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Les chasseurs de mammouths

Les chasseurs de mammouths

Titel: Les chasseurs de mammouths Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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seconde, et tout de suite après, d’un
grondement sourd, annonça que la glace ne retenait plus le flot déferlant. Les
glaces flottantes, en plaques épaisses, en blocs énormes, tressautaient,
plongeaient, se retournaient. Saisies, entraînées par le courant rapide et
puissant, elles marquaient le changement de saison.
    Comme si le froid était emporté en même temps, les gens du Camp,
depuis longtemps retenus prisonniers, comme la rivière, du froid glacial, se
répandaient dehors. Bien que l’impression de chaleur vint seulement d’une
comparaison avec les jours précédents, l’existence confinée céda la place à une
activité extérieure frénétique. Tout prétexte à une sortie était accueilli avec
enthousiasme, fût-ce le grand nettoyage de printemps.
    Les habitants du Camp du Lion étaient propres, selon leurs
critères personnels. Bien que, sous forme de glace et de neige, il y eût
largement de quoi produire de l’eau, il y fallait du feu et de grandes
quantités de combustible. Toutefois, ce qu’on faisait fondre pour boire et pour
cuisiner était en partie utilisé pour se laver, et les Mamutoï prenaient
périodiquement des bains de vapeur. Les aménagements personnels étaient
généralement bien tenus. On entretenait les outils, les instruments. Les
quelques vêtements que l’on portait à l’intérieur étaient brossés, parfois
lavés, bien entretenus. Pourtant à la fin de l’hiver, la puanteur dans l’abri
était incroyable.
    On y retrouvait les odeurs de nourriture, à divers stades de
conservation et de décomposition, cuite, crue et corrompue... celles d’huile
brûlée, généralement rance puisqu’on ajoutait des morceaux de graisse congelée
à celle qui se trouvait depuis quelque temps dans les lampes... celle des
paniers qu’on utilisait pour la défécation et qui n’étaient pas toujours vidés
immédiatement... celle des récipients pleins d’urine qu’on gardait afin de
transformer le liquide en ammoniac par décomposition de l’urée... celle, enfin,
des gens eux-mêmes. Les bains de vapeur étaient excellents pour la santé, ils
nettoyaient la peau mais ils n’éliminaient pas vraiment les odeurs corporelles,
et ce n’était d’ailleurs pas leur but l’odeur corporelle faisait partie de l’identité
de chacun.
    Les Mamutoï étaient accoutumés aux odeurs naturelles, puissantes
et pénétrantes de la vie quotidienne. Leur sens olfactif était bien développé,
et ils s’en servaient, comme de la vue ou de l’ouïe, pour garder conscience de
leur environnement. Ils ne trouvaient même pas désagréables les odeurs des
animaux : elles étaient naturelles, elles aussi. Mais, à mesure que la
température s’adoucissait, même les narines les plus habituées commençaient à s’émouvoir
des conséquences de l’étroite promiscuité dans laquelle vivaient vingt-sept
personnes durant une longue période. Le printemps marquait le temps où l’on
relevait les rideaux pour aérer, où l’on rassemblait pour les jeter les débris
accumulés pendant l’hiver entier.
    Pour Ayla, ce grand nettoyage concernait aussi celui de l’abri
des chevaux. Les animaux avaient bien supporté l’hiver, ce qui enchantait la
jeune femme mais n’avait rien de bien surprenant. Les chevaux des steppes
étaient résistants, adaptés aux rigueurs des hivers les plus rudes. S’ils
devaient chercher eux-mêmes leur nourriture, Whinney et Rapide pouvaient
toujours revenir à leur guise vers un refuge qui leur procurait une protection
bien supérieure à celle que trouvaient généralement leurs cousins sauvages. Ils
y trouvaient en plus de l’eau et même quelque provende. Les chevaux, à l’état
sauvage, devenaient vite adultes, et Rapide, comme d’autres poulains nés à la
même époque, avait déjà atteint sa pleine croissance. Il s’étofferait un peu au
cours des quelques années suivantes, mais c’était un jeune étalon vigoureux, un
peu plus grand que sa mère.
    Le printemps était aussi te temps d’une certaine disette. Les
réserves de certains aliments, particulièrement les légumes, très appréciés,
étaient épuisées. D’autres commençaient à se faire rare. Lorsqu’on procéda à l’inventaire,
tout le monde se félicita qu’on eût décidé d’organiser cette dernière chasse au
bison. Sinon, la viande aurait pu manquer. Toutefois, si la viande suffisait à
les nourrir, elle les laissait insatisfaits.
    Ayla se rappela les breuvages toniques que

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