Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
glisse ensuite son doigt dedans.
Adèle grimace.
Une autre momie s’approche avec une très ancienne jarre scellée. Nosibis fait sauter le couvercle. La jarre est pleine de morceaux séchés impossibles à identifier.
Nosibis fouille dans la jarre, cherchant un morceau qui lui conviendrait.
— Qu’est-ce que c’est ? demande Adèle, effondrée.
— Les viscères du pharaon, répond Patmosis.
— … charmant, dit Adèle avec une grimace dégoûtée.
Le médecin trouve un beau morceau qui apparemment lui convient. Il le broie au-dessus d’une coupelle qu’une autre momie a posée sur le ventre d’Agathe.
Vu la couleur brunâtre de la poudre obtenue, Adèle se dit que c’est probablement un morceau de foie, ce qui n’atténue pas son dégoût, bien au contraire.
Nosibis achève de remplir la coupelle de cette poussière d’entrailles millénaire. Puis il prend une petite fiole qu’une autre momie lui tend et verse quelques gouttes huileuses sur la poudre. Il mélange le tout, puis il prend cette mixture et la verse délicatement dans la blessure béante d’Agathe.
Une momie « infirmière » met aussitôt un bandage sur le front d’Agathe et commence à lui entourer la tête. Ce bandage provient d’une autre momie, qui tourne sur elle-même pour donner du mou.
Adèle est fascinée et perplexe à la fois.
Le bandage est fini. Ramsès II, sorti de son sarcophage s’approche d’Agathe, se penche et embrasse solennellement, sur la bouche, cette magnifique princesse endormie sur sa table de marbre. Le pharaon se redresse, satisfait, puis se tourne vers sa suite.
— Bon, dit-il, profitons-en pour visiter.
— Euh, c’était obligatoire ce baiser, là ? demande Adèle, inquiète.
— Non, pas vraiment, répond Patmosis. Une tradition, plutôt, qu’il vaut mieux faire avant son réveil car après, je ne suis pas sûr qu’elle accepte.
Tandis que quelques momies quittent la salle, suivant leur pharaon en cortège, Adèle s’avance vers sa sœur. Elle la regarde intensément. Est-ce possible que cette médecine vieille de 5 000 ans la ramène à la vie ?
Et tout à coup, Agathe ouvre les yeux et se redresse en respirant un grand coup, comme si elle avait été privée d’air pendant des années.
Adèle regarde sa sœur, ébahie. Agathe met un temps à réagir.
— Mais ça va pas de frapper dans la balle comme ça ? ! crie Agathe, énervée. Je suis ta sœur, tout de même !
Adèle éclate de rire et fond en larmes en même temps.
— Oui, t’es ma sœur, dit-elle, et je t’aime plus que tout au monde !
Adèle se jette au cou d’Agathe qui semble surprise d’un tel élan d’affection. D’un seul coup, elle réalise qu’elle est dans une espèce de salle obscure pleine de sarcophages ouverts et entourée de momies qui la regardent. Elle grimace, effrayée, serrant le bras d’Adèle d’une main tremblante.
— Adèle, dit-elle à voix basse, ne bouge surtout pas ! Je ne sais pas si je suis en plein cauchemar ou quoi, mais… Il y a un tas de momies autour de nous.
— C’est un cauchemar, dit Adèle en souriant. Ferme les yeux, et elles vont disparaître.
Agathe obtempère, fermant fort les yeux et elle serra Adèle dans ses bras. Adèle fait discrètement signe à Patmosis de partir.
— Ça a été vraiment un privilège de vous rencontrer, Mademoiselle Adèle, dit-il.
— Moi aussi, Patmosis. Excuse-moi auprès de ton pharaon d’avoir été si impolie, et remercie-le pour moi.
— Ce sera fait, Maîtresse, répond Patmosis avec un grand sourire.
Agathe a toujours les yeux fermés, serrant sa sœur à l’étouffer.
— Adèle ? À qui tu parles là ?
— À personne, chérie, ne bouge pas, répond Adèle, tout va bien se passer maintenant, je te le promets.
Et Adèle berce doucement sa sœur tandis que Patmosis et les dernières momies du pharaon emboîtent le pas à Ramsès II qui s’éloigne dans les méandres du Palais du Louvre sans produire le moindre bruit, et laissant derrière eux un fin nuage de poussière millénaire.
Chapitre 36
Où deux univers se croisent…
S ur le pavé humide et froid de cette nuit de Paris, le pauvre Ferdinand Choupard sort lentement du semi coma dans lequel la vision horrible de cette espèce de momie en costume trois pièces l’avait plongé.
Il frissonne, ouvre les yeux et regarde autour de lui. C’est toujours bizarre de se réveiller le visage tourné vers la rue qui s’étale en
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