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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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chercher – ce qui était compter sans le tempérament impétueux de Malecorne, qui déclara : « Je n’ai peur ni du diable ni des Sarrasins, alors les lépreux ! » Guidé par son instinct, il s’avança dans la léproserie, et retrouva la Vraie Croix dans un berceau de paille dissimulé sous un lit : « Comme le Christ à sa naissance ! » L’embrassant, il ajouta : « Nous sommes venus à toi par la seule force de notre foi et de notre volonté. Que nous soyons ici dent du miracle, et si je veux bien croire que c’est toi qui de loin nous guidas, nous seuls t’avons sauvée ! »
    Il pressa la croix sur sa poitrine, et murmura : « Je demande, humblement, que tes prochains miracles nous soient réservés, à nous qui t’avons libérée ! »
    Il faut croire que le Saint Bois l’entendit, car dans les années qui suivirent les prodiges se succédèrent.
    En 1101, Baudouin I er , roi de Jérusalem, se vit contraint de partir au combat avec seulement deux mille hommes, contre trente mille Égyptiens. L’affaire paraissait si mal engagée qu’il demanda à Malecorne un miracle. « Un miracle ! s’écria Malecorne, mais ce n’est pas à moi, seigneur, qu’il faut le demander. C’est à la Sainte Croix ! Confiez-lui vos péchés, elle vous sauvera la vie ! » Baudouin sauta de cheval et se confessa devant ses soldats. Ses hommes étaient bouleversés, et beaucoup se mirent à pleurer quand Malecorne éleva la Vraie Croix dans les airs en criant : « Nous vaincrons ! Dieu le veut ! Nous vaincrons ! » Et tous croyaient voir la croix briller dans le ciel, comme un rayon de soleil au milieu de la nuit.
    Baudouin remonta en selle, et promit à la croix : « Je jure par-devant Dieu que si nous l’emportons je te couvrirai de plus de richesses qu’une femme n’en a jamais rêvé ! »
    Ils vainquirent les Égyptiens, et le trésor amassé sur le champ de bataille servit à donner à la croix un habit d’or et de perles. En 1118, après avoir permis aux Francs de vaincre à Tell Danith, elle fut récompensée par l’octroi d’une garde particulière : douze preux chevaliers, choisis parmi les meilleurs, surnommés « les Apôtres ».
    Mais l’usage que les rois faisaient de la Vraie Croix ne plaisait pas aux religieux. « Sa place est au Saint-Sépulcre, pas sur les champs de bataille ! » ne cessaient-ils de clamer. Les rois ne les écoutaient pas. Jusqu’au jour où le patriarche de Jérusalem eut fort à faire avec une horde de cavaliers mahométans, qui voulaient lui couper la tête. Baudouin II en profita pour voler à son secours avec la Sainte Croix. Il chassa les infidèles et remit la relique au patriarche, en précisant : « Elle ne vous appartient pas. Vous n’en avez que l’usufruit, pas la propriété, qui échoit à tous les chrétiens. Plus que dans une église, sa place est à leurs côtés, où qu’ils se trouvent, pourvu qu’ils soient en danger. » Jamais plus en Terre sainte l’Église ne critiqua l’usage que les rois faisaient de la Vraie Croix.
    Au fil des ans, elle donna au royaume chrétien de Jérusalem tellement de victoires que les Sarrasins fuyaient à sa vue. À Montgisard, en 1177, Baudouin IV, le petit roi lépreux, s’apprêtait à affronter vingt mille infidèles avec seulement cinq cents hommes. Il implora l’aide de la croix. Aussitôt, celle-ci s’éleva dans les airs, irradiant une étrange lueur. Tous ceux qui furent baignés par cette lumière se sentirent investis d’une force prodigieuse. L’armée mahométane fut écrasée. Saladin ne dut son salut qu’au sacrifice de sa garde rapprochée. Jamais il n’oublia l’affront subi ce jour-là ; il recruta mille mages et les somma de trouver le moyen de contrer les effets de la croix. Et, pour qu’on ne puisse pas les tenter ni les détourner de leur but, il leur fit crever les yeux et les enferma dans la plus profonde geôle de son palais du Caire.
    Ainsi, la croix permettait aux croisés de vaincre. Les succès s’accumulaient, et les Franjis se voyaient déjà régner sur le monde.
    Jusqu’à ce jour de juillet 1187, à Hattin.

1.
    « Oui, je sais que tu me fais retourner vers la mort, vers le rendez-vous de tout vivant. »
    (Job, XXX, 23.)
    Morgennes se réveilla au milieu des morts, et regarda autour de lui. Il se demandait s’il était sur terre ou au paradis, bien que l’enfer parût mieux correspondre à ce qu’il avait sous les yeux : corps

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