Les chasseurs de mammouths
Mamut savait qu’elle
avait emmené Loup faire une promenade sur le dos de Whinney. Elle ne serait pas
de retour avant un bon moment. Ranec regarda autour de lui, vit le vieil homme
et s’approcha de lui.
— Sais-tu où est Ayla, Mamut ? demanda-t-il.
— Oui. Elle est sortie avec les animaux.
— Je me demandais pourquoi je ne l’avais pas vue depuis
quelque temps.
— Tu la vois beaucoup, ces derniers temps.
Ranec eut un large sourire.
— J’espère la voir plus souvent encore.
— Elle n’est pas arrivée seule ici, Ranec. Jondalar ne
passe-t-il pas avant toi ?
— Peut-être, quand ils sont arrivés. Mais plus maintenant
qu’il a quitté le foyer.
Mamut remarqua dans la voix de Ranec, une nuance défensive.
— Il existe encore entre eux, je crois, un sentiment très
fort. Je ne pense pas que la séparation serait définitive si l’on accordait à
leur profond attachement mutuel une chance de renaître, Ranec.
— Si tu me demandes de battre en retraite, Mamut, je suis
désolé, mais il est trop tard. J’éprouve moi aussi, un profond sentiment pour
Ayla.
L’émotion, cette fois, enrouait la voix de l’homme à la peau
sombre.
— Mamut, je l’aime, je veux m’unir à elle, je veux fonder
un foyer avec elle. Il est temps que je m’installe avec une femme, et je désire
avoir ses enfants à mon foyer. Jamais je n’ai rencontré personne qui lui
ressemble. Elle est tout ce dont j’ai toujours rêvé. Si je peux la convaincre d’accepter,
je veux annoncer notre Promesse à la Fête du Printemps et m’unir à elle à la
Cérémonie des Unions, l’été prochain.
— Es-tu sûr que c’est ce que tu désires, Ranec ?
demanda Mamut. Il avait de l’affection pour Ranec, et Wymez serait heureux, il
le savait, si ce garçon qu’il avait ramené de ses voyages trouvait une compagne
et s’établissait.
— Il y a bien des femmes mamutoï qui ne demanderaient pas
mieux que de s’unir à toi. Que diras-tu à cette rousse jeune et jolie à qui tu
as presque donné ta Promesse ? Comment s’appelle-t-elle donc ?
Tricie ?
Si la peau noire avait pu rougir, Mamut en était certain, il
aurait vu Ranec s’empourprer.
— Je lui dirai... je lui exprimerai mes regrets. Je ne peux
pas faire autrement. La seule femme que je veuille, c’est Ayla. Elle est
mamutoï, à présent. Elle doit s’unir à un mamutoï. Je veux que ce soit moi.
— Si cela doit être, Ranec, dit Mamut, avec bienveillance,
cela sera. Mais souviens-toi de ceci : le choix ne t’appartient pas. Pas
même à elle. Ayla a été choisie par la Mère dans un but bien précis, elle a
reçu des dons nombreux. Quoi que tu décides, quoi qu’elle puisse décider, Mut a
sur elle les tout premiers droits. Tout homme qui se liera à elle sera lié
aussi au but de son existence.
25
Tandis que l’antique Terre, d’un mouvement imperceptible,
penchait son froid visage boréal vers l’immense étoile brillante autour de
laquelle elle tournait, les terres, même les plus proches des glaciers,
perçurent le baiser d’une douce tiédeur et, lentement, s’éveillèrent du sommeil
d’un hiver plus profond et plus glacial. Au début, le printemps s’anima d’abord
à regret, puis, avec la hâte d’une saison qui avait peu de temps à vivre,
rejeta sa couverture de glace avec une précipitation exubérante qui abreuva et
stimula le sol.
Les gouttes d’eau qui tombaient des branches à la première
chaleur de midi se durcissaient en stalactites à mesure que les nuits se
refroidissaient. Au cours des journées de plus en plus chaudes qui suivirent,
les longues flèches aiguës s’allongèrent avant d’échapper à l’emprise de la
glace et de transpercer les congères qui, déjà, se changeaient en tas de neige
fondue, emportés par des eaux boueuses.
Les filets d’eau, ruisselets et ruisseaux se rassemblaient en
cours d’eau pour emporter toute l’humidité que l’hiver avait tenue en
suspension. Ces cours d’eau, dans leur fougue, se jetaient dans les lits
anciens, dans les ravines ou bien en taillaient d’autres dans le lœss, parfois
aidés et dirigés par une pelle faite dans un andouiller ou par une écope d’ivoire.
La rivière prisonnière grondait, craquait dans sa lutte pour
échapper à l’emprise de l’hiver, tandis que la neige fondue se déversait dans
le courant caché. Soudain, sans avertissement, une violente détonation, qui s’entendit
jusque dans l’habitation, suivie d’une
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