Les conquérants de l'île verte
tradition celtique, y compris à celle recueillie par
Tite-Live dans son Histoire romaine , bien qu’il la
présente sous une forme rationalisée. Voir J. Markale, Le
Druidisme , nouv. éd., Paris, Payot, 1994 (chap. sur « Le gui
et le rituel végétal »).
[60] Le glam dicin est la
malédiction suprême utilisée par les druides. C’est une incantation magique
accessible à tous les membres de la classe sacerdotale, donc aux poètes et a
fortiori aux druides proprement dits, devins et magiciens de toute espèce,
ainsi qu’à des héros ou des héroïnes privilégiés. Il a quelque chose de commun
avec le non moins redoutable geis , parfois traduit
improprement par « tabou », et qui est une obligation magique – et
sociale – imposée à un individu. Celui qui, pour une raison ou pour une autre,
se dérobe à un geis est rejeté hors de la
communauté ; mais celui qu’atteint un glam dicin n’a d’autre issue que de subir passivement son sort. Il semble qu’après la
christianisation de l’Irlande – à en croire la tradition hagiographique du
moins –, un certain nombre de prêtres et de moines aient pratiqué une forme
atténuée du glam dicin à l’encontre de non-chrétiens ou
d’individus coupables d’un grand forfait, généralement d’ordre religieux.
[61] La massue de Dagda est célèbre dans la tradition
irlandaise. Un autre texte explique que, lorsque Dagda frappait un homme par
l’un des bouts de la massue, cet homme était tué ; mais s’il le frappait à
nouveau par l’autre bout, il le ressuscitait. C’est dire toute l’ambiguïté de
ce « Dieu Bon », puisque tel est son nom. Il semble que Dagda puisse
être identifié avec le « Dieu au Maillet » tant de fois représenté
dans la statuaire gallo-romaine et qui, sous l’épithète fréquente de Sucellos , c’est-à-dire « Tape-Dur », est
probablement un autre aspect du Taranis gaulois, qui personnifie
le tonnerre. L’image de Dagda à la massue se retrouve d’abondance dans le
mystérieux « Homme Sauvage », rustre à qui obéissent les animaux
sauvages, et que l’on retrouve dans nombre de contes populaires, ainsi que dans
les romans du cycle arthurien.
[62] Le manteau magique de Mananann est également très
célèbre dans la tradition irlandaise : c’est un objet magique qui procure
l’oubli de certains événements parmi les plus récents. Le personnage de
Mananann, peu répertorié dans les récits qui concernent l’établissement des
tribus de Dana en Irlande, prend toute son importance après le partage de l’île
entre les tribus de Dana et les Fils de Milé, c’est-à-dire les Gaëls : car
il deviendra le roi suprême du « peuple féerique », autrement dit les
gens des tribus de Dana, qui résident dans les sidhs, les grands tertres
mégalithiques.
[63] La grande fête celtique du début novembre. On
remarquera que les batailles épiques se déroulent toujours à l’occasion des
fêtes celtiques, notamment Beltaine , au début de mai
(arrivée des tribus de Dana), ou à Lugnasad , début
août. C’est dire que ces batailles grandioses sont avant tout symboliques et se
réfèrent à des rituels religieux très anciens, marqués par des renversements de
tendances ou des remplacements de souverains.
[64] D’après le récit de La seconde
bataille de Mag-Tured , première version, avec quelques détails empruntés
à la version postérieure. Celle-ci, différente de la première, est contenue
dans le manuscrit 24 P 9 de la Royal Irish Academy de Dublin et
a été publiée par Brian O’Cuiv à Dublin en 1945. La seule traduction qui en
existe actuellement est celle, en français, de Ch.-J. Guyonvarc’h, Textes mythologiques irlandais , Rennes, 1980.
[65] Morrigane, fille d’Étrange (Ernmas), est un
personnage des plus mystérieux. Elle est l’image archaïsante d’une déesse de la
guerre, de la sexualité et de la magie, ces trois domaines étant
indiscutablement liés dans la tradition celtique où les guerriers reçoivent
d’une femme leur initiation sexuelle, magique et guerrière (par exemple,
Perceval, avec les sorcières de Kaerloyw dans le Cycle du Graal). Mais
Morrigane revêt ici son aspect le plus terrifiant. Elle fait songer évidemment
à la Judith biblique, mais elle s’apparente surtout à la Kâli la Noire de la
tradition indienne, déesse de la vie et de la mort, que l’on représente souvent
comme la castratrice par excellence. De plus, une
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