’ambre ni à la rose. Mais personne ne me verra ramer contre le courant. Que m’importe qu’on le sache ! J’écris pour l’amusement du public ; et quoique je n’aie nulle intention de jamais briguer la popularité par des moyens que je croirais indignes de moi, d’un autre côté je ne m’obstinerai pas à défendre mes propres erreurs contre l’opinion générale.
    LE CAPITAINE. – Vous abandonnez donc dans cet ouvrage (jetant à mon tour les yeux sur l’épreuve) le mystique, la magie, et tout le système des signes, des prodiges et des présages ? Il n’y a ni songes, ni prédictions, ni allusions cachées aux événemens futurs ?
    L’AUTEUR. – Pas une égratignure de Cock-Lane, mon fils. – Pas un seul coup sur le tambour de Tedworth. – Pas même le léger bruit que fait dans la boiserie ce faible animal présage de mort. Tout est simple et à découvert ; un métaphysicien écossais pourrait en croire jusqu’au dernier mot.
    LE CAPITAINE. – Et la fable en est sans doute simple et vraisemblable ; début intéressant, marche naturelle, conclusion heureuse, comme le cours d’un beau fleuve qui s’échappe en bouillonnant de quelque grotte sombre et pittoresque ; roulant majestueusement son onde, sans jamais ralentir ni précipiter sa marche, il visite, comme par un instinct naturel, tous les objets intéressans du pays qu’il parcourt ; à mesure qu’il avance, son lit devient plus large et plus profond ; enfin, vous arrivez à la catastrophe finale, comme le fleuve dans un port imposant, où les bâtimens de toutes sortes baissent voiles et vergues.
    L’AUTEUR. – Hé ! hé ! que diable veut dire tout cela ? Mais c’est la veine poétique d’Ercles, et il faudrait quelqu’un qui ressemblât bien plus que moi à Hercule, pour créer une histoire qui jaillît et marchât sans jamais se ralentir ; qui visitât, devînt plus large, plus profonde, et tout ce qui s’ensuit. Je serais enfoncé dans la tombe jusqu’au menton avant d’avoir fini ma tâche ; et pendant ce temps-là, toutes les saillies et les bons mots que j’aurais imaginés pour l’amusement de mon lecteur resteraient à moisir dans mon gosier, comme les proverbes de Sancho restaient dans le sien lorsqu’il avait encouru la disgrâce de son maître. Il n’y a jamais eu un roman écrit sur ce plan depuis que le monde existe.
    LE CAPITAINE. – Pardonnez-moi, Tom Jones.
    L’AUTEUR. – Il est vrai, et peut-être même Amélie. Fielding se faisait une haute idée de la dignité d’un art dont il peut être considéré comme le fondateur. Il a rendu le roman digne d’être comparé à l’épopée. Smolett, Lesage et autres, secouant la rigueur des règles qu’il avait posées, ont écrit plutôt un récit des différentes aventures que rencontre un individu dans le cours de la vie, qu’ils n’ont suivi le plan d’une épopée régulière et bien liée, où chaque pas nous rapproche de plus en plus de la catastrophe finale. Ces grands maîtres se sont contentés d’amuser le lecteur sur la route, et la conclusion n’arrive que parce qu’une fin est nécessaire, comme le voyageur descend à l’auberge parce qu’il se fait nuit.
    LE CAPITAINE. –

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